Un stress thermique pendant le tarissement a un impact sur la lactation suivante

Si les effets de la température ambiante et de la photopériode sont autant de facteurs connus pour altérer la physiologie de la vache laitière durant la lactation (baisse jusqu’à 25 % de la production de lait), peu de données sont disponibles sur l’influence de ces paramètres pendant la période de tarissement. Ainsi, une étude⁽¹⁾ menée aux Etats-Unis a voulu évaluer l’effet d’un stress thermique sur les performances laitières et métaboliques ultérieures.

Seize vaches laitières sont taries quarante-six jours avant la date prévue du vêlage et, de façon aléatoire, assignées à l’un des deux traitements évalués : soit un stress thermique, soit une ambiance rafraîchie. Dans le premier cas, les animaux sont laissés à la température ambiante et soumis aux variations climatiques de cette zone chaude (Floride). Dans le second, un système de climatisation assure une température maximale de 21,1 °C. Toutes les vaches sont soumises à une photopériode de type quatorze heures de lumière, dix heures de nuit. Les animaux des deux lots sont rassemblés après le vêlage et bénéficient ensuite de conditions “rafraîchies”.

Le stress thermique a un effet négatif sur la production laitière et le statut immunitaire

Durant toute l’étude, les températures rectales sont mesurées deux fois par jour et, après le vêlage, les productions laitières et les quantités ingérées sont enregistrées.

Afin d’évaluer les modifications des profils métaboliques et hormonaux, différents échantillons sont collectés et analysés, depuis le tarissement jusqu’à quarante-cinq jours post-partum. Des prélèvements de sang servent au dosage de métabolites et d’hormones (prolactine notamment). Des biopsies hépatiques sont effectuées pour juger, par polymerase chain reaction (PCR), de la présence ou non d’enzymes et de cytokines, qui signent une activité métabolique intense du foie. Des échantillons de lait permettent d’évaluer la concentration en cellules somatiques, les taux protéiques et butyreux, ainsi que la teneur en acides gras.

Il en ressort principalement qu’une période de stress thermique de six semaines chez des vaches taries (due à une chaleur excessive par comparaison avec l’absence de stress thermique) est à l’origine de plusieurs modifications physiologiques et métaboliques (voir encadré).

De la même manière, les chercheurs se sont intéressés à l’expression de certains gènes du métabolisme hépatique et au statut immunitaire des vaches dans les deux situations (stress thermique ou température contrôlée)⁽²⁾. Celles qui bénéficient d’une température rafraîchie et plus stable affichent une meilleure expression des gènes de régulation de la prolactine et du métabolisme hépatique. Leur statut immunitaire, évalué par la fonction neutrophile et le dosage d’IgG, est également amélioré.

Au final, la maîtrise et la prévention des périodes de stress thermique ressortent, en zone chaude, comme une opportunité pour optimiser la lactation ultérieure. Les effets bénéfiques du “rafraîchissement” seraient ainsi liés à une moindre synthèse de la prolactine, qui permet ainsi une meilleure régulation du métabolisme hépatique, à l’origine d’une meilleure réponse au challenge énergétique du début de lactation.

• (1) B.C. do Amaral, E.E. Connor, S. Tao, J. Hayen, J. Bubolz, G.E. Dahl : « Heat-stress abatement during the dry period : does cooling improve transition into lactation ? », Journal of Dairy Science, 2009, vol. 92, n° 12, pp. 5988-5999.

• (2) B.C. do Amaral, E.E. Connor, S. Tao, J. Hayen, J. Bubolz, G.E. Dahl : « Heat stress abatement during the dry period influences metabolic gene expression and improves immune status in the transition period of dairy cows », Journal of Dairy Science, 2011, vol. 94, n° 1, pp. 86-96.