Les eaux sont contaminées par des médicaments… humains - La Semaine Vétérinaire n° 1439 du 25/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1439 du 25/02/2011

Santé publique. Résidus d’antidépresseurs et d’AINS dans l’eau potable

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Par comparaison, la contamination par des résidus de médicaments vétérinaires, de l’ordre de 5 à 10 %, est insignifiante.

C’est le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein. L’eau potable, traitée dans une station de potabilisation, celle qui sort du robinet, a plus d’une chance sur deux de contenir des résidus de médicaments… humains. Un quart des eaux traitées en contiennent en quantités chiffrables (jusqu’à 100 ng/l) et jusqu’à quatre molécules différentes sont présentes dans la même eau.

Les eaux brutes de surface, qui alimentent les stations d’épuration, sont plus contaminées encore : la quasi-totalité d’entre elles (87 %) contiennent des résidus de médicaments humains, 10 % des résidus de médicaments vétérinaires. Les nappes phréatiques sont plus propres puisque “seulement” 57 % contiennent des médicaments humains, 5 % des médicaments vétérinaires. Autant se faire une raison. L’eau qui sort du robinet contient très, très, très souvent des résidus médicamenteux.

L’étude couvre tous les départements et un quart de la population française

Tels sont les enseignements d’un rapport(1) du laboratoire d’hydrobiologie de Nancy, au sein de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a étudié l’exposition des “buveurs d’eaux” à la présence de résidus de médicaments humains et vétérinaires dans celles de consommation humaine. L’étude est représentative. Le plan d’échantillonnage (cinq cent trente prélèvements d’eaux potables) couvre tous les départements, mais « aussi près du quart de la population française ». C’est-à-dire que le débit des sources d’eaux potables prélevées correspond au quart de la consommation de la population française. A chaque prélèvement d’eau brute en amont d’une station de potabilisation correspond un prélèvement d’eau traitée à la sortie de la même station. Cela a permis d’évaluer les procédés de potabilisation au niveau de la réduction de la contamination des eaux brutes. Ils éliminent entre 30 et 90 % des quantités présentes dans ces eaux, selon la technique et la molécule. L’étude a dû sélectionner les molécules à rechercher, en concertation avec les laboratoires pharmaceutiques humains et vétérinaires. Finalement, le choix s’est arrêté sur quarante-cinq médicaments (ou leurs métabolites) susceptibles d’être retrouvés dans l’eau. Les critères de sélection ont pris en compte les quantités consommées, la solubilité, l’activité, mais aussi, au final, la faculté d’être dosé par une méthode “multirésidus”. Sur les quarante-cinq molécules recherchées, une quinzaine d’antibiotiques, d’antiparasitaires ou d’hormones entrent dans la composition de médicaments vétérinaires souvent utilisés (voir graphique).

Des résultats inquiétants, mais « conformes aux attentes »

Ce rapport est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant pour les médicaments vétérinaires, car leurs résidus ne sont pas ou peu détectés, ou seulement à l’état de traces non quantifiables, à trois exceptions près : la sulfadimérazine (dosée jusqu’à 54,4 ng/l), la danofloxacine (maximum 57 ng/l) et la tylosine (jusqu’à 20 ng/l). Dans la totalité des cas, les résidus identifiés sont des antibiotiques vétérinaires. Aucun antiparasitaire, parmi ceux recherchés, n’a été retrouvé. A l’inverse, les résultats sont inquiétants pour les médicaments humains, tant l’occurrence apparaît élevée, avec, pour le résultat le plus favorable, un quart des eaux potables qui contiennent des résidus médicamenteux. A titre de comparaison, les plans officiels de surveillance des résidus des médicaments vétérinaires, mis en œuvre chaque année dans les viandes suspectes, ne détectent pas plus de 1 % d’analyses non conformes.

Le communiqué commun au ministère de la Santé, à l’Anses et à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) se veut pourtant plutôt rassurant. Ces résultats sont « conformes aux attentes ». Et le verre est même à trois quarts plein puisque, dans 75 % des eaux traitées, les résidus n’ont pu être quantifiés.

Par ailleurs, les risques éventuels pour le buveur d’eau du robinet ne sont pas abordés : « Les concentrations détectées [moins de 400 ng/l] sont mille à un million de fois inférieures aux doses thérapeutiques. »

La caféine “hors concours”, les antidépresseurs en tête suivis des AINS

La caféine est présente dans la moitié des eaux brutes et 28 % des eaux traitées. Elle est surtout considérée comme un marqueur, « une molécule sentinelle », une empreinte de l’activité humaine dans l’eau. Les plus souvent détectés ou quantifiés sont d’abord les antidépresseurs, dont certains composés ou métabolites (notamment la carbamazépine) sont identifiés dans près de 30 % des eaux brutes et jusqu’à 15 % des eaux traitées. Puis vient le paracétamol, présent dans un quart des eaux brutes et 7 % des eaux traitées (suivi dans une moindre mesure par l’aspirine, le kétoprofène, le diclofénac, etc.). Les quelques hormones et les deux anticancéreux recherchés n’ont pas été retrouvés. La publication d’un plan d’actions est prévue pour le premier trimestre 2011.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr