Pascal Burq réagit à l’actualité du monde en peinture - La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011

Vétérinaire et artiste

Éclairage

PORTRAIT

« Je peins ce qui m’intéresse, ce qui m’émeut ou ce qui m’amuse », explique ce peintre du « tumulte et de la fluidité », par ailleurs praticien dans les Pyrénées-Orientales.

Je sais, je suis un peu délirant. Mais c’est la vie. » Pascal Burq (T 86) tente une explication devant L’Enfer au paradis, une aquarelle sur papier Arche de 9 m de haut et 1 m de large, dans laquelle il évoque le drame vécu par Haïti l’an dernier. Des feuilles, des fleurs, des bambous, des enchevêtrements de lianes, des branches où trottent des éléphants, des cordages de bateaux, un dauphin, le visage du Christ, des pièces de puzzle à forme humaine, etc. Ce tourbillon hélicoïdal courait sur un mur de trois étages, à la médiathèque de Céret (Pyrénées-Orientales). Il ne fallait pas moins d’espace à l’artiste pour traduire ce que lui a inspiré l’actualité, selon lui « la plus horrible de l’année 2010 ».

Le vétérinaire réagit aux faits du monde, en les peignant. En 2009, il a chroniqué mois après mois, sur une toile tout aussi longue, l’actualité du globe : l’élection de Barak Obama, les cinquante ans d’occupation chinoise au Tibet, le massacre des moines birmans, une réunion du G20, Berlusconi, les cent cinquante-deux ans du décret d’abolition de l’esclavage initié par Victor Schoelcher, l’élection d’Ahmadinejad en Iran, le scandale Madoff, les élections afghanes, le record de vitesse d’Hussein Bolt sur 100 m, etc. Le tout passé par le prisme Pascal Burq.

Un passionné de Caravage et de BD

L’animation Eléphants qui circule sur YouTube est née de sa troisième toile de 10 m, sur laquelle il est possible de dénombrer près de quatre cents pachydermes, perdus dans une forêt de bambous, fondus dans une feuille, enroulés dans une ammonite, etc. C’est coloré et frais. « Je suis comme un gamin avec cet animal, symbole de la Thaïlande », confie l’artiste, qui n’a pas manqué de visiter un village d’éléphants dans ce pays où vit son frère, avec lequel il a écrit le livre Accolages hasardeux. Le vétérinaire, admirateur de Caravage, « le plus grand de toute l’histoire de l’art », et du Cri de Munch, apprécie particulièrement la bande dessinée. Cela transparaît dans son travail. Fan de Moebius, du graphisme de Titouan Lamazou et des idées de Reiser ou de Wolinski, il aime aussi se rappeler qu’enfant, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), il fut le copain du fils de Hugo Pratt.

Son tic : des puzzles intégrés dans les toiles

Lorsqu’il ne s’étale pas sur ses longues toiles, Pascal Burq peint des petits formats. Il vient d’exposer dans les Pyrénées-Orientales, sa région d’adoption depuis vingt ans, une série en noir et blanc qui exprime la violence du monde. La lapidation y est déclinée, toile après toile, en cheval crucifié, colombe, éléphant ou Pietà, tous lapidés. « L’affaire Sakineh m’a rappelé l’horreur que peut produire la bêtise humaine. »

Le peintre peut aussi être plus léger, plus gai. Il a un tic : les puzzles qu’il intègre dans la plupart de ses toiles, ou qui donnent sa forme au tableau (le port de Collioure, une rue de Céret, la Cène de Léonard de Vinci, une crucifixion, des esclaves enchaînés). « Cela peut passer pour du maniérisme, mais ça me permet de tricher pour me renouveler, de faire perdre sa forme au puzzle, de l’adapter à mes projections. » Par exemple en transformant des pièces de puzzle en voiture dans les toiles qui évoquent l’animation des rues new-yorkaises.

La peinture vécue comme une respiration

« J’ai réussi le cursus véto grâce à mes schémas, qui ont rattrapé mes écrits. » Pascal Burq a longtemps hésité entre l’architecture et le métier de vétérinaire. « Le travail de clientèle est usant. On euthanasie beaucoup, c’est pesant, et faire un vaccin est ennuyeux intellectuellement. Je préfère la chirurgie où nous traitons des cas intéressants, surtout en période de chasse », raconte ce professionnel qui exerce dans sa clinique, au Boulou, et en cabinet à Saint-André. 90 % de canine, 10 % de rurale. « C’est de plus en plus compliqué de passer une heure et quart sur les routes pour aller voir une vache. » Mais il ne regrette pas son métier. « Il demande beaucoup d’énergie, mais nous sommes nantis. Il m’a permis de peindre et je n’ai jamais songé à le quitter parce qu’il me stabilise. » La peinture est sa respiration, deux après-midi par semaine et le week-end. S’il ne peint pas, Pascal Burq court dans la campagne du Vallespir. Il n’oublie pas ses années d’exercice à Marie-Galante et a souvent besoin de prendre le large. « Chaque demi-heure de course produit une idée, une pensée positive », constate-t-il. Le seul lien entre sa peinture et son métier, ce ne sont pas les animaux, mais les taches dont il ponctue ses toiles à l’aide d’une seringue.

Une écriture qui se cherche encore

L’artiste, qui a arrêté de peindre pendant dix ans, a repris les pinceaux en 2007. Il ne sait plus pourquoi. Des aquarelles bucoliques assez classiques : la lumière sur les fleurs, la campagne, les paysages, la fenaison, etc. Des images captées sur les routes du Vallespir, « une région qui interpelle par ses lumières extraordinaires ». Burq, qui dit chercher son écriture, est près d’aboutir. Il réfléchit à une bande dessinée inspirée d’une œuvre de Malaparte, et rêve aussi de « tomber sur un type sympa qui aurait une galerie à New York ou à Bangkok ». Sa fresque Eléphants pourrait être présentée en Thaïlande cette année, à l’ambassade de France. « Je ne comprends pas que Picasso, qui dit avoir mis toute sa vie pour apprendre à peindre comme un enfant, fasse l’unanimité », s’amuse ce presque quinquagénaire, qui ne cesse de cogiter et travaille beaucoup dans son atelier. Il ne craint pas de se confronter à plus grand que lui. Et ne s’est jamais défait de son âme d’enfant.

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