Que pensez-vous de la problématique actuelle des vétérinaires comportementalistes ?(1) - La Semaine Vétérinaire n° 1448 du 29/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1448 du 29/04/2011

Entre nous

FORUM

La crise ne date pas d’hier

Jean Simon, ancien praticien à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes).

Je remercie avant tout Patrick Pageat qui nous a fait mieux connaître le comportement animal et notre profession rurale et canine, ainsi que son environnement.

La crise des vétérinaires comportementalistes ne date pas d’hier. Elle découle de celle des médecins psychiatres, des psychologues, des analystes et de divers philosophes (qui cherchent à comprendre le comportement humain en l’utilisant à des fins utilitaires, politiques), mais aussi de l’éducation (qui donne plus d’importance aux sentiments et aux émotions qu’à la raison). Elle est aussi, sans doute, due à une approche différente des conceptions anglo-saxonnes.

Autrefois, Benjamin McLane Spock a libéré l’enfant de l’autorité parentale très tôt, avec les conséquences que l’on connaît, alors que, sur le plan vétérinaire, l’autorité se subit maternellement et sociologiquement dès le plus jeune âge.

La crise des vétérinaires comportementalistes a commencé quand le livre Psychiatrie animale, sous la direction d’Abel Brion et Henri Ey, a été publié en 1964. Deux fortes personnalités ont dû s’affronter pour réaliser un livre dans lequel trente-six collaborateurs-auteurs ont donné leurs avis, loin de l’esprit de synthèse et de concision du professeur Brion, tout en subissant sans doute l’approche psychiatrique de Henri Ey, psychiatre et psychanalyste de renom international. A l’époque, il était évident qu’aucune éthologie comparée ne pouvait exister… si elle peut exister un jour.

L’approche n’est pas exclusive

Vincent Coupry, praticien à Cholet (Maine-et-Loire).

Je suis moi-même diplômé en comportement et j’ai travaillé dur pendant plus de quatre ans afin d’obtenir ce diplôme. Depuis quelques années, je lis de plus en plus souvent qu’il y a, d’un côté, les “éthologues” qui s’intéressent à l’animal avec respect et seulement à lui et, d’un autre côté, les “zoopsychiatres” qui ne pensent qu’à faire disparaître les désagréments des propriétaires en médicalisant à outrance les animaux.

Pourtant, aux cours des congrès et autres rencontres dans le milieu des vétérinaires comportementalistes français, il est facile de comprendre que l’animal et sa souffrance sont au centre de nos préoccupations. Mais, lorsque le couple humain-animal dysfonctionne, cela n’entraîne-t-il pas une souffrance de l’animal en même temps que celle de l’homme ? Les formations de base et continue s’intéressent à la clinique, à l’éthologie, à l’environnement, etc. L’approche n’est pas exclusive.

Quant à dire que nous n’avons pas une approche vétérinaire, que nous ne définissons pas les troubles, je trouve qu’il s’agit d’une désinformation majeure. J’invite les personnes qui pensent cela à venir nous rejoindre afin de discuter de notre vision du comportement. Nous avons justement une approche clinique, vétérinaire, mais pas seulement. Notre chance est de pouvoir utiliser toutes les flèches que nous avons à notre arc. C’est là notre différence et notre force.

Je suis partisan d’une rencontre entre les intervenants

Franck Péron, Laboratoire de psychologie de la perception (université Paris-Descartes), vice-président de la Seevad.

Je ne rejette en aucun cas l’approche clinique. Il s’agit de ma première formation et je pense que le vétérinaire est le mieux placé pour intervenir, à condition de faire appel aux moyens les plus adaptés pour l’animal. L’éthologie ne doit en aucun cas remplacer une autre matière (qui reste à définir clairement) ayant déjà pour objectif de prendre en charge les troubles du comportement et les signes de mal-être.

Je ne prétends pas qu’il faille rejeter en bloc une approche. D’ailleurs, je n’ai pas applaudi au départ, mais à l’arrivée d’une autre approche. Je n’ai pas de modèle préconçu, juste des considérations pour tout ce qui est scientifique.

Je ne réalise pas de consultations de comportement, mais je remarque qu’une approche clinique (donc diagnostique) sans support scientifique (sous-entendu d’éléments publiés et reconnus par la plupart comme efficaces) ne peut être que difficilement évaluable. Maintenant, la zoopsychiatrie n’a rien à voir avec une approche vétérinaire… Il faudrait définir les troubles, quand il y en a (et non pas les seuls désagréments de la part du propriétaire) par rapport à l’animal et ne pas projeter des affections humaines sur une espèce différente.

Je suis le premier partisan d’une rencontre des intervenants afin qu’ils redéfinissent ensemble la formation nécessaire aux futurs praticiens qui souhaiteront s’occuper de comportement animal. Les systèmes mis en place chez nos confrères étrangers peuvent être une source d’inspiration. Le récent communiqué de l’association des médecins vétérinaires du Québec illustre notamment la prise de conscience relative à la définition de la relation homme-chien.

J’espère que des praticiens continueront de se former dans ce domaine et ne laisseront pas la prise en charge des troubles du comportement de l’animal aux seuls comportementalistes qui, eux, manquent de cette approche vétérinaire.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/3/2011, pp. 12-13, et p. 9 de ce numéro.

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