L’administration par voie transmuqueuse de buprénorphine est efficace chez le chien

La buprénorphine est un morphinique agoniste partiel des récepteurs µ. Elle est plus puissante que la morphine et s’en distingue également par une longue durée d’action. La buprénorphine est fréquemment choisie pour assurer l’analgésie périopératoire chez le chien et le chat. Elle est le plus souvent utilisée par voie intramusculaire ou intraveineuse, à des posologies qui varient de 5 à 20 µg/kg.

Récemment, une équipe américaine⁽¹⁾ s’est attachée à étudier d’autres voies d’administration. Comme la voie orale n’est pas intéressante en raison de l’effet de premier passage gastro-intestinal et hépatique, c’est l’absorption orale transmuqueuse qui a été évaluée. Cette voie, déjà utilisée chez le chat, n’avait pas encore été explorée chez le chien.

Différents protocoles analgésiques sont testés

L’objectif de cette étude est de documenter l’efficacité, la posologie, la durée d’action et surtout la concentration plasmatique efficace en situation clinique.

Pour répondre à ces questions, dix-huit chiennes saines, qui doivent subir une ovario-hystérectomie de convenance, sont scindées en trois groupes de six qui correspondent à des protocoles analgésiques différents. Un premier groupe reçoit de la buprénorphine par voie intraveineuse à raison de 20 µg/kg, le deuxième reçoit une faible dose de buprénorphine (20 µg/kg) par voie transmuqueuse, le dernier lot reçoit une haute dose de buprénorphine (120 µg/kg) par cette même voie.

Dans les trois groupes, une seule administration de buprénorphine est effectuée lors de l’induction de l’anesthésie générale. Un monitoring anesthésique est réalisé toutes les cinq minutes lors du geste chirurgical. La douleur est évaluée par une échelle analogique visuelle pendant les vingt-quatre heures qui suivent l’administration de la buprénorphine. Les chiennes qui présentent une réapparition de la douleur reçoivent une nouvelle dose analgésique après avoir subi un prélèvement de sang pour doser la concentration plasmatique de buprénorphine.

Des durées d’action variables selon la dose employée

Les résultats montrent qu’il n’y a pas de différences significatives entre les groupes en termes d’analgésie postopératoire. Toutefois, la durée d’action est de vingt heures pour le groupe qui a reçu une haute dose de buprénorphine par voie transmuqueuse, de seize heures pour celui qui l’a reçue en intraveineuse, et seulement de sept heures et demi pour le lot à faible dose par voie transmuqueuse.

Sur les neuf chiennes qui ont nécessité une analgésie complémentaire, une seule appartient au groupe “haute dose par voie transmuqueuse”, versus trois au groupe “intraveineuse” et cinq au groupe “faible dose par voie transmuqueuse”.

La concentration plasmatique en buprénorphine lors de la réapparition de la douleur est inférieure ou égale à 0,6 ng/ml pour sept des neuf chiennes qui ont nécessité une nouvelle analgésie. Pour les deux autres, elle est de 1,56 ng/ml (groupe “intraveineuse”) et 5,41 ng/ml (groupe “haute dose par voie transmuqueuse”). La réapparition de la douleur, avec des concentrations plasmatiques en buprénorphine encore élevées, suggère l’existence d’une hypersensibilité chez ces chiennes.

La concentration maximale est obtenue vingt-cinq minutes après l’administration et est supérieure dans le groupe “haute dose par voie transmuqueuse” par rapport aux deux autres.

Cette étude démontre l’intérêt d’utiliser la buprénorphine par voie orale transmuqueuse à forte dose (120 µg/kg) en phase préopératoire, pour assurer une analgésie efficace et de longue action (supérieure à vingt heures) lors d’ovario-hystérectomie chez la chienne. Toutefois, les formulations disponibles représentent aujourd’hui une limite à cette technique, qui impose d’utiliser des volumes élevés, difficiles à administrer par cette voie.

• (1) J.C. Ko, L.J. Freeman et coll. :« Efficacy of oral transmucosal and intravenous administration of buprenorphine before surgery for postoperative analgesia in dogs undergoing ovariohysterectomy », Javma, 2011, vol. 238, n° 3, feb 1.