La phytothérapie peut être proposée lors de syndrome de dysfonctionnement cognitif - La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011

Comportement. Troubles liés à un déséquilibre des neurotransmetteurs

Actualité

Auteur(s) : Valérie Delteil

Dans ce type de prise en charge, il convient d’élaborer une préparation individualisée.

A l’occasion d’une formation sur la place de la phytothérapie lors de troubles ducomportement(1), notre confrère Claude Faivre, responsable scientifique du laboratoire Wamine, a présenté le cas d’un caniche de dix-sept ans atteint d’un syndrome de dysfonctionnement cognitif.

L’animal pèse seulement 4,5 kg, passe son temps couché, présente une importante fonte musculaire ainsi qu’une ankylose, et son appétit est irrégulier et capricieux. Il dort toute la journée, mais se réveille au milieu de la nuit avec des plaintes accentuées, il aboie n’importe quand et sans motif. Il est également atteint d’une cataracte sénile, son regard est fixe et il ne reconnaît que sa propriétaire (sinon il est capable de mordre). Cette dernière est contrainte de lui mettre des couches, car il souffre de fuites urinaires. Elle souhaite tout de même conserver son chien grabataire et tenter d’améliorer son état au moyen d’un traitement phytothérapeutique. Les examens complémentaires sont normaux, en dehors d’une urée à 0,8 g/l.

Comme pour toute prise en charge en phytothérapie, il convient d’étudier l’animal dans sa globalité, de regrouper les symptômes selon les dysfonctionnements présentés puis, dans un second temps, de sélectionner les plantes adéquates et en choisir quelques-unes afin de réaliser une préparation individualisée.

Un déficit en acétylcholine peut entraîner un syndrome de dysfonctionnement cognitif

Les principaux neuromédiateurs sont l’acétylcholine, la sérotonine, la dopamine, la noradrénaline, l’acide gamma amino-butyrique (Gaba) et le glutamate. La mémorisation, l’apprentissage du jeune et la conservation des acquis de l’animal vieillissant sont principalement gérés par des récepteurs cholinergiques de type M1 (M pour muscarinique), tandis que la motricité neuromusculaire est gérée par des récepteurs cholinergiques de type nicotinique. Un faible taux d’acétylcholine peut entraîner un syndrome de dysfonctionnement cognitif chez le chien âgé (désorientation, oubli des apprentissages et de la propreté, diminution de la perception de l’environnement et des personnes de l’entourage, altération de la répartition veille-sommeil, manifestations vocales anormales, etc.).

Une carence en dopamine est généralement responsable d’une grande fatigabilité, de somnolence, d’anorexie, de nausée, de dépression, voire d’hallucinations et de délires. Le tableau comportemental de ce caniche semble donc caractérisé par un manque d’acétylcholine et de dopamine.

Pour ce cas, quatre types d’actions correctrices sont envisagés

Pour soulager ce chien, le vétérinaire phytothérapeute devra prendre en compte la globalité de l’anamnèse et la résumer en quatre cibles majeures : remonter les niveaux d’acétylcholine et de dopamine, améliorer et protéger la microcirculation cérébrale et périphérique, limiter les différents mécanismes responsables du vieillissement cellulaire, et améliorer (pour la propriétaire) les diverses manifestations inopportunes du syndrome de dysfonctionnement cognitif.

Pour cela, le praticien envisagera les effets de quatre groupes de végétaux correspondants et choisira ceux dont les principes actifs comportent l’action pharmacodynamique la plus spécifique :

– les plantes qui favorisent la conduction nerveuse (Rhodiola rosaea, crassulacée des pays de l’Est, contient des anti-acétylcholinestérases ; dans les racines de la pervenche de Madagascar se trouve de la choline, précurseur de l’acétylcholine ; le Mucuna pruriens, ou pois macate, apporte la L-dopa, précurseur de la dopamine ; la fumeterre comporte des anti-cholinestérases ; le millepertuis présente entre autres un effet Imao(2)-like ; la mélisse relaxante agit sur le système para­sympathique) ;

– les plantes qui favorisent la relaxation et l’endormissement pour que ce caniche ne se réveille plus la nuit (aubépine, plante sédative relaxante ; houblon, plante sédative ; passiflore, sédative et anxiolytique ; pavot de Californie, précurseur de mélatonine ; millepertuis, antidépressif mais contre-indiqué lors d’agression ; eschscholtzia, sédatif et spasmolytique ; valériane, anxiolytique et Gabaergique) ;

– les plantes vasculo-protectrices (aubépine, hypotensive, vasodilatatrice ; cassis, stimulant surrénalien, protecteur vasculaire, effet vitaminique P ; hamamélis, protection des vaisseaux et du tissu conjonctif, antioxydant ; vigne rouge, antioxydant, protection vasculaire, effet vitaminique P ; pervenche de Madagascar, vasodilatatrice ; ginkgo, antioxydant, anti-inflammatoire, protection endothéliale).

– les plantes qui luttent contre le vieillissement cellulaire (ginkgo, antioxydant ; cassis, antioxydant ; curcuma, immunostimulant, détoxifiant, anti-inflammatoire ; chardon-marie, amphocholérétique, hépatoprotecteur ; ginseng, immunomodulateur, adaptogène qui agit sur la glycémie, les hormones, le cortisol, l’oxygénation et la vascularisation cérébrale).

Au total, trois ou quatre plantes, qui présentent synergiquement un maximum de propriétés, sont sélectionnées afin d’améliorer les différents dysfonctionnements dont souffre ce caniche âgé. Notre confrère Claude Faivre a choisi d’élaborer une préparation magistrale pour le matin associant ginkgo, mucuna et pervenche afin d’augmenter l’activité cérébrale du chien et d’assurer la protection cellulaire et vasculaire. Le soir, l’animal recevra de la valériane, de l’eschscholtzia et de l’aubépine pour augmenter la qualité de son sommeil.

Pour chaque prescription de phytothérapie, il est souhaitable que le mélange comporte de deux à quatre plantes sous forme d’extrait fluide de plantes fraîches standardisé (l’EPS, dont la galénique est brevetée, est facile d’emploi, avec une observance satisfaisante). La préparation est distribuée à la posologie moyenne de 1 ml de mélange pour 5 kg de poids vif, quel que soit le nombre de plantes utilisées dans les mélanges, une synergie moléculaire s’établissant entre les différents principes actifs issus d’une même famille biochimique.

  • (1) Organisée par le Groupe d’étude en biothérapies (GEB) de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) le 29/1/2011 à Maisons-Alfort.

  • (2) Inhibiteur de la monoamine oxydase.

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