Se changer soi-même pour devenir l’artisan de sa vie

Nous vivons avec les autres. Le piège consiste à ne plus vivre avec soi-même ni pour soi-même. Il ne s’agit pas d’engager une démarche égoïste, bien au contraire. S’écouter (au sens de s’observer) est le premier pas pour réussir à être disponible pour autrui. Se transformer soi-même peut aider les autres à vivre de façon moins mécanique et plus heureuse.

La psychologie et la tradition expliquent que nous sommes vraiment ce que nous pensons. Notre vision du monde définit ce que nous sommes. A cet égard, le behaviorisme fournit quelques principes simples susceptibles de nous guider. Comme il est impossible de modifier sa biologie, il est inutile de lutter contre elle : ce combat perdu d’avance n’aura que l’épuisement pour résultat. En revanche, nous pouvons changer nos comportements et leurs répercussions. Il suffit pour cela de trouver des récompenses.

Nous vivons dans une société, dans un groupe, dans une famille, c’est-à-dire au sein d’une certaine cohésion sociale. Comment y trouvons-nous notre compte ? La société privilégie l’ensemble par rapport à l’individu en prenant la sécurité pour fondement essentiel. Cela fonctionne parce que le groupe possède des valeurs ou une mécanique “d’équilibration”. Il peut s’agir, par exemple, de l’attachement dans une famille. Chacun a droit à cette affection réciproque qui fonde la cohésion du groupe. Reste à savoir en quoi cette valeur profite au système, avec une interrogation sous-jacente : que se passe-t-il si nous changeons cette valeur, pour le groupe et pour soi ? Des circonstances telles que les accidents de la vie peuvent nous confronter à un tel bouleversement. Si nous ne nous sommes pas posé la question auparavant, elle surgira le plus souvent dans la douleur. Nous devons comprendre que nous sommes responsables de ce que nous vivons et coresponsables du groupe.

Trouver sa place dans la vie, un espace intime de liberté

Le groupe, la société, la famille définissent, au nom du principe de sécurité, les notions d’acceptable et d’inacceptable (rejets/sanctions). Tous les ensembles favorisent le collectif au détriment du développement individuel. La théorie des jeux nous apprend que le groupe est toujours gagnant et l’individu vaincu, car il est condamné à perdre. Ceux qui ne parviennent pas à trouver un espace intime de liberté et qui vivent uniquement une existence reliée au groupe finissent par être dépressifs. Le burn out est une illustration de l’extrême d’un tel comportement. La première démarche pour vivre librement, c’est-à-dire aussi pour soi au sein d’un groupe, consiste à s’observer soi-même. Si un comportement, une émotion, une attitude ne sont pas supportés, nous devons nous poser cette question : qu’est-ce que cela nous apprend sur nous-mêmes ? Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? C’est une étape importante, sachant qu’il est possible de transformer son comportement et qu’il est illusoire de croire que l’on peut changer autrui. Dans un premier temps, nous devons accepter ce que nous sommes et ce qui nous arrive, sauf si notre comportement relève d’une impasse (absence de vie sociale, par exemple). Nous agirons sur nos comportements, nos croyances et nos conditionnements.

Bien utiliser son cerveau et comprendre que chaque instant est unique

Le cerveau est gourmand de brouhaha, de pensées parasites épuisantes pour lui et pour notre être global. Un bon exercice consiste à consacrer dix minutes par jour pour “tout arrêter”, sans faire appel à la volonté, mais en étant dans une seule tâche, une seule sensation. Il est par exemple possible d’écouter un filet d’eau s’écouler ou le tic-tac d’une horloge, de sa montre. Puis, dans cet instant, prendre conscience de ce qui se passe en nous, vivre notre respiration, sentir chaque partie de notre corps. C’est comme un arrêt sur image. Quand nous procédons ainsi, nous comprenons que chaque instant est unique et que nous le sommes également. Nous cessons d’être un standard. Notre cerveau s’habitue à ne plus bouillonner en permanence et à nous rendre malheureux du fait de cette agitation permanente. Nous apprenons – et c’est important – à transformer l’émotion en sentiment et à ne plus être ballottés selon les circonstances.

D’autres pistes existent pour les plus actifs. Vous souhaitez vous adonner au vélo d’appartement ou apprendre une langue étrangère ? Inutile de faire d’emblée deux heures de vélo ou d’étudier longuement votre cours. Prenez une décision qui respecte le principe du plaisir : cinq minutes quotidiennes puis, une ou deux minutes supplémentaires chaque semaine. Vous serez surpris par vos progrès et le plaisir généré. A raison de quatre mots nouveaux par jour, vous serez capable, au bout d’une année, de disposer d’un vocabulaire suffisant ou d’une maîtrise du rythme cardiaque pour être vous-même.