Propositions du plan d’action contre l’antibiorésistance - La Semaine Vétérinaire n° 1453 du 03/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1453 du 03/06/2011

Antibiotiques vétérinaires. Réunion du comité de coordination

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les actions nationales envisagées vont du suivi de la prescription à l’encadrement des pratiques commerciales, en passant par la formation et l’information.

Comme prévu, le Comité national de coordination pour l’usage raisonné des antibiotiques en médecine vétérinaire s’est réuni le 18 mai dernier. Un projet de plan national d’action contre l’antibiorésistance a été finalisé.

Toutefois, les propositions finales seront seulement celles retenues par Bruno Le Maire pour satisfaire l’objectif d’une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques d’ici à cinq ans. Le ministre de l’Agriculture devrait officiellement rendre publiques ses conclusions vers la mi-juin. Selon nos sources, le projet du plan comprend six axes d’actions (voir encadré). Voici, de manière non exhaustive, quelques-unes des propositions qu’il contient.

1 CÔTÉ PRESCRIPTION

• Mettre en place des enquêtes régulières sur la prescription et l’administration des antibiotiques par type d’élevage et d’indication. Elles seraient effectuées sur des populations représentatives de vétérinaires.

• Développer des outils informatiques de suivi des prescriptions et/ou des administrations d’antibiotiques et étudier la faisabilité de leur remontée systématique centralisée, laquelle pourrait être imposée aux acteurs (vétérinaires et éleveurs) d’une ou de plusieurs filières.

• Limiter la possibilité de prescrire des antibiotiques critiques sans examen clinique préalable, notamment par l’établissement et la diffusion de procédures. Ainsi, pourrait être défini un nombre annuel minimal de visites ou un abaissement des seuils des critères d’alerte sanitaire qui déclenchent une nouvelle visite du vétérinaire.

• Retirer certains antibiotiques de la liste positive des substances susceptibles de figurer dans les programmes sanitaires d’élevage et pouvant être délivrées par les groupements.

• Agir au cours de la formation initiale des vétérinaires sur le sujet de l’antibiorésistance.

2 CÔTÉ MOLÉCULES ET ESPÈCES CIBLES (POUR LE MOMENT)

Pour les porcs :

– arrêt de l’utilisation à titre curatif des molécules critiques (céphalosporine de troisième et quatrième générations, fluoroquinolones) et de manière préventive lors de soins aux porcelets (caudectomie, etc.). L’emploi de telles molécules sera uniquement envisagé en deuxième intention, après la vérification de la sensibilité d’une souche à l’aide d’un antibiogramme ;

– limiter le recours aux macrolides au moment du sevrage, dans la mesure où il existe des alternatives alimentaires et thérapeutiques.

Pour les volailles :

– cesser progressivement l’utilisation des céphalosporines de troisième et quatrième générations in ovo et chez le poussin d’un jour dans les couvoirs ;

– mettre en place des indicateurs de suivi de l’usage dans les couvoirs et des gènes de résistance ß-lactamase à spectre étendu (BLSE) sur la flore indicatrice récoltée en élevage ;

– améliorer la disponibilité des autovaccins dans les filières mineures (canard, pintade, dinde) sous réserve d’une évaluation bénéfice/risque préalable ;

– étudier la possibilité de réintroduire, dans des conditions sécurisées, l’incorporation de protéines animales dans les rations ;

– autoriser le recours à la bacitracine-zinc.

Pour les bovins :

– favoriser l’approche vaccinale, notamment lors de l’alottement des veaux de boucherie et des bovins à l’engrais ;

– au tarissement de la vache laitière, remplacer l’usage d’antibiotiques, critiques ou non, par celui d’obturateurs.

Pour les animaux de compagnie :

– adapter le dispositif de pharmacovigilance à la problématique de l’antibiorésistance (remontée d’échecs thérapeutiques, mais aussi de succès d’usage) ;

– valoriser la compétence des laboratoires de biologie vétérinaire pour la réalisation des antibiogrammes destinés aux praticiens exerçant en “canine”.

