Où en est la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine cette année ? - La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1451 du 20/05/2011

Entre nous

FORUM

Les éleveurs l’acceptent plutôt bien

Christian Engel, praticien à Broons (Côtes-d’Armor).

Cette année, nous avons vacciné environ la moitié des bovins de notre clientèle (neuf mille têtes, versus dix-huit mille l’an passé dans le cadre de la campagne obligatoire). Nous avons commencé le 19 janvier, et achevé la plus grande partie au début du mois de mars. Tous les éleveurs ont été sollicités via notre lettre d’information mensuelle, puis au moyen d’un courrier spécifique. Beaucoup se sont inscrits spontanément. Pour les autres, nous avons procédé à des relances téléphoniques. Le discours du Groupement de défense sanitaire, favorable à cette vaccination, a insisté dans le même sens.

Finalement, les quelque cent cheptels vaccinés sont ceux que nous suivons le plus régulièrement. Notre argumentation était sanitaire et économique. En effet, la prévention vaccinale coûte moins cher que la maladie. En outre, la vente de génisses à l’export a certainement contribué à la forte mobilisation de nombreux éleveurs. Cependant, seuls 2 ou 3 % d’entre eux ont ciblé la vaccination chez ces animaux. La majorité a opté pour une protection globale du troupeau.

Deux éleveurs seulement ont souhaité vacciner leurs animaux eux-mêmes. Les autres ont préféré confier cet acte au vétérinaire, pour des raisons de certification, mais aussi pour des motifs pratiques (ni vaccin ni matériel à commander ou à stocker, pas de fin de flacon perdu). Nous avons établi un tarif au temps passé (6 AMO(1) de l’heure, plus le vaccin, un déplacement et 10 € de frais de secrétariat). Cette campagne, fondée sur le volontariat, s’est relativement bien intégrée au reste de notre activité, sans nécessiter d’effectif supplémentaire.

  • (1) Acte médical ordinal.

Nous avons à peine vacciné 10 % de bovins

Laurent Le Calvez, praticien à Vannes (Morbihan).

Notre clientèle compte à peine 10 % d’animaux vaccinés, ce qui représente une proportion un peu supérieure de cheptels, car certains exploitants ont limité la vaccination aux génisses à l’export ou aux broutards. Les éleveurs qui fonctionnent en autonomie, avec un fort autorenouvellement, ont été peu sensibles à l’argument médical de la vaccination. Il faut dire que notre département, situé à la limite du front de la maladie, compte peu de cas d’infection. En revanche, beaucoup d’effets indésirables sont associés au vaccin (avortements, baisse de fertilité), même s’ils ne correspondent pas à une réalité de terrain. Les quelques accidents survenus lors de la campagne obligatoire (réactions anaphylactiques, chutes et problèmes liés à la contention des bovins) ont été mal indemnisés, ce qui a contribué à démotiver les éleveurs.

Dans notre secteur, nous comptons également des comités antivaccination, qui s’opposent, entre autres, à celle contre la FCO. En règle générale, les éleveurs vaccinent peu. Traiter contre la FCO représente donc un véritable surplus de travail, en temps et en contention. Avec nos 10 % d’animaux protégés, nous sommes plutôt bien lotis par rapport à certains confrères alentour !

Nos arguments en faveur de la vaccination étaient médicaux et commerciaux. Malheureusement, les informations sur les conditions à respecter à l’export étaient diverses et contradictoires. Beaucoup d’éleveurs pensaient être en mesure d’exporter sans vacciner. Parmi ceux qui ont choisi de vacciner, nous avons été surpris de n’en compter aucun qui ait décidé de le faire lui-même. Les difficultés de contention et de stockage des produits, ainsi que la non-validation officielle d’une telle autovaccination, les ont sans doute arrêtés.

Le succès a besoin d’hommes cohérents et de terrain

Jacques Manière, praticien à Decize (Nièvre).

Je pensais que nous ne réaliserions aucune vaccination de cheptel et que les éleveurs le feraient eux-mêmes. La réalité est tout autre, avec une proportion notable de troupeaux entièrement traités par nos soins (25 %) et des vaccinations effectuées par les éleveurs plus faibles (18 %). La surprise est d’autant plus grande lorsque l’on se souvient de la forte pression subie par la profession, notamment lors de la fameuse réunion vétérinaire à Autun en 2008 : les éleveurs qui réclamaient la vaccination par leurs soins s’y étaient invités, et des CRS avaient dû nous protéger…

Globalement, le taux de vaccination volontaire est inférieur aux objectifs (43 % dans notre clientèle), malgré l’implication des organisations professionnelles en faveur de la vaccination. A leur décharge, les éleveurs allaitants subissent des conditions économiques particulièrement mauvaises. En outre, les contraintes liées à la livraison des vaccins et à la mise au pré ont obligé, les années précédentes, à vacciner des femelles en période de fécondation, ce qui a parfois entraîné des retards de vêlages. Par ailleurs, une pagaille généralisée a caractérisé ces trois années de vaccination contre la FCO, pour laquelle nous n’étions pas informés la veille pour le lendemain, mais plutôt le lendemain pour la veille ! Malgré ce contexte difficile, les vétérinaires praticiens ont relevé le défi. Nous reprocher cette année de ne pas nous investir suffisamment est ressenti comme une provocation.

Que ce soit en guerre ou en médecine, pour lutter contre la maladie ou l’antibiorésistance, rien ne peut se faire sans les fantassins de terrain et sans cohérence. Vouloir limiter l’usage des antibiotiques sans s’attaquer à l’affairisme aboutira au même résultat que fonder la prévention de la FCO sur le volontariat : un échec.

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