UN AN DE MARIAGE AGRO-VÉTO : LE SILENCE DES ANNEAUX - La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1436 du 04/02/2011

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Auteur(s) : Françoise Sigot

En janvier dernier naissaient les écoles Oniris et VetAgro Sup, issues respectivement de la fusion de l’ENVN avec l’Enitiaa de Nantes et de l’école vétérinaire de Lyon avec l’Enita de Clermont-Ferrand. Un an après, leurs bilans sont mitigés. Si les passerelles se mettent progressivement en place du côté de la direction, le “concret” n’est pas encore palpable sur le terrain : les sites sont distincts, les cours ne sont pas communs, et les cultures “véto” et “agro” se mélangent encore difficilement.

VetAgro Sup à Lyon L’enseignement piétine, mais la recherche avance grâce à la fusion

Un an après sa fusion avec l’Ecole nationale d’ingénieurs des travaux agricoles (Enita), l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon (ENVL) a changé d’habit. Aujourd’hui, le nouveau logo “VetAgro Sup” trône à l’entrée du campus lyonnais, de même qu’à Clermont-Ferrand. Est-ce le seul changement palpable ? Pas seulement, à en croire les témoignages des parties concernées. Les premiers intéressés sont les personnels administratifs, qui appliquent désormais des procédures communes, parfois peu claires de l’avis de beaucoup, et « centralisées », voire « phagocytées par Lyon ». « Nous avons perdu beaucoup d’autonomie », avoue, sous couvert d’anonymat, un agent administratif clermontois.

Au chapitre des récriminations, certains enseignants en pratique canine semblent voir d’un mauvais œil la rurale prendre un peu plus d’importance. Car si les complémentarités sont évidentes entre rurale et agronomie, les sciences liées à l’agriculture laissent de marbre les canins. Et les répartitions budgétaires entre les disciplines rurale et canine sont scrutées.

« C’est comme si rien ne s’était passé », résume un enseignant

Nombre d’enseignants, à Lyon comme à Clermont-Ferrand, n’ont encore pas touché – du doigt ou via les programmes – la réalité de la fusion. « C’est comme si rien ne s’était passé », résume un vétérinaire spécialiste de l’enseignement clinique. Selon d’autres, les choses se dessinent lentement, sans vraiment révolutionner ce qui existe déjà. « Il y avait déjà des enseignants de Lyon qui allaient dispenser des cours à l’Enita avant la fusion et les choses n’ont pas changé. Mais cela devrait se développer dans les prochaines années, au fur et à mesure que nous apprendrons à mieux nous connaître », estime Luc Mounier, enseignant au sein du département “productions animales” de Lyon. Claire Agabriel, enseignant-chercheur du site clermontois, lui emboîte le pas : « Nous avions monté un master en commun avec l’ENVL en 2009, donc nous travaillions déjà ensemble au niveau des enseignements. » En revanche, note un autre, « du point de vue des formations, il y a encore bien peu de changements, mais il est vrai qu’un an, c’est court ».

Tous les acteurs de la fusion ne semblent d’ailleurs pas disposés à partager leurs savoir-faire. « Nous avons certainement beaucoup à gagner de cette fusion sur certains enseignements, mais chacun défend sa chasse gardée », relève un vétérinaire. Pourtant, Stéphane Martinot, directeur de VetAgro Sup, entend bien aller plus loin. « Nous cherchons à bonifier les formations, affirme-t-il en s’empressant de rassurer les sceptiques, mais cela ne veut pas dire que nous voulons faire disparaître la formation dans une espèce de maelström bizarre où chacun perdrait ses repères et son identité. »

En attendant de voir se concrétiser les passerelles au sein des deux cursus, un domaine a déjà été impacté par la fusion : la recherche. « VetAgro Sup nous a donné le poids suffisant pour monter une unité mixte de recherche commune (sur les herbivores) avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Clermont-Ferrand-Theix. Sans la fusion, cela n’aurait sans doute pas été possible », observe Luc Mounier. Le meilleur pourrait d’ailleurs être à venir dans ce domaine. « VetAgro Sup semble disposée à mobiliser des moyens sur des bourses de thèse. Le nombre de doctorants devrait donc augmenter au sein de l’école, ce qui est une bonne chose », estime le professeur Yves Michelin, membre du département “agriculture et espace”, directeur adjoint de l’UMR Métafort AgroParisTech (Inra, Cemagref, VAS). Ce premier pas en avant ne fait pas oublier ceux qui traînent toujours des pieds. « Nos cultures sont différentes, nous avons encore du mal à nous comprendre, et pour l’instant, on ne peut pas dire que l’enthousiasme partagé soit réel », remarque un vétérinaire qui perçoit un « complexe d’infériorité » de la part des personnels de l’ancienne Enita. Lesquels dénoncent le « mépris » de certains vétérinaires à leur égard…

Les idées reçues et la distance persistent, mais les bonnes volontés se dessinent

Toutefois, les différentes personnes interrogées s’accordent pour affirmer que les animosités s’atténuent avec le temps et que, à défaut d’afficher une volonté sans faille de collaborer, l’entente et la compréhension s’améliorent au fil des jours. « C’est le sort de toutes les structures qui fusionnent. Nous étions au sein d’une petite organisation et nous nous retrouvons au sein d’une grande, où les différences culturelles et l’élargissement du périmètre sont un peu déstabilisants pour un certain nombre de gens », synthétise Yves Michelin, convaincu, comme de plus en plus de ses collègues, que les « opportunités de cette fusion sont fortes ». Reste la distance que tous dénoncent. Quelque 200 km séparent les deux sites, ce qui rend les échanges longs et difficiles. Et là, même la bonne volonté ne suffira pas à changer les choses.

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