Les techniques de contention des animaux varient selon les espèces - La Semaine Vétérinaire n° 1435 du 28/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1435 du 28/01/2011

Prise en charge de la faune sauvage

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Florine Popelin-Wedlarski

Fonctions : centre d’accueil de la faune sauvage (Cedaf), école d’Alfort.

La contention doit être précise et la plus brève possible afin de limiter les risques de mortalité due au stress.

Une bonne contention est indispensable lors de la prise en charge d’un animal sauvage. Elle doit permettre de maintenir, d’examiner et de pratiquer des soins sans risque de blessure pour l’animal, le manipulateur ou les autres personnes présentes. Celui qui manœuvre est responsable de la sécurité globale. Il doit donc avoir des gestes sûrs. Une contention douce et ferme réduit également le stress de l’animal, qui ne se débat pas inutilement. Il faut garder à l’esprit, lors de toute manipulation d’un animal sauvage, que l’homme représente pour lui une menace et que ses réactions, dictées par la peur et l’instinct de survie, peuvent être violentes.

Les animaux sauvages étant particulièrement sujets au stress, la contention doit se faire dans le calme (ni gestes brusques ni cris) et être la plus brève possible. Chez toutes les espèces, cacher les yeux (en passant une chaussette sur leur tête, par exemple) calme les animaux et limite le stress. Certaines (petits passereaux, éperviers) sont sujettes aux accidents cardiaques lors de contention prolongée, et sont susceptibles de mourir pendant l’examen clinique ou les soins. Il est important de bien surveiller les réactions de l’oiseau : une respiration rapide, bec ouvert, doit entraîner un arrêt immédiat de toute manipulation. L’animal est alors placé dans un contenant fermé, au calme et dans la pénombre, éventuellement avec un apport d’oxygène, pendant au moins dix à quinze minutes avant qu’une nouvelle intervention puisse être envisagée.

Si les renards sont souvent apeurés, les fouines et les martres sont agressives

Le hérisson est le mammifère sauvage le plus souvent présenté au praticien. Sa contention ne pose pas de problème pratique. Une paire de gants de jardinage suffit à se protéger des piquants.

L’écureuil roux adulte peut infliger des morsures profondes et douloureuses : des gants en cuir épais sont de rigueur. Il est indiqué de maintenir fermement la tête. En raison de l’important stress occasionné, la contention vigile doit être limitée aux transferts et examens rapides. Une anesthésie générale est plus confortable, pour le vétérinaire comme pour l’animal, pour un examen complet ou des soins.

Le renard peut être assimilé à un chien apeuré. Sa première réaction est souvent de se terrer au fond de sa cage. Il mord lorsqu’il se sent agressé et ne peut s’enfuir. La capture et la contention sont similaires à celles d’un chien ou chat agressif. S’il se sent bien maintenu, il essayera rarement de se débattre.

Contrairement au renard, les fouines et les martres sont agressives dès qu’elles sont captives. Elles ont tendance à se jeter sur les portes et à attaquer. Elles s’enfuient à la moindre faute d’inattention. Leur contention est réservée à des personnes expérimentées. Le port de gants épais est, là encore, indispensable. Comme le furet, un animal de la même famille, elles sont particulièrement souples et se retournent facilement pour mordre, même si elles sont tenues par la peau du cou. Il est donc nécessaire de maintenir fermement la base du crâne afin d’éviter toute morsure. La seconde main attrape les membres postérieurs pour bloquer les mouvements du corps. Une anesthésie générale est requise pour un examen clinique complet ou des soins.

La manipulation des grands ongulés adultes (cervidés, sangliers) ne peut s’effectuer que si l’animal est en état de choc ou fortement blessé. Il convient de faire attention aux sabots, dont les bords sont coupants, ainsi qu’aux défenses des sangliers et aux bois des cervidés. Si l’animal est vigile, mieux vaut éviter toute manipulation et appeler l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui le capturera ou l’anesthésiera à distance.

Un oiseau ne doit jamais être attrapé par la queue, ni par les rémiges

La contention des volatiles est toujours réalisée de manière centripète : les pattes et les ailes sont plaquées contre le corps. Ensuite, elle est adaptée selon l’espèce et les risques inhérents : serres, bec, ailes, etc. Pour saisir l’oiseau dans sa cage ou son carton, la première étape consiste à l’immobiliser contre le bord ou le fond du contenant, les ailes plaquées contre le corps. La contention peut ensuite être ajustée. Si l’oiseau est en extérieur, en volière ou échappé, une épuisette permet de l’attraper, sans risquer de le blesser. Sinon, un linge peut être utilisé pour le recouvrir et le désorienter le temps de le capturer.

