La médecine de troupeau et les résistances au cœur de l’évolution de la profession vétérinaire

A l’occasion de la quatrième journée de cas cliniques en pratique rurale⁽¹⁾, Daniele Castellani, praticien à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), a évoqué les suivis de reproduction et d’alimentation qu’il effectue depuis 2008 dans des élevages laitiers. Il a rappelé que « l’instauration d’un partenariat entre le vétérinaire et l’éleveur rend possible le passage de l’acte au conseil vétérinaire » et offre au praticien l’opportunité de se démarquer des autres intervenants. Certains problèmes (d’aplomb ou de boiteries, par exemple), dont l’éleveur n’est pas toujours conscient, sont mis en évidence lors de contrôles réguliers. Ainsi, un suivi de reproduction a permis de suspecter un déséquilibre alimentaire au sein d’un troupeau. D’après notre confrère, « le vétérinaire peut jouer le rôle de conseiller en alimentation, en ayant une approche dynamique de la ration ». Cela signifie que le praticien est en mesure de prévoir ce qui est réellement ingéré et utilisé par l’animal de la ration théorique équilibrée calculée par les logiciels. Des conseils quantitatif et qualitatif relatifs aux aliments absorbés et sur l’accès à l’abreuvement sont en outre indispensables.

Des conseils en matière d’alimentation favorisent la production de lait

Appelé pour une baisse de production dans un troupeau laitier depuis la livraison d’un nouvel aliment, Yves Debeauvais, praticien à Seyssel (Haute-Savoie), diagnostique une acidose sub-aiguë antérieure aggravée par le changement de nourriture. La ration était équilibrée, mais les bovins présentaient notamment un faible score de remplissage du rumen, des signes d’inconfort digestif (léchage des flancs, etc.), ainsi que des dermatites digitées. Après le parage des vaches, des conseils destinés à améliorer l’ingestion (en particulier une distribution suffisante deux fois par jour et une réduction du brassage de l’aliment afin de réduire le taux de particules très fines) ont favorisé une reprise de 1,5 kg de lait par vache en une semaine.

Le cas d’une chèvre de compagnie intoxiquée par des anticoagulants, présenté par Gilles Le Sobre, vétérinaire à L’Arbresle (Rhône), a permis de rappeler que l’anémie et les hémorragies peuvent surgir longtemps après l’ingestion de la substance délétère, car le pic plasmatique de cette dernière est atteint en plus de trente heures chez cette espèce (versus une à deuxheures chez le chien). La transfusion hétérologue (sang de veau) et le traitement oral à base de vitamine K1 (cascade) se sont révélés efficaces dans cette situation.

Jacques Devos, praticien à Panissières (Loire), a présenté des cas de mortalités liées à une infestation par des strongles dans un troupeau de chèvres traitées aux endectocides. Une résistance aux avermectines et au lévamisole sera confirmée après l’envoi de prélèvements de fèces à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). La technique de la cascade est alors appliquée pour traiter les animaux.

William Vanpeperstraete, vétérinaire à Veauche (Loire), a décrit l’exérèse de verrues abdominales chez un bovin. Les papillomes se transmettent par contacts direct et indirect, et il est possible de les voir évoluer comme une enzootie.

Pierre-David Gras, praticien à Chabeuil (Drôme), a présenté le cas de troubles respiratoires chez des poulets fermiers. Ces affections étaient dues à la fois à un mycoplasme et aux virus de la bronchite infectieuse et de la laryngotrachéite infectieuse, en dépit de la vaccination.

Enfin, Jean-Yves Madec (Anses) a abordé les rapports entre les nouvelles formes d’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire et les antibiorésistances. Les pratiques en antibiothérapie faisant l’objet d’attentions médiatiques, notre confrère a souligné l’importance d’un moindre recours aux antibiotiques, et non plus seulement d’un meilleur usage, afin d’éviter de sélectionner les résistances.

• (1) Organisée le 19 mai dernier, sur le campus de VetAgro Sup à Marcy-l’Etoile, dans le cadre de la célébration Vet2011.