Le navigateur Internet centralise de nombreuses applications

1 LE WEB EST DEVENU UNE PLATE-FORME APPLICATIVE

Le temps de l’Internet uniquement destiné à la consultation de pages est révolu. Avec un meilleur support des standards, la mise en œuvre de technologies telles que l’Ajax et une fiabilité plus élevée (gestion de la mémoire et stabilité), les navigateurs se dédient de plus en plus à l’exécution de véritables applications en ligne : réseaux sociaux (Facebook, Twitter), bureautique (Office Web apps, Google apps) et webmail. La mise en œuvre d’interfaces évoluées a fait passer ces sites au stade supérieur : effets spéciaux, exploitation avancée de la souris, glisser-déposer, etc. Avec le WebGL, progressivement implémenté, c’est la 3D qui prépare son entrée en scène. Dans ce contexte, les performances, l’ergonomie, le respect des standards et la sécurité (en termes de stabilité et de protection) deviennent une priorité pour tout navigateur moderne.

Cinq navigateurs principaux se partagent le marché. Au niveau européen, Firefox a pris le pas sur Explorer depuis le début de l’année (environ 30 % de parts de marché pour chacun des deux). Suivent Google Chrome (15 à 20 %), Safari (5 %) et Opera (moins de 5 %)⁽¹⁾.

2 LE PREMIER SEMESTRE 2011 MARQUE UNE TENDANCE COMMUNE

C’est une orientation globale, l’interface est de plus en plus épurée pour laisser le maximum de place au contenu. Evolution inaugurée par Chrome et Opera, la traditionnelle barre de menu disparaît des versions les plus récentes d’Explorer et de Firefox au profit de quelques boutons (voire un seul) qui regroupent les fonctions jugées secondaires. Pour encourager un comportement naturel chez beaucoup d’utilisateurs, la barre d’adresse peut maintenant être utilisée directement pour taper des mots clés, et devient même le seul emplacement de saisie sur Explorer et Google Chrome. Tous proposent désormais une fonction de suggestions au fil de la frappe sur le clavier.

Par ailleurs, de nombreux efforts ont été consentis pour améliorer la gestion des favoris, de l’historique et pour rationaliser la navigation, soit par le biais des onglets (regroupements en superonglets sous Opera, App tabs de Firefox), soit par une vision panoramique des pages les plus consultées.

En outre, la plupart des navigateurs sont aujourd’hui modulables, avec des extensions et des thèmes, pour une meilleure adaptation aux habitudes de chacun. Si Firefox est le champion historique dans ce domaine, Safari, Google Chrome et Opera sont dernièrement entrés dans la danse.

3 CHAQUE NAVIGATEUR CONSERVE SES SPÉCIFICITÉS

Internet Explorer 9 se démarque véritablement des versions précédentes, grâce à une interface légère, la navigation et la recherche fusionnées (One Box), la gestion améliorée de la navigation. Celle-ci repose, par exemple, sur l’affichage par défaut d’un diaporama des favoris à chaque ouverture d’onglet (reprenant une fonction également implémentée dans Google Chrome ou Safari), ou encore sur l’ouverture de nouvelles fenêtres par un simple cliquer-glisser. La possibilité d’épingler les sites Internet à la barre des tâches de Windows 7, pour les lancer ensuite comme de simples applications, est une spécificité d’Explorer 9. Curieusement, il est le seul navigateur incompatible avec Windows XP.

Sortie en mars, la version 4 de Firefox offre notamment la possibilité d’épingler des onglets pour garder des sites favoris disponibles en permanence. Le module Firefox Sync, qui permet une adaptation au nomadisme et constitue une solution efficace de sauvegarde des paramètres (favoris, historique, mot de passe en mode crypté), est maintenant intégré nativement.

