L’élevage hors sol philippin est calqué sur le modèle occidental - La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1443 du 25/03/2011

Philippines

Éclairage

INTERNATIONAL

Les techniques d’élevage en bande ont été adaptées aux conditions locales. Les règles d’hygiène restent limitées.

L’élevage individuel représente la forme d’élevage la plus répandue sur l’île de Mindanao. La plupart des familles possèdent quelques poules, voire des porcs. Elles disposent ainsi de viande à moindre coût, puisque les animaux sont laissés en liberté et trouvent eux-mêmes leur nourriture. Les paysans les plus fortunés possèdent des carabaos, buffles locaux utilisés pour les travaux des champs, et des vaches (croisées brahman) élevées pour la viande. La traite des vaches est peu répandue, et le lait, une denrée rare.

En marge de l’agriculture familiale, de grandes exploitations hors sol se sont développées depuis les années 60. Elles concentrent généralement plusieurs activités : élevage de porcs, de volailles de ponte et de chair, ou plantations d’arbres fruitiers. Calquées sur le modèle occidental, les techniques d’élevage en bande ont été ajustées aux conditions locales. Les températures sont plus stables qu’en zone tempérée, les bâtiments sont donc ouverts et assurent une ventilation naturelle. Pour autant, cela limite le contrôle des paramètres d’ambiance. Des lignées occidentales sont utilisées en race pure (start cross et hy line en volaille, large white et landrace pour les porcs) ou en croisement. Les productions sont le plus souvent vendues sur les marchés voisins et correspondent à la demande locale : œufs blancs plutôt que colorés ou lechons (porcelets de deux ou trois mois, grillés à la broche, appréciés des Philippins).

L’achat des médicaments possible sans ordonnance

En dépit de la modernité des principes d’élevage adoptés, le travail reste essentiellement manuel, notamment la distribution de la nourriture, qu’il s’agisse d’aliments industriels ou fabriqués sur place à partir de produits locaux (maïs, riz, huile de coco) ou importés (soja américain). En élevage avicole, la gestion de l’éclairement, la collecte, le tri et le conditionnement des œufs sont généralement exécutés à la main. Ces structures exigent donc beaucoup de main-d’œuvre et font vivre de nombreuses familles.

Malgré l’existence d’une réglementation officielle, peu de contrôles sont effectués en matière de gestion zootechnique et sanitaire. En ce qui concerne l’utilisation des médicaments vétérinaires, les éleveurs disposent d’une grande liberté. Certaines compagnies de vente de médicaments mettent gratuitement des vétérinaires à disposition. Ceux-ci définissent notamment les programmes vaccinaux et apportent des conseils. Toutefois, en cas d’urgence, c’est le praticien local qui intervient. L’achat des médicaments est possible sans ordonnance, directement auprès des compagnies. Dans certains cas, l’exploitation possède son propre vétérinaire. Aucun contrôle officiel n’est réalisé sur les posologies, les délais d’attente ou le stockage des médicaments. L’identification des animaux et les principes de traçabilité demeurent rudimentaires (trous de formes différentes dans les oreilles des porcs).

Comparées aux dispositifs mis en place dans les élevages hors-sol occidentaux, les règles d’hygiène se révèlent limitées. Un soigneur est désigné par bâtiment, afin de limiter les sources de contamination, mais aucune mesure hygiénique n’est imposée avant d’entrer dans les locaux. La gestion des effluents constitue une préoccupation récente. Certains bâtiments sont construits sur pilotis, ce qui facilite ainsi le ramassage des excréments, parfois valorisés sous forme d’engrais (fientes). Certaines exploitations porcines disposent d’un système de “lagon” pour traiter leurs effluents.

Des performances laitières modestes

D’autres productions moins répandues sont présentes, comme l’élevage laitier, à l’image de la Samal dairy farm (île de Samal, sud de Mindanao). De taille modeste, l’exploitation compte dix-neuf vaches en lactation, emploie quatre personnes à temps plein et une vingtaine d’autres pour les travaux des champs. Les vaches sont nourries avec du fourrage local (napier grass, madre de cacao et ipil-ipil), et avec du concentré (coprah, riz, tiki-tiki).

A l’instar des élevages occidentaux modernes, les vaches ne sont gardées en moyenne que cinq ans sur la ferme (soit trois veaux par vache). L’utilisation de croisements holstein-brahman offre une production satisfaisante pour des animaux adaptés aux conditions locales. Avec une moyenne de 24 l par vache et par jour au pic de lactation, et environ 4 500 l par vache et par lactation, la production reste cependant modeste. Certaines particularités de la conduite d’élevage peuvent être mises en cause, notamment l’absence de période sèche : une lactation dure les dix mois de la gestation auxquels se rajoutent les dix-huit jours d’intervalle entre le vêlage et l’insémination artificielle fécondante. Les lactations se succèdent sans arrêt. La réforme est décidée quand la production passe en dessous de 6 kg/j.

La traite est effectuée deux fois par jour, selon un protocole classique : nettoyage de tous les trayons, extraction des premiers jets, traite puis trempage des trayons. Malgré tout, l’emploi d’une trayeuse mobile à deux faisceaux est laborieux et implique un délai important entre la stimulation de la mamelle et la pose du faisceau trayeur. La quantité de lait est mesurée par pesée manuelle pour chaque vache, à chaque traite, ce qui permet un suivi individuel de la production. Afin d’assurer une bonne conservation, le lait est pasteurisé sur place. Une partie de la production est transformée sur place (barre de lait glacé au chocolat ou au manioc).

Sur le plan vétérinaire, les principales affections rencontrées sont les mammites, traitées par voie générale (oxytétracycline par voie intramusculaire pendant trois jours) et application d’un antiseptique localement. Aucune seringue intramammaire n’est utilisée. Aucun problème de boiterie n’est rapporté.

La reproduction est assurée par insémination artificielle (IA), avec un taux de réussite de 80 % en première insémination (dix-huit jours postvêlage). En cas d’échec, une seconde IA est réalisée dix-huit jours plus tard. Aucun protocole de synchronisation des chaleurs n’est utilisé et les vêlages s’échelonnent sur toute l’année. Les génisses sont gardées pour le renouvellement et les mâles vendus à trois mois.

De nouvelles problématiques émergent timidement dans l’agriculture philippine, telles que la gestion des déchets et la protection environnementale, les résidus médicamenteux dans les productions, etc. Le bien-être animal reste une notion marginale et ne constitue pas une préoccupation majeure. Un autre type d’élevage traditionnel est encore particulièrement présent : celui des coqs de combats, objets de fierté de leurs propriétaires et véritable activité lucrative pour les vainqueurs.

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