Que pensez-vous des assurances animalières ? - La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011

Entre nous

FORUM

Une aide à toutes les étapes de la chaîne de soins

Didier-Noël Carlotti, praticien à Eysines (Gironde), signataire de la charte pour la collaboration entre docteurs vétérinaires et assurances animalières, en tant que président de l’Afvac (1999-2009).

L’essor extraordinaire des connaissances a permis aux vétérinaires d’atteindre un niveau scientifique et technique élevé et de devenir de véritables médecins de l’animal de compagnie.

La conséquence de cette élévation du niveau de services est l’établissement d’une chaîne de soins. Le généraliste, en cabinet ou en clinique de taille limitée, est le premier maillon, proche du propriétaire et à la source de la médicalisation, mais dont le service, bien que performant, est limité par le temps, par les connaissances qui ne peuvent être exhaustives dans tous les domaines, et par le matériel. Ensuite, la clinique de plus grande taille fournit un service plus approfondi grâce à une disponibilité accrue, un partage des connaissances et un équipement performant qui permettent, par exemple, une chirurgie plus élaborée ou des examens complémentaires plus poussés. Enfin, de grandes structures assurent la continuité des soins par un service de garde vingt-quatre heures sur vingt-quatre, des consultations avec des spécialistes de droit, au fait des données validées les plus récentes dans des domaines précis, et disposent de matériels sophistiqués et coûteux.

La qualité des soins a un coût. Les propriétaires ignorent le prix de la médecine, apparemment gratuite pour l’homme, et acceptent difficilement que les soins soient chers. L’assurance permet de faire face à toutes les étapes de la chaîne de soins, notamment d’accéder à celles qui sont les plus onéreuses. Son choix reste libre et l’information des propriétaires doit être objective. Beaucoup d’assurances travaillent en transparence, notamment celles qui ont signé la charte, et il convient d’encourager leur développement.

Elles se désistent en cas de maladie chronique

Michèle Fradin-Fermé, praticienne à Vincennes (Val-de-Marne).

Je ne recommande pas les assurances car, même si elles couvrent bien les accidents et les chirurgies ponctuelles, elles ne souhaitent pas s’engager dans la durée. Ma clientèle est composée uniquement de chats, qui vivent essentiellement en appartement. Si un félin tombe d’une fenêtre, le seul accident auquel il est exposé, l’assurance suit. Cependant, la plupart du temps, les chats sont amenés au cabinet en raison d’une maladie, souvent chronique, comme le diabète et l’insuffisance rénale. Une femelle de sept ans, qui ne venait que pour ses vaccins, a présenté un souffle à l’auscultation. Les soins de l’année n’ont pas été excessifs : deux échocardiographies, une consultation, un traitement quotidien. Alors que la cliente assurait son animal depuis qu’il était jeune, elle a eu le choix, dès l’année suivante, soit de doubler sa cotisation, soit d’aller voir ailleurs. Les soins dentaires ne sont pas bien remboursés non plus, alors que les chats en ont souvent besoin. Les extractions sont prises en charge, mais pas le détartrage, alors que l’un ne va généralement pas sans l’autre. Les contrats sont donc mal adaptés aux chats.

De plus, je trouve désagréables les demandes de certains clients assurés de falsifier la déclaration pour faire passer des actes qui ne sont pas pris en charge par leur assurance, ou de déclarer les soins de tous leurs chats sur le seul qui est couvert. C’est pourquoi je conseille aux propriétaires d’ouvrir un compte pour les soins de l’animal avec l’équivalent de la cotisation, ou de comparer les contrats d’assurance tout en les prévenant de la problématique spécifique aux chats.

L’ouverture d’un compte-épargne peut aussi être suggérée

Pascal Romand, praticien à Morteau (Doubs).

La médecine vétérinaire progresse et la motivation des propriétaires à réaliser les examens complémentaires nécessaires ou des traitements coûteux est souvent indépendante de l’état de leurs finances. Quand des conseils me sont demandés à l’adoption d’un animal concernant l’intérêt du remboursement des frais engagés, je transmets la liste des assurances, que je mets à jour chaque année, avec quelques éléments de réflexion (plafond, prime annuelle, âge limite, délai de carence, nature des consultations couvertes, etc.).

Certains confrères en recommandent quelques-unes en particulier. Ils ont sans doute raison, mais j’estime que ce n’est pas mon rôle. Je demande à la personne de choisir selon ce qu’elle veut et ne veut pas, et je lui conseille de lire toutes les petites lignes du contrat.

Je suis convaincu du bien-fondé des assurances, mais certains clients, qui paient durant des années, ne sont plus remboursés quand leur animal est âgé. Ils ont alors l’impression de s’être fait escroquer. Au cours d’une discussion avec des confrères, l’idée que les propriétaires pouvaient ouvrir un compte-épargne uniquement consacré à la santé de leur animal m’a été soufflée. Chaque mois, ils versent une somme d’argent sur ce compte. Il générera des intérêts et constituera une réserve dans laquelle ils auront la possibilité de piocher en cas de nécessité de soins onéreux. Si l’imprévu survient rapidement, ils sont perdants, mais ils sont gagnants au fil du temps. En plus de la liste des assurances, je suggère donc aussi systématiquement cette solution à mes clients. Ensuite, ils font ce qu’ils veulent.

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