Le risque de transmission de la borréliose du chien à l’homme est limité

Etudiants, praticiens, enseignants et médecins se sont réunis autour du thème « Maladie de Lyme, homme-chien même combat ? » à l’occasion d’une soirée organisée, le 13 décembre dernier à Lyon, par l’association des anciens élèves de l’ENVL. Son président, notre confrère Yves Moreau, a donné le coup d’envoi de cette rencontre en évoquant la notion d’une seule médecine, humaine et animale. Il a rappelé que Claude Bourgelat, le fondateur des écoles vétérinaires, et ses successeurs, ont appliqué le concept de biopathologie comparée et soutenu que ces médecines devaient s’éclairer et se perfectionner mutuellement. C’est dans cette optique que cette réunion a été intégrée au projet européen “Animals + Humans = One Health”.

Le chien représente un cul-de-sac épidémiologique

Notre confrère Gilles Bourdoiseau, professeur de parasitologie à VetAgro Sup, a présenté le vecteur et le réservoir de la maladie de Lyme, la tique dure Ixodes ricinus. Celle-ci se contamine auprès d’espèces réservoirs (les petits mammifères et les cervidés), et transmet la bactérie à l’homme ou au chien, qui constituent des culs-de-sac épidémiologiques, trente-six heures après la piqûre. Gilles Bourdoiseau a rappelé que la lutte contre les tiques peut être chimique ou mécanique, mais ne doit pas s’effectuer par voie systémique, le but étant d’empêcher le repas de sang.

Notre confrère Luc Chabanne, professeur de médecine des carnivores à Lyon, a décrit la maladie chez le chien. Dans cette espèce, 95 % des individus exposés (qui présentent une séroconversion) restent asymptomatiques, ce qui en fait une espèce moins sensible que l’homme. Les symptômes, tardifs, apparaissent deux à cinq mois après la morsure. Les signes cliniques sont de la fièvre, une boiterie et une oligoarthrite qui peut être associée à une adénopathie satellite. Il n’y a pas de signes cutanés comme chez l’homme. Le diagnostic différentiel inclut l’anaplasmose. La majorité des chiens exposés sont asymptomatiques. La sérologie est par conséquent inutile. Le peptide C6, contemporain de l’infection, peut être recherché. Cependant, sa valeur prédictive positive est faible, et il existe de nombreux faux positifs. En revanche, un résultat négatif exclut l’infection. Le traitement est à base d’antibiotiques : de la doxycycline (5 à 10 mg/kg deux fois par jour pendant trente jours), ou de l’amoxicilline (20 mg/kg, trois fois par jour pendant trente jours).

L’homme ne développe pas d’immunité vis-à-vis de la borréliose

André Boibieux, médecin au service des maladies infectieuses de l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, a évoqué la maladie chez l’homme. Celle-ci peut se déclencher jusqu’à cent quatre-vingts jours après la piqûre. Le signe pathognomonique est l’érythème migrant, qui n’est toutefois pas toujours présent. Elle se traite par une antibiothérapie à base d’amoxicilline ou de doxycycline en première intention. La prévention est mécanique, avec le port de vêtements longs ou l’utilisation de répulsifs, et intègre la détection, ainsi que le retrait rapide associé à une désinfection. La maladie de Lyme n’est pas immunisante et de nouvelles infections peuvent se produire chez un même sujet.

La question du risque que représente le chien pour la santé humaine a été abordée. Le chien est un réservoir, mais il n’est pas majoritaire par rapport aux petits mammifères et aux ongulés. Il pourrait introduire des tiques dans l’environnement humain, mais celles qui transmettent la maladie sont exophiles (elles ne pénètrent donc pas dans les habitations). Le risque est par conséquent limité. Le chien peut, en revanche, endosser un rôle de sentinelle en donnant un aperçu de la circulation de l’agent, donc du risque pour l’homme.