Le diagnostic de la PIF découle d’un ensemble de preuves - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

Infectiologie féline

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

En 2010, il n’existe toujours pas de diagnostic de certitude pour la péritonite infectieuse féline. Seule option, la convergence d’un faisceau d’indices.

Le diagnostic de la péritonite infectieuse féline (PIF) s’effectue à la lumière d’un ensemble d’éléments épidémiologiques, cliniques et biologiques qui permettent d’acquérir une conviction suffisante. Un test qui permettrait d’établir un diagnostic de certitude n’existe toujours pas.

Au niveau épidémiologique, le premier élément à considérer consiste à déterminer si les chats atteints vivent ou ont vécu en collectivité. Par ailleurs, le pic de la maladie se situe avant l’âge de deux ans. Au-delà de cinq ans, la PIF devient rare. En outre, la plupart de ces chats, avant d’exprimer cliniquement la maladie, ont été exposés à un facteur de stress (pension, déménagement, arrivée d’un nouvel animal, retour de vacances, etc.).

Un tableau clinique protéiforme, et des formes sèches ou humides

Les signes cliniques de la péritonite infectieuse féline sont protéiformes, puisque la maladie peut atteindre différents organes. Les formes sèches sont classiquement distinguées des formes humides, bien que cette dichotomie puisse être discutable. En effet, des épanchements abdominaux, objectivables par échographie, sont fréquemment mis en évidence dans les formes sèches.

Le premier signe général correspond à un syndrome fébrile, avec un amaigrissement. Cet élément est relativement constant.

Les symptômes oculaires sont aussi à rechercher (uvéite, choriorétinite).

Les signes nerveux sont la manifestation d’une encéphalomyélite granulomateuse. La ponction du liquide céphalo-rachidien révèle alors une protéinorachie massive et une pléiocytose (granulocytes neutrophiles et macrophages).

Un certain nombre de chats développent une diarrhée, qui ne répond pas aux traitements, consécutive à une entérite granulomateuse.

Les symptômes respiratoires sont en priorité liés à la formation de l’épanchement pleural. Les cas de pneumonie granulomateuse restent assez exceptionnels.

La distension abdominale est due à l’accumulation d’un liquide le plus souvent jaune citrin et filant. Cet épanchement est également rencontré lors de certaines tumeurs ou cholangites lymphocytaires, ou en cas d’insuffisance cardiaque (le liquide sera alors moins filant). L’observation isolée de ce liquide jaune citrin filant ne permet pas, à elle seule, d’établir le diagnostic de PIF.

L’électrophorèse des protéines sériques oriente le diagnostic, mais ne le confirme pas

L’examen hématologique, peu spécifique, montre une anémie modérée non régénérative et une leucocytose neutrophilique qui reflète l’état inflammatoire chronique de l’animal.

L’examen biochimique peut présenter davantage d’intérêt. Une hyperglobulinémie est fréquemment constatée (bloc bêta-gamma sur le tracé de l’électrophorèse des protéines). Il s’agit d’une gammapathie polyclonale compatible avec l’évolution d’un processus inflammatoire chronique grave, dont la péritonite infectieuse féline. Encore une fois, cette observation isolée n’implique pas l’établissement d’un diagnostic de PIF. Elle doit être intégrée aux autres données épidémiologiques, cliniques et biologiques.

L’échographie abdominale écarte d’autres causes d’épanchement abdominal. Les chats atteints de PIF affichent éventuellement un épaississement du mésentère ou/et de l’épiploon, signe d’une péritonite diffuse généralisée. L’analyse des liquides d’épanchement indique un taux de protéines souvent supérieur à 40 g/l (responsable du caractère filant) et une assez faible cellularité composée de granulocytes neutrophiles et de macrophages.

Le dosage sérologique du coronavirus est peu utile

L’examen sérologique n’est absolument pas spécifique du coronavirus pathogène. A l’inverse, il y a une certaine corrélation entre l’importance de la séropositivité (nécessité d’un dosage semi-quantitatif des anticorps) et les formes sèches. Dans ces cas, des titres sérologiques souvent élevés (supérieurs à 1/640) sont notés.

En revanche, sur les formes humides, la séropositivité est variable, ce qui peut mener à s’interroger sur l’intérêt de ce dosage. La polymerase chain reaction (PCR) manque également de spécificité puisqu’elle ne permet pas de distinguer le coronavirus pathogène. Cependant, la présence de particules virales dans un liquide d’épanchement jaune citrin filant est évocateur. La demande au laboratoire d’une analyse PCR quantitative est également possible. L’analyse histologique peut être effectuée ante-mortem ou post-mortem. La réalisation de ponctions échoguidées ou de biopsies par laparoscopie est envisageable. Une inflammation granulomateuse est typiquement observée.

Ainsi, il n’existe pas d’élément spécifique menant au diagnostic d’une PIF, mais plutôt un ensemble de signes qui permettent de cerner la maladie. Si un diagnostic de certitude est impossible, une présomption reste cependant concevable, avec un degré de conviction plus ou moins élevé.

Une récente publication, qui date de septembre 2009(1), remet en cause la pathogénie de la péritonite infectieuse féline. Jusqu’alors, elle était considérée comme le résultat d’une modification de la virulence d’un coronavirus banal. Or, au départ, il pourrait exister des souches avirulentes et des souches virulentes. Cette hypothèse ouvrirait de nouveaux horizons à la recherche vers la mise en évidence de séquences génétiques spécifiques des souches pathogènes, avec la mise au point de tests dédiés à ces dernières.

  • (1) M.A. Brown, J.L. Troyer, J. Pecon-Slattery et coll. : « Genetics and pathogenesis of feline infectious peritonitis virus «, Emerg. Infect. Dis., septembre 2009, vol. 15, n° 9, pp. 1445-1452.

CONFÉRENCIER

Juan Hernandez, diplomate Acvim, praticien à Arcueil (Val-de-Marne).

Article tiré de la conférence « Diagnostic de la péritonite infectieuse féline «, présentée au congrès de la Fecava, en décembre 2009 à Lille.

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