Les accords France-Québec sont toujours au point mort - La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1440 du 04/03/2011

International. Equivalences de diplômes

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

La pénurie de vétérinaires n’a jamais été aussi sensible au Québec, mais les Français ne peuvent pas s’expatrier.

Il aura fallu deux articles publiés sur un site Internet québécois(1) pour relancer le débat sur l’accès des vétérinaires français à la Belle Province. Selon ces articles, la pénurie de vétérinaires y est telle que, cette année, plusieurs agriculteurs ont été contraints d’abattre leurs bêtes blessées parce qu’elles souffraient trop et qu’il n’y avait pas de praticien disponible. « Plus inquiétant, écrit le site, la santé d’animaux destinés à être mangésoudontlelait sera vendu n’a pas été prise en charge. » Cette pénurie n’est pas nouvelle. Elle a débuté au tournant des années 2000, puis s’est accentuée en 2003 avec le passage du cursus vétérinaire de quatre à cinq ans. Depuis lors, les pages d’annonces du Veterinarius, lejournalde l’Ordre des médecins vétérinaires duQuébec (OMVQ), ne désemplissent pas. On relève à chaque édition une cinquantaine d’annonces (quarante pour les animaux de compagnie, dix pour les grandsanimaux). Pour uneprofession qui regroupe officiellement près de deux mille membres, ce n’est pas rien.

Un déficit en vétérinaires ruraux patent

Il est devenu monnaie courante, pour les cabinets qui exercent en rurale, de draguer leurs futurs salariés ou associés dès leur première année de faculté. Comme en France, la profession connaît une féminisation massive (depuis près de dix ans, les étudiantes représentent entre 75 et 90 % des effectifs). Or les jeunes diplômés s’intéressent davantage à la pratique urbaine des animaux de compagnie et favorisent leur qualité de vie.

L’arrêt des activités professionnelles des baby boomers entre également dans l’équation, mais l’élément qui pèse le plus dans la balance reste, selon un enseignant sur place, « le changement d’origine sociale et géographique des étudiants ». La majorité des quatre à cinq cents candidatures annuelles à l’entrée dans la seule faculté de médecine vétérinaire de la province (Saint-Hyacinthe) proviennent de jeunes d’origine urbaine dont les parents travaillent dans une profession libérale (médecins, avocats, etc.). En l’absence de concours d’entrée, les résultats scolaires comptent pour 60 % dans la sélection, l’entrevue pour 40 %. La valeur de l’établissement dans lequel l’aspirant a passé sa scolarité est aussi prise en compte. De ce fait, la majorité des étudiants sont issus des villes et souhaitent y rester. Mais la situation est également tendue en canine. Il faudrait deux à trois mois avant d’obtenir un rendez-vous pour un simple vaccin en Abitibi (sud-est du Québec) et de nombreux praticiens ont de sérieuses difficultés à recruter des salariés ou des remplaçants.

Une équivalence des diplômes toujours pas entérinée

Cette situation pourrait donc sonner comme une opportunité pour beaucoup de jeunes ou de moins jeunes diplômés français, avides de changement et de grands espaces. Seulement voilà, la question de l’équivalence des diplômes n’est toujours pas réglée. L’entente France-Québec sur la mobilité de la main d’œuvre, signée le 17 octobre 2008 par le Premier ministre du Québec, Jean Charest, et le président de la République française, Nicolas Sarkozy, n’y a rien fait. Selon cet accord, les organismes responsables d’une vingtaine de métiers et de professions, dont les vétérinaires, avaient jusqu’au 31 décembre 2010 pour signer un arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) des qualifications professionnelles. Or depuis trois ans, les négociations entre l’OMVQ et le Conseil supérieur de l’Ordre (CSO) français achoppent. Et rien, jusqu’à aujourd’hui, n’est signé.

Une situation qui reste bloquée des deux côtés de l’Atlantique

Pourtant, en novembre 2006, l’OMVQ et le CSO avaient ratifié un préaccord d’entente. Logique, puisque de nombreux vétérinaires français viennent à Saint-Hyacinthe compléter leurs formations professionnelles supérieures (deux tiers des internes et des résidents sont des Français) et plusieurs d’entre eux étaient intéressés par la possibilité d’y construire leur vie future. « Mais entre-temps, la direction de l’OMVQ a changé et, avec elle, les orientations. Les ambitions personnelle sont divergé », regrette Michel Baussier, le président du CSO.

A l’automne 2009, des études comparatives et des visites d’évaluation ont été entreprises. Alfort, Lyon et Toulouse ont reçu la délégation québécoise, et les Français se sont rendus à Saint-Hyacinthe. Des deux côtés de l’Atlantique, les réactions étaient favorables face à la qualité de l’enseignement dispensé.

Un an plus tard, sans crier gare, des « différences substantielles » sont apparues, selon les termes de Joël Bergeron, le président de l’OMVQ, dans un éditorial du Veterinarius qui mettait en avant les supposées faiblesses de la formation française : déficit de soutien des étudiants, de standardisation, d’examen final, etc. « Les propos étaient arrogants, humiliants pour le niveau de formation des écoles françaises », se souvient Michel Baussier. A tel point que son prédécesseur, Christian Rondeau, a exigé des excuses de la part de son homologue québécois… qui ne sont jamais venues.

Aujourd’hui, la situation reste au point mort. Lors d’un dernier round de négociations, en novembre 2010, le CSO aurait pu tolérer les exigences de l’OMVQ qui voulait soumettre les vétérinaires français à l’examen du North-American Veterinary Licensing Examination (Navle), et au stage d’adaptation au Québec. Mais de son côté, l’OMVQ a refusé la contrepartie demandée par le CSO : l’examen dit “de Nantes”, que tout étranger hors Union européenne doit passer, et le stage d’adaptation en France. « L’histoire ne dit pas si le refus d’accepter l’examen de Nantes est lié à la découverte de quelques questions de l’examen ou à la condescendance affichée ouvertement par les professionnels de la santé au Québec », lâche un fin connaisseur du dossier installé au Québec.

Alors que l’Etat français a modifié son Code de la nationalité pour que les professionnels québécois puissent accéder au marché hexagonal, on peut s’interroger sur la volonté du gouvernement du Québec d’amender son Code des professions pour assurer la réciprocité. Les portes de la Belle Province pourraient rester closes encore un bon moment pour les praticiens français.

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