Une attention particulière doit être apportée au plumage : il faut éviter toute dégradation des plumes, et notamment des rémiges (grandes plumes des ailes) et rectrices (de la queue) indispensables au vol, donc au relâcher de l’animal. Un oiseau ne doit jamais être attrapé par la queue (risque de perte de toutes les rectrices) ni par les rémiges : celles-ci étant solidement ancrées dans l’os, celui-ci peut se briser, et une contention inadaptée peut provoquer une fracture de l’aile. Il est possible de tenir un oiseau par les pattes, mais uniquement par les fémurs : lors de maintien au-dessous des genoux, le volatile peut se briser les membres en se débattant.

Les serres causent des plaies punctiformes mais profondes, et susceptibles de s’infecter

Les passereaux sont maintenus avec une main refermée en cage autour de leur corps, le dos de l’oiseau contre la paume de la main, la tête entre l’index et le majeur. Il faut prendre garde à ne pas trop serrer l’oiseau afin de ne pas l’empêcher de respirer, mais assurer une prise suffisante pour ne pas qu’il s’échappe, ce qu’il fera généralement au moment où celui qui le manipule s’y attendra le moins !

Les oiseaux de taille moyenne et qui ne présentent pas de risque particulier, comme les pigeons ou les canards, sont maintenus à deux mains : les paumes plaquent les ailes contre le corps, les pouces maintiennent les épaules pour éviter les coups d’aile, et les doigts bloquent les pattes.

Chez les rapaces, une attention particulière doit être systématiquement portée aux serres (quelle que soit la taille de l’oiseau), mais également au bec pour certaines espèces. Comme les griffes des chats, les serres causent des plaies punctiformes mais profondes, susceptibles de s’infecter. Le port de gants en cuir limite les risques. Les rapaces diurnes principalement (faucons, éperviers) basculent sur le dos, les serres en avant en réflexe de défense. Si l’oiseau n’a pas été capturé avant qu’il ne prenne cette position, des gants épais ou un tissu permettront de se protéger des serres. La contention est ensuite similaire à celle décrite pour les pigeons. Les pattes, repliées contre le corps, doivent surtout être bien tenues entre les doigts du manipulateur, le plus distalement possible, pour éviter que l’oiseau ne projette ce membre en avant, les serres écartées.

Le port de lunettes est recommandé pour manipuler les échassiers

La contention des échassiers (héron, cigogne, etc.) doit tenir compte de leur « long bec emmanché d’un long cou ». Le bec est fort et pointu comme un poignard, le cou est capable de se détendre très rapidement, et ces oiseaux visent ce qui brille, donc les yeux. Le port de lunettes de protection est recommandé. La tête est toujours saisie en premier et n’est lâchée qu’à la fin de la contention, en dernier. L’oiseau est immobilisé par une deuxième personne, ailes le long du corps, les pattes ramenées également contre le corps. En effet, les membres postérieurs, très fragiles, sont sujets aux fractures iatrogènes si l’animal se débat un peu trop près d’une table, par exemple. Il est aussi possible de se servir de son corps pour maintenir l’animal d’une main, tandis que l’autre main contrôle la tête.

Chez les oiseaux pêcheurs de type goéland ou cormoran, le bec devra également être maîtrisé : il pince fort et est coupant sur toute sa longueur. La tête est donc attrapée en premier. Le bec peut être neutralisé en le maintenant fermé avec un morceau de ruban adhésif chez le goéland. Attention, les cormorans et les fous de Bassan n’ont pas de narine externe : leur fermer le bec équivaut à les asphyxier. Le bec doit toujours être maintenu entrouvert, en intercalant quelques compresses ou une sonde d’intubation, par exemple.

Placer la tête du cygne sous son aile permet de calmer l’animal

Les grands anatidés (cygnes, oies), qui peuvent peser une dizaine de kilos, sont souvent impressionnants : ils crachent et se gonflent pour décourager l’ennemi, mais sont, en général, peu dangereux. Les oies attaquent souvent avec le bec : la tête est donc attrapée en premier. Les cygnes, en revanche, pincent rarement, mais se défendent par de violents coups d’ailes qui peuvent être douloureux. Cependant, se saisir de leur tête les place en situation de vulnérabilité, et il suffit souvent de la glisser sous une aile pour que la plupart des oiseaux se calment. Certains restent ainsi immobiles, la tête cachée, pendant plusieurs minutes, permettant parfois des examens ou des soins non douloureux. Comme chez les chats, plus la contention est légère, moins l’animal se défend. Si les soins sont douloureux ou si le cygne est agité, il faut alors utiliser le poids de son corps pour bloquer les ailes. Il est possible de s’accroupir au-dessus de lui (sans s’asseoir dessus !) pour immobiliser les ailes à l’aide des cuisses. Cette position permet, en outre, de manipuler facilement la tête, afin d’administrer un traitement, par exemple. Pour le transport, le cygne est calé sous un bras, contre le flanc, la tête vers l’arrière, et la seconde main tient les pattes pour éviter qu’il ne pédale.

En outre, il convient d’évoquer les corvidés et de ne pas oublier que ces oiseaux, apparemment inoffensifs, possèdent un bec puissant et pincent douloureusement.

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