L’alimentation du chaton répond à des règles précises - La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1446 du 15/04/2011

Nutrition

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’apport de viande ou de poisson dans la ration nécessite une complémentation minérale.

Les besoins nutritionnels du chaton sont spécifiques. L’aliment qu’il reçoit doit contenir beaucoup de lipides et de protéines, ainsi que des acides aminés particuliers (arginine, tryptophane et taurine, par exemple), des minéraux et des vitamines liposolubles A et D sous leur forme animale (et non végétale). La nourriture idéale du jeune chaton est le lait de chatte ou, à défaut, du lait maternisé pour chaton, et non du lait de vache ou de chèvre.

En cas d’allaitement au biberon, la distribution peut suivre le plan suivant : prévoir 20 à 30 ml de lait reconstitué pour 100 g de poids corporel par jour, distribué ainsi sur vingt-quatre heures : 7 biberons la première semaine ; 6 biberons la deuxième semaine ; 5 biberons la troisième et la quatrième semaines ; 4 biberons la cinquième semaine ; 3 biberons la sixième semaine avec de la nourriture solide (débuter avec des aliments humides pour chaton). Dans cette situation, le sevrage est entamé à la sixième semaine et si la consommation de nourriture solide est suffisante.

Un sevrage précoce n’entraîne pas de troubles de la croissance. Il peut être mené ainsi : 7 biberons par vingt-quatre heures les 7 premiers jours ; 6 biberons du 8e au 14e jour ; 5 biberons du 15e au 21e jour ; 3 biberons du 22e au 28e jour ; 3 biberons du 29e au 31e jour, avec une adjonction de nourriture solide. Le sevrage s’effectue donc à quatre semaines et demi. L’aliment solide doit être humide, pour chaton, et éventuellement mélangé, au début, à du lait maternisé.

Des substituts “maison” peuvent être proposés

En substitution du lait maternisé, diverses préparations ménagères d’urgence sont susceptibles d’être proposées : lait de vache écrémé (600 g), 3 jaunes d’œuf (20 g), faisselle (190 g), bœuf à 5 % de matière grasse haché (90 g), huile de soja ou de colza (30 g), complément minéral vitaminé (calcium/phosphore = 3, à 15 % de Ca, 10 g). Dans une plus grande urgence, il est possible de mélanger un jaune d’œuf et 200 ml de lait concentré non sucré (Gloria®). Un cat milk shake peut être préparé à partir de 200 ml de lait entier de vache, d’un œuf mollet entier sans coquille (50 g) et de 4 g de complément minéral vitaminé (calcium/phosphore = 3,à 15 % de Ca). Ce mélange doit être mixé. La quantité à administrer est de 25 à 30 ml pour 100 g de poids, avec un maximum de 100 ml par jour. Dans tous les cas, il est préférable de revenir à un lait maternisé pour chaton.

L’alimentation doit être pauvre en amidon, surtout lors de sevrage précoce

La tolérance au sucre et à l’amidon est faible dans les premières semaines qui suivent le sevrage, surtout si celui-ci est précoce. Certains chats, dits sensibles, tolèrent moins bien l’amidon que d’autres. Il est possible de conseiller 5 à 8 g d’amidon par kilo de poids corporel (soit 20 à 30 % de l’énergie par l’amidon, ou 25 à 35 % de la matière sèche). En situation de sevrage prématuré, l’alimentation solide doit contenir une faible proportion d’amidon. En préparation au sevrage ou en cas de sevrage anticipé, la distribution de yaourt, puis de viandes ou de poissons accompagnés d’un complément minéral vitaminé (avec du calcium et sans phosphore) peut être conseillée, ainsi qu’une nourriture humide puis un aliment sec spécifique au chaton.

Le chaton acquiert ses préférences alimentaires au sevrage

Le sevrage est une étape clé qui doit rendre le chaton autonome vis-à-vis de la nourriture et facile à nourrir pour ses propriétaires. C’est à ce moment que la diversité alimentaire peut s’installer. De nombreuses études ont mis en évidence que le jeune chat apprécie ce que sa mère a consommé ou ce qu’il mange en présence de sa mère. Des chatons ont ainsi été habitués à des régimes inhabituels (purée de pommes de terre et banane !) si la mère absorbe cet aliment ou si son petit en ingère en sa présence. Enfin, il est montré que les chatons préfèrent la nourriture avec laquelle ils ont été sevrés et qu’ils gardent cette empreinte, une fois adultes. Cependant, le chat est flexible et accepte des changements toute sa vie, s’ils s’effectuent progressivement et par petites quantités.

Tout type d’alimentation est susceptible d’être proposé aux chats : un aliment complet sec ou humide, une ration ménagère équilibrée, une nourriture mixte (pet food mélangé à de la viande ou à du poisson). Dans ce dernier cas, il est possible de rétablir l’équilibre de la manière suivante : les aliments complets équilibrés, associés à 30 g de viande ou de poisson, doivent être additionnés à 1 g de complément minéral vitaminé à 10 % de Ca (sans phosphore) ou à 40 à 50 g de viande avec 2 g de complément minéral vitaminé (à 10 % de Ca, sans phosphore). Le régime “tout viande” est cependant à proscrire. En effet, la viande et le poisson présentent un déséquilibre phosphocalcique (du phosphore, mais quasiment pas de calcium). La ration uniquement composée de viande entraîne une ostéofibrose par hyperparathyroïdie secondaire. En milieu naturel, les proies sont consommées dans leur intégralité avec les os, les poils et les abats, ce qui reconstitue un équilibre.

Le besoin énergétique diminue après la stérilisation

La castration est un moment décisif dans la croissance. Le vétérinaire y joue un rôle majeur. Un surpoids est évoqué pour un excédent pondéral de 10 à 15 % et une obésité pour un excédent supérieur à 20 % (c’est-à-dire 6 kg pour un chat qui doit peser 5 kg). Le besoin énergétique d’un félin adulte sédentaire est de 60 kcal d’énergie métabolisable par kilo et par jour. La castration diminue ce besoin à 40 à 50 kcal par kilo de poids. Par conséquent, la quantité d’énergie distribuée doit être restreinte au moins pendant les quatremois qui suivent la stérilisation (parfois plus longtemps) afin d’éviter la prise de poids et de faciliter la régulation ultérieure. Le besoin énergétique d’un chaton de troismois qui pèse 1,5 kg est de 295 kcal par jour. Celui d’un chaton de sixmois de 2,5 kg s’élève à 250 kcal. S’il est castré, son besoin énergétique tombe à 200 kcal. Une distribution ad libitum peut être pratiquée jusqu’à la castration. En revanche, après la stérilisation, il convient de donner de multiples petits repas, de préférence avec une alimentation mixte en quantité mesurée et limitée, humide et sèche, qui permet d’augmenter le volume ingéré. De nombreux outils sont disponibles pour diminuer la vitesse d’ingestion (Pipolino®, gamelles “pièges”, distributeurs journaliers, etc.). Les croquettes peuvent être fournies via un distributeur-minuteur en 5 repas (la journée et/ou la nuit), et l’aliment humide en 2 repas le matin et 2 repas en soirée, par exemple.

L’apport de rations mixtes (boîtes et croquettes) est la nourriture distribuée par 99 % des possesseurs de chats, et 28 % d’entre eux proposent tous les jours de la viande ou du poisson à leur animal . 30 % donnent des aliments ménagers en plus des boîtes et des croquettes. Il convient donc d’aborder cette question et de proposer l’équilibre des rations.

De nombreux mélanges alimentaires sont possibles. Néanmoins, le risque de surconsommation calorique – donc de surpoids – est une épée de Damoclès. Si la quantité est maîtrisée, certains mélanges ne comportent pas de risque de déséquilibre : les légumes (carottes, haricots verts, courgettes) et/ou un yaourt ou du lait (maximum 20 ml/kg par jour) peuvent être associés à un aliment complet (sec et/ou humide), par exemple.

Certaines autres compositions sont plus risquées, comme un produit complet additionné de viande ou de poisson maigre. Si l’apport de viande est supérieur à 20 g, il est nécessaire d’ajouter un complément minéral vitaminé (avec calcium et vitamines, mais sans phosphore), soit une demi-dose de Vit’i5 Little Ca®, pour 50 ou 60 g de viande ou de poisson.

Les acides aminés et les acides gras sont des nutriments essentiels

La taurine est un acide aminé essentiel pour la croissance du chaton : sa carence conduit à une dégénérescence centrorétinienne en trois mois et à une cardiomyopathie dilatée en cinqà sixmois. Les recommandations chez le chaton sont de 10 à 30 mg/kg de poids vif par jour de taurine ou de 400 mg/kg de matière sèche d’aliment. La taurine est incluse en grande quantité dans les produits industriels (secs : 1 200 ppm ; humides : 2 500 ppm), car elle est partiellement détruite par le processus de fabrication. Cet acide aminé est naturellement présent dans la viande et le poisson. Dans une ration ménagère, il n’est pas nécessaire d’en ajouter, sauf si les protéines viennent uniquement de poissons en boîte.

Par ailleurs, la nourriture du chaton doit contenir des acides gras (acides linoléique, linolénique, arachidonique, éicosapentaénoïque et doco­sahexaénoïque). Ceux-ci se trouvent dans certains aliments complets pour chatons, dans l’huile de colza ou de soja, dans la viande et les poissons, ainsi que dans les huiles de poisson. L’ajout d’huile de foie de morue dans l’alimentation du chaton est à proscrire, car elle est trop riche en vitamines A et D, nécessaires mais aussi toxiques. Les préparations à base d’acides gras doivent être conditionnées dans des flacons à pompe hermétiques ou en gélules, afin d’éviter l’oxydation de ces acides.

CONFÉRENCIÈRE

Géraldine Blanchard, diplomate ECVCN.

Articles rédigés d’après la conférence « Nutrition du chaton », présentée au congrès de médecine féline organisé par la section vétérinaire de la Société française de félinotechnie, en novembre 2010, à Lyon.

Attention aux crevettes

Les carapaces des crevettes conservées sont à proscrire. Elles contiennent de l’acide benzoïque, un conservateur antimycosique toxique pour le chat. En revanche, la consommation de queues de crevettes décortiquées ne pose pas plus de problème que la viande ou le poisson.

G. O.
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