Quant au jeune navigateur Google Chrome (2008), il mise avec succès sur la simplicité d’utilisation, une interface réduite à sa plus simple expression, une grande rapidité et un cycle de développement court (déjà la onzième version !). Dans sa dernière version sortie le 29 avril, il propose notamment un outil de traduction intégré, ainsi qu’un module de reconnaissance vocale. Véritable centre applicatif, le Chrome Web store regroupe quant à lui quantité d’applications et d’extensions directement intégrées au navigateur.

Au trio de tête s’ajoute Safari, plus confidentiel. Avec son apparence spécifique du monde d’Apple, le navigateur qui s’impose sur Mac OS et iPhone peine à se faire une place dans le monde du PC. Parmi les dernières fonctionnalités originales, Safari propose un lecteur d’articles, et l’affichage de l’historique en coverflow (panoramique).

Quant à Opera, il a été un pionnier pour beaucoup de fonctionnalités reprises depuis par d’autres navigateurs (dont les onglets). Ses atouts ne manquent pas : clients mail et FTP intégrés, gestion avancée des onglets, etc. Minoritaires sur les ordinateurs de bureau, Safari et Opera se rattrapent avec la navigation nomade. Opera est même présenté comme le premier navigateur au monde sur les systèmes d’exploitation mobiles⁽¹⁾.

4 CHANGER DE NAVIGATEUR, OU MIEUX EXPLOITER CELUI DÉJÀ INSTALLÉ ?

Pour beaucoup, le navigateur Internet est l’application la plus utilisée. C’est certainement la plus personnelle, tant par les informations qui y sont stockées (historique, cookies) que par ses capacités d’extension. Une évaluation régulière des nouveautés proposées par les différentes versions se justifie donc pleinement. Cela permet de mieux utiliser son propre navigateur (nombreux sont ceux qui passent à côté de fonctions pratiques pendant des années…), voire d’en changer si l’un d’eux apparaît mieux adapté à ses besoins.

Les navigateurs sont gratuits, faciles à installer et cohabitent parfaitement. La vitesse de chargement du navigateur et la puissance du moteur de rendu (affichage des pages) sont souvent les premiers critères de comparaison. Mais le podium change de configuration d’un test comparatif à l’autre, selon de nombreux facteurs (puissance de la machine, quantité d’extensions ou de thèmes installés, nombre d’onglets ouverts, augmentation différente de la charge mémoire suivant le contenu, etc.).

La modularité, qui permet l’adaptation réelle aux besoins de l’utilisateur grâce à des extensions, des thèmes et des applications, est plus facilement appréciable et valorise réellement le navigateur.

Pour un fonctionnement en nomade ou simplement dans une optique de sauvegarde, un module de synchronisation sera aussi apprécié. Firefox Sync, Chrome Sync et Opera Link permettent de travailler avec la même configuration, quelle que soit la machine. Cette synchronisation s’étend aux mobiles et, dans le cas de Chrome, aux applications installées.

Le respect des standards par le moteur de rendu est un gage de compatibilité avec le maximum de sites Internet. Dans ce domaine, les différences finissent par s’estomper, tous les navigateurs ayant réalisé un réel progrès dans leurs dernières versions (test Acid3 passé à plus de 95 %, même par Explorer, qui est pourtant le mauvais élève historique !). Les quelques cas d’incompatibilité sont souvent imputables à un verrouillage opéré par le site lui-même en fonction d’un système ou d’un navigateur donné, même si ce dernier dispose de la technologie appropriée.

Avec la multiplication des applications en ligne et la décentralisation des données (Cloud computing), la sécurité et la confidentialité sont au centre des préoccupations. Protection du gestionnaire de mots de passe et chiffrement des données, filtre anti-phishing, mode de navigation privé pour la confidentialité, ou encore sandbox font partie de la panoplie des navigateurs de dernière génération. En matière de sécurité, la question n’est pas nécessairement de choisir le bon navigateur : leurs mécanismes portent des noms différents, mais se rejoignent au final. Il convient plutôt de veiller à sa mise à jour régulière et à adopter un comportement prudent.

• (1) Source : Statcounter