Déterminer l’origine exacte des coliques permet d’ajuster le traitement

Les coliques sont l’expression d’une douleur le plus souvent d’origine abdominale, due à un dysfonctionnement digestif primaire. Cependant, d’autres causes possibles sont à prendre en compte dans le diagnostic différentiel.

Une colique correspond à la persistance dans le temps d’un symptôme (un seul parmi plusieurs signes possibles, voir encadré), sachant que l’expression clinique de la douleur est variable selon les espèces, les races et les individus.

Associés à ces signes visibles, certains paramètres cliniques peuvent également être modifiés. Ainsi, lors de coliques, la fréquence cardiaque est souvent augmentée, ce qui indique une douleur et des répercussions de l’affection sur le système cardiovasculaire. La motilité intestinale est souvent diminuée, avec parfois la présence d’une certaine distension gazeuse. Elle peut aussi être augmentée. En outre, le cheval présente une sudation excessive, en relation avec la stimulation du système orthosympathique.

De nombreuses affections font partie du syndrome de coliques

Le recueil d’une anamnèse précise, incluant notamment les modifications environnementales ou alimentaires, est primordiale. L’examen clinique doit être approfondi et parfois complété par des examens supplémentaires.

Lors de cas modérés de rhabdomyolyse, le cheval présente des signes frustes qui peuvent être confondus avec une colique d’origine digestive : anxiété, sudation, tachycardie, voire augmentation du transit intestinal. La palpation transrectale et le sondage naso-œsophagien ne révèlent pas d’anomalie. Le diagnostic différentiel se fera grâce à l’anamnèse, l’observation d’urines foncées et/ou d’une élévation des enzymes musculaires.

Certains cas de fourbure débutante peuvent également induire en erreur. Le cheval est anxieux, souffre, ne mange plus. Il présente une tachycardie et se couche parfois pour soulager la douleur podale. Un examen clinique rigoureux permet d’orienter rapidement le diagnostic vers la fourbure grâce au pouls digité, à la chaleur et à la sensibilité anormale des pieds.

Certains cas de pleurésie aiguë ont une présentation similaire à une colique digestive : l’hyperthermie modérée, l’inflammation sous-jacente et l’inconfort respiratoire rendent le cheval anorexique, ce qui induit un ralentissement du transit digestif. Tachycardie et tachypnée sont également observées. Le diagnostic de pleurésie sera établi via l’auscultation respiratoire, qui apparaît difficile, la percussion et éventuellement l’échographie pulmonaire.

Les prodromes du poulinage ressemblent également à une colique digestive, la jument exprimant ainsi l’inconfort généré par les premières contractions utérines. Certains propriétaires, qui ignorent que leur jument est gestante, appellent alors le vétérinaire pour une colique. Si la jument pouline normalement, le diagnostic est facile. Néanmoins, en cas de dystocie, l’atonie de la queue et le relâchement de la vulve et des ligaments sacro-caudaux seront remarqués. La fouille transrectale permettra de conclure.

Après la mise bas, des complications comme l’hémorragie post-partum, l’invagination d’une corne utérine ou une délivrance douloureuse peuvent induire des signes de douleur abdominale.

Penser aussi aux intoxications par les végétaux

Certaines plantes toxiques pour les chevaux entraînent des signes de colique. La sévérité des symptômes dépend de la quantité de végétal absorbé et de la sensibilité individuelle. Si les chevaux ne consomment pas en général ces plantes, ils peuvent les ingérer en cas de pénurie alimentaire.

En outre, de nombreuses molécules médicamenteuses ont une incidence sur le fonctionnement intestinal du cheval : c’est le cas des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui provoquent des ulcérations des parois du côlon (le côlon dorsal droit est le plus souvent atteint), même à des posologies normales. Les signes cliniques d’intoxication peuvent être frustes et n’apparaître que progressivement, avec une perte de poids et une hypoprotéinémie, mais parfois ils sont plus aigus, par exemple lors de nécrose intestinale.

En présence d’un cheval atteint de coliques, les causes extradigestives sont à inclure dans le diagnostic différentiel. En effet, la détermination exacte de l’origine de l’affection permet d’ajuster le traitement et, a minima, de ne pas aggraver l’état de l’animal, en le laissant dans un environnement nocif ou un utilisant des molécules contre-indiquées.