Y aura-t-il une cinquième école à Metz en octobre 2011 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011

Etudes supérieures. Enseignement rural en Lorraine

Actualité

Auteur(s) : Pascal Ambrosi

En pleine période électorale, trois sénateurs de la Moselle relancent le débat sur l’ouverture d’une nouvelle école vétérinaire. Le maire de Metz soutient le projet.

On croyait l’affaire entendue : l’idée d’implanter une cinquième école vétérinaire sur la base militaire (prochainement désaffectée) de Metz était enterrée. La profession n’avait-elle pas voué aux gémonies le rapport, publié à l’automne, du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) qui évoquait plusieurs pistes, dont le transfert de l’enseignement rural de l’école d’Alfort à Metz ?

Voici que trois sénateurs de la Moselle relancent le débat. Dans une lettre adressée conjointement à Bruno Le Maire,? ministre de l’Agriculture, et à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Jean-Pierre Masseret, Gisèle Printz et Jean-Marc Todeschini, tous trois du Parti socialiste (PS), appellent les ministres « à prendre, dès aujourd’hui, le décret de création de cette école, afin que la rentrée universitaire puisse avoir lieu dès octobre 2011 ». Selon eux, cela « répondrait tout d’abord aux promesses du président de la République d’installer à Metz mille cinq cents emplois publics », mais aussi « aux carences relevées en septembre dernier par le rapport du CGAAER dans la formation initiale des vétérinaires pour un exercice professionnel dévolu aux espaces ruraux ». On flaire la manœuvre politique. Les élections cantonales et sénatoriales se déroulent respectivement en mars et en septembre.

Dominique Gros, le maire PS de Metz n’en démord pas lui non plus. Il est convaincu, comme les sénateurs, qu’il existe un réel besoin de créer une nouvelle école vétérinaire en France et qu’il dispose du site ad hoc pour l’implanter : la base aérienne 128 de Frescaty. Il est d’autant plus acquis à cette idée qu’un mystérieux visiteur du soir, appelons-le “Monsieur F”, vétérinaire de son état, le conforte dans la possibilité d’ouvrir l’école dès la prochaine rentrée (voir encadré).

Monsieur F, comme Dominique Gros d’ailleurs, feint d’ignorer que le site militaire concerné ne sera libéré par la Défense qu’en 2012 et que le financement d’une telle école est loin d’être assuré. D’ailleurs, comment admettre que l’Etat finance un tel projet alors que les écoles existantes manquent elles-mêmes cruellement de fonds (voir article en pages 14 et 17) ?

Les vétérinaires locaux émettent des réserves concernant ce projet

Le rapport du CGAAER émettait déjà certaines réserves quant aux conditions d’ouverture de cette nouvelle école, en termes financiers d’une part, et pédagogiques d’autre part (voir encadré). Localement, la profession est réservée sur ce projet. « Plutôt que de miser sur une stratégie quantitative (plus de diplômés), mieux vaudrait axer la thématique du nouveau site sur l’amélioration (spécialisation, par exemple) de la formation, en cours de cursus ou dans le cadre de la formation continue, en coordination avec les écoles existantes, suggèrent Thomas Villard, président du conseil régional de l’Ordre (CRO de Lorraine), et François Jolivet, son secrétaire général. Le site de Frescaty pourrait déboucher sur la création d’une antenne commune aux quatre écoles, comprenant une ferme, des bâtiments de recherche et d’enseignement, des hébergements, et mettre en place des spécialisations en matière de productions animales reconnues à l’European Board. Cela permettrait d’avoir accès à des financements européens, de créer un pôle de droit vétérinaire, d’installer un centre de formation de vétérinaires et d’ingénieurs en agroalimentaire issus de pays émergents en vue du développement de leurs pays d’origine. »

La pression est forte à Metz et dans l’agglomération pour redynamiser les différents sites militaires. Ils seront libérés (au total 500 ha) dans le cadre du programme de restructuration de la Défense qui entraîne la suppression de six mille emplois militaires et civils.

« Plusieurs projets de reconversion des sites et d’implantation d’emplois publics semblent aujourd’hui au point mort », dénonce, dans un courrier adressé fin février au chef de l’Etat, le président de la communauté d’agglomérations Jean-Luc Bohl.? Pour sa part, il est inscrit à l’Union pour un mouvement populaire (UMP), mais il se rend également compte que les élections approchent à grands pas.

  • Voir La Semaine Vétérinaire n° 1420 du 8/10/2010, page 14.

Une base qui fait débat

Alors que les sénateurs de Moselle mettent en avant « la présence de chaudières et de réseaux informatiques » sur le site de la BA128 pour justifier l’installation d’une école vétérinaire, les rapporteurs du CGAAER ont pointé différents freins à cet éventuel emménagement. C’est la raison pour laquelle il est également possible de douter d’une ouverture en octobre 2011. Voici un bref florilège :

• Les locaux utilisables pour l’enseignement sont trop restreints : « Il conviendrait de les agrandir en transformant les bureaux actuels en salles de formation »; « la salle de conférence de quatre cents places devrait être transformée en amphithéâtre pour répondre aux standards actuels ».

• « La réutilisation des bâtiments existants permettrait de faire des économies, mais elles seraient limitées car il faudrait créer des locaux techniques vétérinaires et les équiper, ce qui représente les postes les plus coûteux. »

• Pour « l’hébergement sur place, les capacités existantes seraient suffisantes », mais une rénovation s’impose. En outre, les dortoirs actuels comptent un à quatre lits.

• « Il est nécessaire de vérifier que la qualité du fourrage ne soit pas affectée par les anciennes activités de la base afin de permettre l’accueil des animaux.? »

Nathalie Devos

Le mystérieux Monsieur F

Si le maire de Metz et les sénateurs pensent qu’une cinquième école est nécessaire à la profession et qu’elle est en mesure d’ouvrir ses portes en octobre 2011, c’est aussi parce qu’un avis autorisé les en assure. MonsieurF, professeur dans l’une des écoles vétérinaires, a fait le siège du bureau du maire ces derniers mois afin de le convaincre de ce projet. C’est que, dit-on, il se verrait bien directeur de ce nouvel établissement…

N. F.
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