3 CÔTÉ MÉDICAMENT (AVEC AMM)

• Mieux prendre en compte le risque d’antibiorésistance dans l’évaluation du dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM), en particulier pour les molécules anciennes et les génériques. Ces derniers contribueraient à une utilisation accrue des antibiotiques et ils disposent le plus souvent d’AMM européennes, centralisées ou décentralisées.

• Favoriser le maintien des AMM pour les molécules anciennes, dont certaines sont tombées en désuétude. Elles pourraient être examinées pour permettre leur utilisation, sous réserve de la sensibilité des souches pathogènes.

• Trouver des solutions pour les espèces mineures en mal de disponibilité d’antibiotiques.

• Réétudier l’utilisation du terme “volailles”, qui regroupait de manière générique différentes espèces. Cela a conduit à ne retenir que celles couvertes par des données fournies par le titulaire (le plus souvent les poules) dans son dossier d’AMM, en écartant toute autre espèce comme les canards, les pintades ou les dindes.

• Améliorer les informations contenues dans les résumés des caractéristiques du produit (RCP) et insérer un message d’éducation sanitaire dans les notices.

4 CÔTÉ PROMOTION ET VENTES

• Adapter les conditionnements et les prix : les grands conditionnements, par exemple, ne doivent pas donner lieu à des réductions de prix.

• Encadrer plus strictement la publicité destinée aux professionnels, notamment celle qui concerne les antibiotiques critiques. Par exemple, pas de mentions relatives à la facilité d’usage ou au coût minime, pas de slogan attractif de type « facilite la vie du vétérinaire et de l’éleveur », pas de mention aussi vague que « antibiotique à spectre large pour… », etc. L’insertion d’un message de type « l’usage abusif d’antibiotiques provoque l’apparition de résistances » pourrait être rendue obligatoire.

• Instaurer une taxe sur les antibiotiques afin de financer les autres mesures de ce plan (formations, aide aux éleveurs, etc.).

• Réviser l’encadrement des pratiques commerciales liées à la vente des antibiotiques. En particulier, supprimer les actions de promotion via l’interdiction des remises, rabais et ristournes, limitation des marges, etc.

5 CÔTÉ PHARMACIENS…

• Renforcer la formation des pharmaciens par des modules spécifiques à la dispensation des antibiotiques et à la lutte contre l’antibiorésistance. Cela leur permettrait d’examiner les ordonnances de médecine vétérinaire avec la même expertise que celles de médecine humaine.

6 CÔTÉ ÉLEVEURS ET PROPRIÉTAIRES D’ANIMAUX

• Sensibiliser les éleveurs et les techniciens aux effets de l’utilisation des antibiotiques. Leur bonne utilisation devrait également être abordée dès la formation initiale des professionnels de l’élevage.

• Construire et diffuser des outils de sensibilisation aux risques liés à l’antibiorésistance (guides de bonnes pratiques, plaquettes, journaux professionnels, etc.).

• Promouvoir le bon usage des antibiotiques auprès des propriétaires d’animaux de compagnie à travers des campagnes de communication, notamment via la presse spécialisée relative aux animaux de compagnie et sur des affiches présentées dans les domiciles professionnels d’exercice canins. L’objectif est de convaincre le propriétaire que, comme en médecine humaine, « les antibiotiques, c’est pas automatique ».

Les six axes

• Renforcer le dispositif de suivi de la consommation et de l’antibiorésistance et développer les indicateurs pertinents.

• Définir une politique du médicament adaptée aux antibiotiques et aux filières.

• Développer les alternatives à l’utilisation des antibiotiques, promouvoir la recherche et approfondir les connaissances dans le domaine de l’antibiorésistance.

• Mettre en place des actions de formation et d’information destinées aux professionnels.

• Communiquer sur le plan et sa mise en œuvre auprès du public.

• Prévoir un volet européen et international.

N. D.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr