Cinquième école à Metz : vers une formation vétérinaire au rabais - La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1445 du 08/04/2011

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

Fonctions : praticienne à Saint-Germain-Lespinasse (Loire)

Je voudrais réagir à l’article sur la possibilité de l’ouverture d’une cinquième école vétérinaire à Metz(1). Il est indéniable que notre pays a besoin de former davantage de vétérinaires : sur le terrain, nous manquons de praticiens, particulièrement en zone rurale. Cependant, devant les propositions qui sont actuellement apportées, j’ai bien peur que nous formions des vétérinaires au rabais.

En effet, nos quatre écoles vétérinaires actuelles nous offrent une formation d’exception. Le passage d’un concours et la classe préparatoire, tant décriés, sont pourtant, à mon avis, des outils indispensables de la formation intellectuelle d’un futur praticien. A partir d’une grande quantité de connaissances à acquérir, la classe préparatoire nous apprend à isoler et “piocher” des informations pour répondre à une question précise : c’est exactement la démarche intellectuelle que le praticien doit réaliser au quotidien pour établir un diagnostic. Les cliniques au sein des écoles sont également un véritable atout de notre formation.

Il est question que la nouvelle formation vétérinaire soit “en alternance”, auprès des praticiens de terrain. Il est illusoire de croire que ces confrères auront le temps de former correctement des élèves. Au cours d’une consultation, quel que soit notre domaine d’activité, le fil de pensée se déroule silencieusement : anamnèse, commémoratifs, bilan des symptômes, diagnostic clinique, hypothèses étiologiques, examens complémentaires, choix thérapeutiques, etc. Face au client, il est impossible de prendre le temps d’exprimer toutes ces étapes. Or, l’absence d’explication est le meilleur moyen pour l’étudiant d’apprendre des raccourcis diagnostiques erronés. Nous avons tous “subi” les cliniques de nos écoles où les professeurs nous ont répété, expliqué, jour après jour, les schémas diagnostiques. Nous nous souvenons tous du temps que durait une consultation pour que tous les éléments puissent être énoncés. Cette formation est cependant garante d’une rigueur intellectuelle, d’une justesse diagnostique et d’une capacité, lors de travail en équipe ou lorsque l’on réfère un cas, à pouvoir parler ensemble le même langage.

En faisant venir nos étudiants apprendre auprès des praticiens, nous allons leur fournir un enseignement tronqué et de mauvaise qualité. Au-delà de la médiocrité de la formation qui leur serait offerte, il est également légitime de se poser la question de la  “rémunération” des vétérinaires maîtres de stage : accueillir et former un étudiant pendant seize semaines est un investissement en temps…

En outre, la proposition met en avant l’avantage de cette formation pour l’ouverture vers les cursus universitaires, pourquoi pas en Europe, avec l’introduction de trois langues vivantes : il faudrait alors nous expliquer quels seraient leurs intérêts, dans une école qui souhaite à la fois fournir des vétérinaires de terrain en France et valoriser la formation en milieu rural…

Praticienne depuis douze ans en rurale, ayant travaillé avec de nombreux confrères français ou étrangers, j’ai pu apprécier la qualité de la formation française. Il est dommage, alors que nous possédons de réels atouts, de vouloir bâcler et niveler par le bas la formation des générations à venir… Les propositions sont fort éloignées des réalités du terrain, mais aussi bien loin de répondre à ses besoins. Elles répondent seulement à de pures motivations administratives et financières, au détriment incontestable de la qualité de la formation.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/3/2011 en page 14.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/3/2011 en page 14.

Cinquième école à Metz : l’Ordre réagit

Réponse de Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre (CSO), à Michel Franck (VetAgro Sup). Ce dernier avait fait parvenir au CSO tous les éléments concernant la création d’une cinquième école vétérinaire à Metz(2).

« Monsieur le professeur,

Vous m’avez rendu destinataire d’un projet de création d’une cinquième école vétérinaire sur le site de Metz, projet à propos duquel vous avez d’ores et déjà joué un rôle actif. Je n’évoquerai pas ici le fond du dossier, c’est-à-dire les motivations que vous développez. Il y aurait encore plus à redire que sur la forme. Toutefois, je ne réagirai ici que sur la forme.

Vous avez réfléchi et agi sur ce projet de manière isolée, déconnectée de la profession vétérinaire, de ses instances représentatives, et surtout du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture, de la Pêche et des Territoires ruraux dont vous relevez et que vous n’avez du reste pas informé, ni de vos démarches ni de vos écrits, pourtant établis sur un papier à en-tête d’un établissement relevant de sa tutelle, ce qui, de mon point de vue, pour un fonctionnaire, devrait même relever d’un traitement disciplinaire. Vous avez ainsi opté pour une tentative de politique du fait accompli, pour ne pas dire du coup de force.

Vous avez choisi d’ignorer les travaux en cours, conduits à la demande de M. le ministre en charge de l’Agriculture, à la suite des Etats généraux du sanitaire et dans le prolongement du rapport de M. Bernard Vallat. Par son irresponsabilité et par le mépris de la confraternité qu’il recèle, le procédé me choque profondément, autant qu’il pourra blesser ou révolter chacun des vétérinaires de France que je me réserve d’informer de vos activités. On ne saurait, de façon générale, construire efficacement un projet concernant l’avenir d’une profession à l’écart et en cachette de ladite profession. »

Michel Baussier
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