L’hépatite E est une infection zoonotique émergente dans les pays industrialisés - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

Epidémiologie

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Céline Carles

Dans les élevages porcins, la prévalence du virus varie entre 23 et 85 % selon les pays.

L’hépatite E est surtout connue et répandue dans les pays tropicaux et subtropicaux, où la contamination, liée à un réseau sanitaire peu optimal, s’effectue par voie hydrique. Cependant, depuis cinq à six ans, des cas survenant chez des sujets qui n’ont pas séjourné en région de forte endémie sont de plus en plus fréquemment identifiés dans les pays industrialisés. En France, des études réalisées chez des donneurs de sang indiquent que la prévalence des anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite E est de 16,6 % en région Midi-Pyrénées, une prévalence cinq fois plus élevée qu’en région parisienne (3,5 %). La détermination de l’origine de ces contaminations a fait l’objet de nombreuses recherches. Le virus de l’hépatite E, qui comporte quatre génotypes principaux, a la particularité d’infecter l’homme et plusieurs espèces animales (voir carte). Ses quatre génotypes ont été identifiés chez l’homme et peuvent soit conduire à une hépatite systématiquement résolutive chez le patient immunocompétent (sauf les rares cas d’hépatite fulminante), soit évoluer vers la chronicité chez le malade immunodéprimé. Seuls les génotypes 3 et 4 infectent l’animal, qui reste asymptomatique la plupart du temps.

Le porc, le sanglier et les cervidés constituent le principal réservoir du virus

Grâce à des enquêtes sérologiques menées dans de nombreux pays, des anticorps dirigés contre le virus de l’hépatite E ont été mis en évidence chez plusieurs espèces animales. Dans les élevages de porcs, la prévalence de ce virus est particulièrement élevée, variant entre 23 et 85 % selon les pays (voir tableau). Le porc, le sanglier et les cervidés constituent le réservoir majeur de virus de l’hépatite E, lequel est susceptible de contaminer l’environnement. Cela explique sa présence dans les eaux usées ou dans les fruits de mer, par exemple. La forte identité génétique entre les souches porcines et les souches humaines de génotypes 3 et 4 favorise une transmission zoonotique du virus. Le contact direct avec des animaux atteints peut être à l’origine d’infections humaines. En effet, les personnes exposées au réservoir animal, comme les éleveurs de porcs, les vétérinaires et les chasseurs, ont une séroprévalence du virus de l’hépatite E plus élevée que la population générale. La contamination d’un chirurgien lors d’expérimentation chez le porc a également été rapportée.

Les denrées alimentaires sont une voie de transmission prédominante

La consommation de gibier ou de viande de porc insuffisamment cuite semble être un facteur de risque important. Une étude cas-contrôle menée en Allemagne a révélé que l’absorption d’abats et de viande de sanglier peut être associée à la contamination humaine par le virus de l’hépatite E. Récemment, ce sont les figatelli, saucisses corses à base de foie de porc, qui ont été incriminées. Un essai réalisé chez des patients transplantés de la région Midi-Pyrénées a montré que la consommation de gibier, de viande de porc et de moules est le principal facteur en analyse bivariée. En analyse multivariée, le seul facteur associé à la transmission du virus de l’hépatite E est l’ingestion de gibier.

L’hépatite E se transmet également par voie sanguine

Des cas d’hépatite E transfusionnels sont décrits aussi bien en Asie qu’en Europe. Le risque de contamination par cette voie est réel mais, actuellement, aucun pays ne recherche de manière systématique le virus de l’hépatite E chez les donneurs de sang.

Cette maladie est une infection largement sous-estimée et sous-diagnostiquée en France. Face à son potentiel zoonotique, des mesures prophylactiques doivent être mises en place, comme la surveillance des réservoirs animaux, afin de mieux connaître les mécanismes de transmission ou la cuisson de tous les aliments à base de porc et de gibier.

  • Retrouvez les références bibliographiques de cet article sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

CONFÉRENCIÈRE

Florence Abravanel, centre de physiopathologie de Toulouse Purpan Inserm-université de Toulouse.

Article rédigé d’après la conférence « Diversité génétique du virus de l’hépatite E et transmission zoonotique « présentée lors du congrès Microbiotoul à Toulouse, le 21 octobre 2010.

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