Les chiens et les chats sont plus traités par des antibiotiques que les porcs ou les volailles

L’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) vient de rendre public son rapport sur le suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires pour 2009. Ce onzième rapport annuel donne une claque aux idées reçues selon lesquelles, par exemple, les porcs sont les plus exposés aux antibiotiques sous formes d’aliments médicamenteux. Car les analyses de l’Agence, chaque année plus fines, vont désormais bien au-delà de l’appréciation des tonnages pour tenir compte des schémas posologiques et de la démographie. La population porcine pèse ainsi vingt fois plus que celle des chiens et des chats réunis. Le rapport 2009 permet donc d’apprécier le niveau d’exposition aux antibiotiques des animaux (un nombre moyen de traitements par animal et par an) et ainsi la « pression de sélection des résistances » qui peut s’exercer dans les différentes espèces animales.

Cela génère quelques surprises de taille. En effet, les prémélanges médicamenteux, à base d’antibiotiques souvent anciens qui s’emploient à des doses élevées, pèsent pour 48 % dans le tonnage global. Mais ils traitent au final un tiers d’animaux en moins que les injectables, qui ne représentent que 12 % du tonnage (^{voir graphique 1}). Le niveau d’exposition aux antibiotiques avec les prémélanges – en baisse de 32 % depuis dix ans – est aussi plus de deux fois inférieur aux poudres orales dont les ventes ont grimpé entre 1999 et 2007 (+ 70 %).

De même, les chiens et les chats, qui consomment moins de 2 % du tonnage d’antibiotiques, sont toutefois 1,5 à 2 fois plus souvent traités que les porcs et les volailles, deux espèces qui « avalent » pourtant les deux tiers des tonnages bruts (^{voir graphique 2}). Toutefois, les lapins de chair sont encore plus exposés que les chiens et les chats, puisqu’ils ingèrent près de quatre traitements antibiotiques. Les herbivores (ruminants et équidés) sont les seuls à consommer moins d’un traitement par animal et par an, par voie orale ou injectable (hors intramammaires). Cependant, la consommation des antibiotiques oraux chez les veaux est similaire à celle des porcs et des volailles : entre 1 et 1,5 traitement par animal et par an.

Un tonnage au plus bas depuis 1999, mais une exposition en hausse

Les 1 067 t d’antibiotiques vendues en 2009 représentent le niveau le plus faible depuis 1999, après le sommet de 2007 à près de 1 400 t. Ce tonnage chute de 13 % par rapport à 2008, et même de 20 % versus 1999.

Deux principales classes d’antibiotiques sont à l’origine des fluctuations à la hausse ou à la baisse des tonnages vendus : les tétracyclines (avec 46 % du tonnage total) et les sulfamides (17 % du tonnage). Toutefois, en tenant compte de la diminution globale des populations animales, les tonnages entre 1999 et 2009 n’ont décru que de 12 %. En outre, les antibiotiques récents, actifs à des doses plus faibles que les tétracyclines et les sulfamides, pèsent moins lourd dans les tonnages, mais davantage en termes d’animaux traités.

Ainsi, le niveau d’exposition des animaux traités par les antibiotiques oraux ou injectables (0,68) n’a pas diminué depuis dix ans, mais a augmenté de 12,6 % entre 1999 et 2009. Il a néanmoins régressé de 3,9 % entre 2008 et 2009.