Quelle est la place des vétérinaires dans les inspections en abattoir ? - La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27/05/2011

Entre nous

FORUM

L’assurance qualité augmente les tâches administratives

Sabine Didierlaurent, vétérinaire officiel du département de la Savoie.

Notre première mission est l’inspection sanitaire. Nous formons les techniciens, chargés de la surveillance sur la chaîne d’abattage. Nous contrôlons les pièces consignées et décidons des saisies. Cette tâche est plutôt rapide, mais nous supervisons aussi le déroulement global de l’abattage, de l’entrée des animaux à la sortie des carcasses. Ma présence sur le terrain est également nécessaire pour compléter les nombreux documents réglementaires qu’impose notre démarche d’assurance qualité. Celle-ci a fortement contribué à augmenter nos tâches administratives. Cependant, la mise sous assurance qualité a plutôt de bons côtés : elle nous a obligés à évoluer vers plus de technicité, vers des méthodes de travail harmonisées, formalisées et objectives.

L’efficacité de notre travail souffre du manque de vétérinaires, et surtout de techniciens. Nous sommes en “mode dégradé” permanent, c’est-à-dire avec les effectifs minimaux fixés lors de l’épisode de grippe H1N1. Tous les services de l’Etat avaient alors conçu un fonctionnement en sous-effectif, pour pallier les absences, que nous appliquons depuis.

Notre département compte en outre de petits abattoirs où les contrôles sanitaires sont confiés à des praticiens. Mais ces derniers sont souvent pris à partie dans leur mission, accusés d’être trop stricts par les éleveurs (qui sont aussi leurs clients) ou trop laxistes par les directeurs des services sanitaires. Remplacer le contrôle vétérinaire par un autocontrôle des abatteurs ne résoudrait pas ce problème potentiel de conflit d’intérêts, et supprimerait le rôle d’observatoire et de répression des contrôles officiels.

Les vétérinaires délaissent le cœur de leur métier

Hervé Niepceron, technicien des services vétérinaires à l’abattoir de Cany-Barville (Seine-Maritime)

La méthode d’inspection des services vétérinaires expérimentée en Bretagne(1), qui confie le tri des produits aux industriels, me semble n’être que la formalisation d’un mode de travail généralisé depuis longtemps. Sans vouloir faire de procès à quiconque, il est de notoriété publique, dans le milieu de l’inspection vétérinaire en abattoir, que les vétérinaires diplômés sont absents des chaînes d’abattage… En poste depuis 1980, j’ai constaté que la saisie des carcasses par les vétérinaires inspecteurs suit une mise en consigne effectuée par des agents qui ne sont pas vétérinaires. Sur la chaîne, ces derniers ont donc la responsabilité d’un vétérinaire, sans en avoir la formation, le titre ou la rémunération…

Il est vrai que la révision générale des politiques publiques réduit le nombre d’agents de terrain, mais aussi que celui des cadres augmente dans les services des Directions départementales de la protection des populations (DDPP). Leur tâche est exclusivement administrative. Cependant, est-il possible, comme on nous le ressasse à chaque réunion, de réaliser des contrôles sans connaître techniquement le terrain ? Le nombre total d’agents diminue ? Je n’en suis pas certain ! La réponse de l’administration à la question n° 57 676 du député André Chassaigne confirme que beaucoup de vétérinaires gonflent les effectifs, sans participer au fonctionnement des services de contrôle.

Comme le reconnaît un agent vétérinaire dans vos colonnes(1), qui souhaite « privilégier ses atouts managériaux », les inspecteurs vétérinaires ne veulent plus aller sur le terrain. Mais je doute qu’une formation en médecine vétérinaire soit adaptée à la gestion du personnel.

En tout cas, à délaisser le cœur de leur métier, les vétérinaires ne doivent pas s’étonner d’en être exclus…

La situation ne nous permet plus de remplir nos missions

Benoît Assémat, président du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV)

Les contrôles officiels dans les abattoirs incombent aux services de l’Etat. Ils sont sous la responsabilité des vétérinaires inspecteurs, qui encadrent et contrôlent le travail de surveillance des techniciens des services d’inspection. Mais la réduction importante des effectifs des agents des services vétérinaires, sans allégement de leur mission, rend la situation intenable. Une évolution est indispensable. La rénovation de l’inspection est d’ailleurs en cours, avec des réflexions menées à l’échelle européenne et nationale par la Direction générale de l’alimentation (DGAL), auxquelles nous participons.

Ces réflexions ne doivent pas être conduites avec des objectifs à court terme de réduction d’effectifs, à l’instar du projet récemment expérimenté dans des abattoirs bretons, stoppé aussi vite qu’il avait été proposé…

Les modalités de l’inspection sanitaire des viandes doivent évoluer en cohérence avec les nouveaux enjeux sanitaires, sur des bases scientifiques et techniques solides. Elles pourraient débuter en amont de l’abattage, avec une approche intégrant les données sanitaires dans les élevages où les praticiens ont toute leur place. Toutefois, la participation de ces derniers ne pourra se substituer aux contrôles officiels, notamment pour des raisons d’indépendance.

La solution au problème est d’abord politique, car sur le fond, elle doit respecter les dispositions communautaires. Celles-ci prévoient le financement des contrôles par les taxes et les redevances d’abattage appliquées aux opérateurs. En France, le niveau des redevances est inférieur au minimum fixé par la réglementation européenne. Sa mise en conformité et l’affectation de son produit pour le fonctionnement des services d’inspection seraient déjà une première étape.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1439 du 25/2/2011 en pages 18 et 24 à 27.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr