Les nouvelles dénominations des écoles de Lyon et de Nantes étaient-elles justifiées ?

Nous avons fait un véritable choix de marque

L’objectif de notre projet de fusion était de parvenir à créer une nouvelle culture d’établissement. Cela passait nécessairement par un nouveau nom. Il fallait que celui-ci soit fédérateur et puisse devenir facilement identifiable, en France comme à l’étranger. L’école est amenée à se développer sur le plan international. Ces changements interviennent alors que les universités deviennent autonomes. La concurrence risque de devenir rude et ceux qui auront su développer une vraie image garderont une longueur d’avance. C’est pourquoi nous avons fait un véritable choix de marque. Nous nous sommes inspirés de l’exemple de l’école de commerce de Nantes “Audencia”, pour qui cette stratégie a bien fonctionné : elle est maintenant internationalement reconnue.

Pour le choix du nom, nous avons fait appel à un cabinet extérieur. Deux ans de négociations ont été nécessaires. Nous souhaitions une dénomination qui n’enferme pas dans les spécificités professionnelles, mais ouvre le domaine scientifique à l’imaginaire. Comme le dit Einstein, « l’imagination est plus importante que le savoir ». Oniris s’inspire ainsi du mot grec oneiros, qui signifie “rêve” ; dynamisme et imagination lui sont associés. Contrairement à ce qu’affirment certains, le nom “école nationale vétérinaire” ne disparaît pas, il en constitue le sous-titre. Dans notre stratégie de communication, nous avons également développé un logo et un slogan : « Santé et alimentation au cœur de la vie. »

Au-delà du problème du nom, un non-dit

Il était possible de changer leurs noms, mais conserver les termes “école” (ou faculté) et “vétérinaire” était indispensable pour préserver la lisibilité de nos établissements. Au-delà du problème du nom, les sous-titres actuels, longs ou trop vagues, témoignent d’un non-dit.

L’aspiration au regroupement pour afficher à l’international des établissements de grande taille est légitime, c’est même une nécessité. Ils auraient pourtant pu se concevoir d’une tout autre manière. La logique locorégionale qui a prévalu, en misant sur des collaborations de proximité, laisse rêveur quand on considère, par exemple, la distance entre Lyon et Clermont-Ferrand. De même, si la réforme témoigne d’une volonté louable de dynamiser l’enseignement vétérinaire actuel, qui pâtit de multiples difficultés, la nécessité de s’adapter à l’évolution des missions vétérinaires, en agriculture bien entendu, mais de plus en plus aussi dans les domaines de la pathologie, de l’hygiène et de la santé publique, a peu été prise en compte.

Le rapprochement avec les structures d’enseignement et de recherche agricoles ne servira pas cette évolution, comme ce fut le cas du passage à une préparation commune en 2003 ou la décision, voici cinquante ans, de confier la gestion de la recherche vétérinaire à l’Institut national de la recherche agronomique, qui n’a jamais soutenu les travaux sur les animaux de compagnie ou de loisir. Le sentiment négatif qui résulte de la perte du qualificatif de “vétérinaire” conduit à souhaiter un rapprochement avec les études médicales.

Une évolution au service de la formation et de la recherche

Les remaniements qui ont entraîné des réorganisations importantes de l’enseignement supérieur en France concernent aussi les écoles vétérinaires. A l’instar d’un modèle internationalement reconnu, l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon a choisi de s’associer à l’Ecole nationale d’ingénieurs des travaux agricoles de Clermont-Ferrand, pour créer VetAgro Sup. Le nom a été choisi par l’ensemble des membres de ce nouvel établissement, qui dispense intégralement et de façon distincte un cursus de formation de docteur vétérinaire et un cursus de formation d’ingénieurs agronomes, chacun accrédité. L’originalité réside dans les opportunités proposées aux étudiants vétérinaires, qui peuvent bénéficier d’enseignements plus approfondis dans certaines disciplines et se spécialiser en cinquième année, en s’inscrivant dans des programmes de masters diversifiés. Non seulement les vétérinaires sont mieux formés, mais ils disposent d’une palette élargie de formations pour occuper des branches de métiers encore peu investies : l’agro-alimentaire, l’environnement, l’alimentation. Tout en assurant le maintien de la formation à et par la clinique, socle indispensable des connaissances, cette dynamique permettra à la profession d’être présente dans de nouveaux secteurs.

VetAgro Sup travaille également à la construction d’un parcours de recherche, en particulier avec l’Ecole normale supérieure de Lyon, pour proposer, là encore, d’autres opportunités aux vétérinaires. Presque deux cent cinquante ans après sa création, l’ENV de Lyon évolue toujours, en devenant la première école vétérinaire française à s’inscrire dans une nouvelle dimension.

• Voir aussi le communiqué du 20/5/2010 de l’Académie vétérinaire de France (www.academie-veterinaire-defrance.org) et l’article de C. Pilet (Bull. Acad. Vét. France, 2010, tome 163, n° 1, pp. 107-108).