De nombreuses plantes trouvent des applications en neurologie

A l’occasion d’une formation sur la place de la phytothérapie lors de troubles du comportement, organisée par le Groupe d’études en biothérapies de l’Association française des vétérinaires d’animaux de compagnie (Afvac) le 29 janvier dernier à Maisons-Alfort, notre confrère Claude Faivre, responsable scientifique chez Wamine, a présenté le cas d’une chienne croisée pointer de six ans sujette aux crises épileptiformes malgré un traitement allopathique adapté. Ce cas a permis de montrer comment étudier un animal dans sa globalité, de regrouper ses symptômes selon les types de dysfonctionnements, de réfléchir aux plantes utilisables et de proposer une préparation phytothérapeutique individualisée.

Cette chienne est amenée en consultation parce qu’elle présente des status epilepticus, en dépit d’un traitement avec du phénobarbital et du bromure de potassium. Sa phénobarbitalémie est correcte. Les examens complémentaires ne révèlent aucun problème, excepté la visualisation à l’IRM des destructions neuronales (conséquence des crises d’épilepsie) et une augmentation des marqueurs biochimiques hépatiques (vraisemblablement due au phénobarbital). Les crises épileptiformes surviennent majoritairement lorsque sa propriétaire s’absente et lors des périodes de chaleurs et de pseudogestations. Il est décidé, en accord avec la cliente, d’arrêter progressivement le traitement à base de phénobarbital et de mettre en place un protocole phytothérapeutique personnalisé afin de soigner cet animal.

Glutamate et Gaba interviennent dans la pathogénie des crises épileptiformes

Les crises épileptiformes sont liées à une surstimulation neuronale qui génère des contractions musculaires incontrôlées. Les deux principaux neuromédiateurs du système nerveux central sont le glutamate (excitateur) et l’acide gamma-aminobutyrique (Gaba, inhibiteur). Cette surstimulation entraîne, de plus, une hyperactivation des synapses neuronales glutamatergiques et la mort des neurones gabaergiques par excitotoxicité, ce qui aggrave le phénomène dès la première crise. Le potassium est aussi un composant important pour la mise au repos des neurones, car il permet la repolarisation de l’axone. Il fait également office de frein au niveau des synapses chimiques.

Quatre types d’actions correctrices sont envisagés

Pour soulager l’animal, le vétérinaire phytothérapeute prend en compte les effets de quatre groupes de plantes et choisit celles dont les principes actifs⁽¹⁾ sont les mieux ciblés :

– les plantes qui augmentent le Gaba (passiflore, valériane, millepertuis et fumeterre) ou qui diminuent le glutamate (scutellaire et arnica);

– les plantes qui favorisent la relaxation et l’endormissement, afin de réduire l’anxiété à l’origine des crises (aubépine, valériane, eschscholtzia, passiflore, pavot de Californie, houblon, camomille et tilleul);

– les plantes détoxifiantes et hépatoprotectrices, pour réparer les effets secondaires du phénobarbital (artichaut cholagogue et hépatoprotecteur, chardon-marie détoxifiant et hépatoprotecteur, fumeterre amphocholérétique, curcuma détoxifiant, radis noir détoxifiant, cholérétique et cholagogue, romarin détoxifiant et amphocholérétique, ortosiphon diurétique, antifibrosant et amphocholérétique);

– les plantes qui rééquilibrent les minéraux, pour assurer la biodisponibilité du potassium, et les hormones, afin d’éviter les crises liées aux chaleurs et à la pseudogestation (artichaut diurétique, antiprolactine et source de potassium, parties aériennes de l’ortie diurétiques et rééquilibrant le potassium, prêle, ortie racine anti-androgène, houblon œstrogénique, gattilier freinateur hormonal et alchémille progesterone-like).

Trois ou quatre plantes au total, à choisir dans chaque catégorie, doivent être sélectionnées pour traiter les différents dysfonctionnements de l’animal. Notre confrère Claude Faivre a choisi d’élaborer une préparation magistrale pour le matin à base de millepertuis, de passiflore, de valériane et d’artichaut. Les deux premières limitent l’anxiété et les crises d’épilepsie de la chienne pendant la journée liées à l’absence de sa propriétaire. L’artichaut est indiqué pour ses actions détoxifiante et antiprolactine. Le soir, l’animal reçoit du gatillier et de l’alchémille afin de réguler les problèmes hormonaux et de l’ortie (parties aériennes) pour l’équilibre minéral (potassium entre autres).

Pour chaque prescription de phytothérapie, le mélange peut contenir deux à quatre plantes sous forme d’extrait fluide de plantes fraîches standardisé. La préparation est distribuée à la posologie moyenne de 1 ml de mélange pour 5 kg de poids vif, quel que soit le nombre de plantes utilisées dans les préparations, une synergie moléculaire s’établissant entre les différents principes actifs issus d’une même famille biochimique.

• (1) Chaque partie d’une plante contient plusieurs familles de molécules de structures caractéristiques (flavonoïdes, acides phénols, tanins) dont les propriétés pharmacodynamiques ont été testées in vitro et in vivo. Le millepertuis, par exemple, contient un dérivé du phloroglucinol, l’hyperforine, qui inhibe la recapture de la sérotonine et de l’amentoflavone, biflavonoïde intervenant au niveau des canaux chlore.