La profession vétérinaire intéresse décidément les instances gouvernementales

C’est au tour du Sénat de s’intéresser à la profession vétérinaire, au cours d’une mis­sion menée par le sénateur et vétérinaire René Beaumont depuis mai 2010. Le rapport présenté au Sénat dresse le bilan de tous ceux qui l’ont précédé (rapports Risse de 2001, Gerbaldi de 2004, Guené de 2008 ou Vallat de 2009) et ajoute une couche de propositions, toujours destinées à sauvegarder le “maillage” vétérinaire dans les campagnes. Trois axes de réflexion sont développés : la formation, la recherche et l’exercice rural (^{voir tableau}).

Plusieurs constats sont faits en amont des propositions ou orientations proposées

– Ce n’est pas parce qu’un étudiant vient de la campagne ou d’une filière agricole qu’il s’oriente vers l’exercice en milieu rural.

– Le revenu des praticiens ruraux ne peut être maintenu à l’aide des financements publics, qui tendent à se réduire, ou grâce à la vente du médicament, qui ne peut être garantie à long terme.

– La modernisation de l’exercice vétérinaire en milieu rural (réseaux, restructurations) suit celle de l’élevage, mais demeure inégale selon les régions et les productions.

– Les rapprochements opérés dans un but de rationalisation du système d’enseignement agricole, vers des écoles ou des instituts agronomiques, font courir le risque de voir l’enseignement vétérinaire émietté et dérouté vers l’enseignement agricole et agronomique.

– Les métiers vétérinaires jouent un rôle majeur dans la politique de santé publique.

– La santé animale et la santé publique doivent être préservées et rester indépendantes des intérêts économiques des grandes exploitations, des filières agro-alimentaires et de l’industrie pharmaceutique.

– La recherche vétérinaire est dispersée et dominée par les thématiques prioritaires de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), au détriment des sujets moins agronomiques ou de collaborations avec d’autres instituts de recherche (Commissariat à l’énergie atomique, Institut national de la santé et de la recherche médicale, etc.).

Une mobilisation des étudiants est envisagée

L’analyse effectuée par le sénateur Beaumont des statistiques de la profession vétérinaire mon­tre que l’orientation des étudiants vers la pra­tique rurale se fait s’ils y sont sensibilisés au cours de leurs études. De plus, l’attrait pour le milieu rural s’émousse après quelques années d’exercice, avec le risque d’altérer le maillage vétérinaire. Il suggère donc, pour sensibiliser les élèves autant que pour fournir la main-d’œuvre nécessaire pour pallier le manque de praticiens, que les étudiants de troi­sième et quatrième années puissent être mobilisés en cas de crises sanitaires. Mais ces élèves seront-ils aptes à exercer sans danger dans un tel contexte, après deux ou trois années d’école, avec toutes les tensions que cela suppose ? Cet aspect n’est pas abordé.

En outre, des modifications relatives au mandat sanitaire sont proposées, mais elles se trouveront confrontées à la restructuration prévue lors des Etats généraux du sanitaire.