Les vétérinaires de terrain sont des acteurs majeurs de la lutte contre les zoonoses dans tous les secteurs d’activité - La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1444 du 01/04/2011

Santé publique

À la une

Auteur(s) : V. C.*, M. S.**

Les vétérinaires sont présents à tous les niveaux de la surveillance, de la détection et de la prise en charge des zoonoses, tant à l’échelle d’un cas, d’un foyer, que d’une épizootie. Les nombreuses facettes de la profession ont toutes une carte à jouer dans la santé publique. De par leur formation, ils sont des interlocuteurs privilégiés pour les propriétaires d’animaux et les éleveurs. D’ailleurs,à l’occasion d’un sondage sur WK-Vet.fr(1), 45 % des praticiens déclarent évoquer « souvent » les zoonoses et les autres risques sanitaires liés aux animaux avec leurs clients.

Surveillance de la santé publique et veille sanitaire… sous-valorisée

Les vétérinaires canins ont un rôle de choix en termes de prévention des maladies transmises par les animaux de compagnie. Dans la plupart des pays industriels, ceux-ci font partie intégrante du foyer, partageant les modes de vie des hommes, voire leur lit. En France, près de 45 % des possesseurs de chats et 30 % des propriétaires de chiens déclarent dormir avec leurs animaux(2). La prévention passe par le rappel des mesures d’hygiène les plus élémentaires. C’est notamment le cas pour les infections à Pasteurella multocida chez les propriétaires qui laissent leur chien lécher des zones lésées, autorisant la transmission de l’agent pathogène(2). Une bonne prise en charge du parasitisme (puces) permet de diminuer significativement le risque de contracter la maladie des griffes du chat. La mise en place de mesures prophylactiques du ressort du vétérinaire, comme la vaccination et la vermifugation, permet de réduire le risque de transmission d’agents pathogènes tels que le virus rabique ou Toxocara canis.

Concernant les nouveaux animaux de compagnie, s’ils sont l’objet d’un engouement (11 % des foyers français possèdent au moins un rongeur), la liste des agents pathogènes qu’ils sont susceptibles d’héberger (et de transmettre) est loin d’être complète. C’est particulièrement vrai pour les reptiles, dont on sait toutefois qu’ils sont porteurs de salmonelles. L’accent doit, là encore, être mis sur les règles d’hygiène classiques. De plus, il convient d’être regardant sur l’origine de ces animaux, afin d’éviter de tristes épisodes comme les cas de cow-pox survenus chez des acheteurs de rats d’origine tchèque en France en 2009. Le vétérinaire est tenu de signaler toute importation illégale d’un animal, mais aussi de décourager la possession d’animaux capturés dans la nature et qui ne proviennent pas d’un élevage agréé. Il participe ainsi à la fois à la surveillance de la santé publique et à la préservation de la biodiversité.

Les praticiens ruraux travaillent, quant à eux, à l’échelle du troupeau et participent donc à la veille sanitaire. La mise en place des politiques prophylactiques passe par leur expertise, de même que la découverte de foyers de tuberculose ou de brucellose. Mais comme le fait remarquer Guy Joncour, praticien rural et défenseur de la profession, « la cassure est grande entre les “décideurs”, le terrain et les réalités des vétérinaires de campagne. […] Aux yeux de l’administration, nous n’existons plus en tant qu’interlocuteurs privilégiés, sauf dans un cadre répressif ». Les vétérinaires ruraux sont probablement une force vive sous-employée dans la surveillance des zoonoses, mais surtout sous-valorisée.

Par ailleurs, d’autres spécialités de médecine vétérinaire, comme le conseiller en élevage intensif, les responsables de laboratoires d’analyses ou encore les vétérinaires biologistes des armées, participent à la surveillance des maladies.

Le corps des inspecteurs en santé publique vétérinaire représente une autre force vive dédiée à sa surveillance. Ses missions sont nombreuses et s’exercent aussi bien dans le domaine de la santé et de la protection animales que dans celui de l’hygiène alimentaire et de la protection de l’environnement.

La faune sauvage est un réservoir important de zoonoses

Près de 70 % des agents infectieux émergents proviennent de la faune sauvage. C’est le cas notamment du virus de l’immunodéficience humaine, du virus Ebola, des espèces de Plasmodium responsables du paludisme, ou encore de l’agent de la maladie de Lyme, l’affection vectorielle la plus répandue dans l’hémisphère Nord. Les vétérinaires sont investis dans des réseaux et des structures de surveillance qui gardent la faune sauvage à l’œil : l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et son réseau Sagir, les laboratoires vétérinaires départementaux, le réseau français de vétérinaires praticiens pour la faune sauvage, etc. « L’avenir, je le vois dans le cadre d’un réseau d’épidémiosurveillance fondé sur les événements sanitaires du terrain », insiste Guy Joncour, également naturaliste émérite et membre actif de plusieurs réseaux. Même mission du côté des parcs zoologiques. « Les vétérinaires ont en charge la formation des soigneurs à la prévention du risque de zoonoses. Les plus grandes inquiétudes concernent les primates, notamment par rapport à la tuberculose ou à l’herpès virus B(3) », souligne Frédérique Rosenfeld, médecin de prévention au Muséum national d’histoire naturelle.

  • (1) Sondage réalisé en ligne sur le site WK-Vet.fr, en juin 2008.

  • (2) B. Chomel et B. Sun : « Zoonoses in the bedroom », Emerging infectious Diseases, 2011, vol. 17, n° 2, pp. 167-172. Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1438 du 18/2/2011 en page 18.

  • (3) Source : Institut national de médecine agricole.

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