La cohérence entre les vies professionnelle et personnelle est la clef de la sérénité

Il est aisé, du moins pour un temps, de se replier sur soi. D’adopter une posture, de se réfugier derrière sa propre grande muraille de Chine. Nombreux sont ceux qui mettent en œuvre cette fermeture hermétique sous une armure de diplômes et de certitudes. Mais cette cuirasse, lourde à porter, empêche de vivre une existence sereine. Parfois, en raison de problèmes familiaux, elle peut craquer.

Voici dix règles à mettre en pratique pour réussir sa vie et une jonction entre les sphères personnelle, familiale et professionnelle. Ces principes sont inspirés des conseils du psychiatre Nicolas Duchesne⁽¹⁾, qui a participé à la rédaction de l’ouvrage collectif Secrets de psys, ce qu’il faut savoir pour aller bien⁽²⁾.

La première règle consiste simplement à appliquer à soi-même ce que l’on conseille à autrui. Au-delà du bon sens, c’est sa propre crédibilité (envers soi et les autres) qui est en cause.

La deuxième étape nécessite un effort de lucidité sur ses propres difficultés : il convient de ne pas les éviter, de ne pas les contourner, de ne pas les nier et surtout de ne pas se chercher d’excuses. C’est le chemin qui mène à la paix avec soi-même (donc avec les autres).

Privilégier la pratique est le troisième conseil. Dans les thérapies cognitives, la pratique d’exercices répétitifs occupe une place importante, car ceux-ci sont indispensables à la progression. Ils permettent de « s’accueillir avec une relative sérénité ». « Labourez » encore et toujours afin de trouver le trésor en vous, pour paraphraser Jean de La Fontaine. Il est aussi possible de se rappeler du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry : la célèbre phrase « dessine-moi un mouton » se traduit, après de nombreuses tentatives, par le dessin d’une caisse. Et l’auteur d’ajouter : « Le mouton que tu veux est dedans. »

Se fixer un objectif et mesurer ses avancées

La quatrième règle consiste à noter précisément ses impressions sur un carnet, qui restera personnel. En particulier les moments où l’individu se sent “mal à l’aise” ou ressent un “mal à être”. Il faut inscrire les circonstances dans lesquelles il perçoit cela et ne pas nier l’importance des interprétations de discrédit et de dévalorisation implicite de la personne. Par exemple, au cours d’une réunion, l’individu expérimente “le retrait relationnel”. Pourquoi ne sommes-nous pas présents à ce qui se dit, à ce qui se passe à ce moment ? Voici encore une occasion de noter nos interprétations abusives et notre embarras.

En cinquième lieu, l’auteur préconise de s’exercer à l’affirmation de soi, afin de diminuer les problèmes relationnels, et de devenir progressivement de plus en plus serein. Un tel entraînement permet de défendre ses valeurs et de respecter celles des autres.

Sixièmement, il est utile de pratiquer la désensibilisation personnelle et d’intégrer l’émotion dans ses discours. Ce qui donne la possibilité, par exemple, de transformer la lecture d’un exposé en une activité interactive.

Le septième point consiste à comprendre l’importance du ressenti, à l’éprouver et à ne pas se contenter de la seule analyse. Il faut, pour cela, se fixer un objectif et mesurer ses avancées.

Adopter une attitude bienveillante avec soi et envers les autres est la huitième règle. Cela a pour conséquence de modifier, en les améliorant grandement, les relations à soi-même et aux autres.

L’avant-dernier principe est de noter ses erreurs et de se rappeler qu’elles sont le chemin du succès.

Pour l’ultime étape, il convient de toujours prendre conscience que les thérapies cognitives sont une gymnastique de l’esprit qui conduit au bien-être émotionnel.

Il faut bien comprendre que les exercices s’inscrivent dans la pratique au-delà de la simple technique. Ils relèvent du “rappel de soi ou à soi”, indispensable pour se sentir bien. « L’esprit est la dupe du corps », disait Voltaire. Il ne faut pas sous-estimer le bien-être physique. D’où l’importance de la relaxation et de toute forme de détente pour éviter d’arriver à long terme à des situations de “vide intérieur” et de “burn out” (épuisement). Prendre soin de son corps soulage des nœuds névrotiques.

• (1) Auteur de « Bien vivre sa cyclothymie », aux éditions Odile Jacob.

• (2) Sous la direction de Christophe André, aux éditions Odile Jacob.