Michel Baussier : « Le conflict of interest est la nouvelle tarte à la crème ! »

« Nous avons le sentiment que le système des incitations commerciales est à améliorer », analyse Michel Baussier, président de l’Ordre. En outre, la presse grand public a souhaité insister, ces derniers mois, sur le fait que les éleveurs et les vétérinaires utilisaient mal les antibiotiques et étaient la proie d’un conflit d’intérêt. « Le concept anglo-saxon de conflict of interest est la nouvelle tarte à la crème, réagit-il. Les professions réglementées sont au cœur de conflits d’intérêts potentiels. C’est pour cela qu’elles sont réglementées. » Notre confrère observe qu’en médecine humaine, il y a en effet un monopole pharmaceutique des pharmaciens et un tiers payant. En médecine vétérinaire, il existe trois parties (l’éleveur a donc le choix), et la relation est directe, avec un contrat de soins et un client qui paye directement.

« Le système français n’est pas monopolistique, donc il est bon », déclare Marc-Henri Cassagnes. « Derrière la notion de conflit d’intérêt et autres grands principes, j’entends toujours le bruit de tiroir-caisse », ironise-t-il. Certes, « il y a des vétérinaires qui abusent ». Et le directeur de la FNGDS de poursuivre : « Je trouve que cela dérape moins qu’en santé humaine. Il manque autour de la table le représentant des mafias ! Avant, ils fonctionnaient par fax, aujourd’hui, ils le font par Internet ! Ces commandes par le Web, nous, comme les représentants des professionnels, ne pouvons les accepter. » En effet, chacun s’accorde à reconnaître la nécessité de lutter contre les vraies dérives des affairistes. « Les comportements déviants de certaines personnes jettent l’opprobre sur le médicament », estime Christophe Brard. De même pour les importations illégales : il est nécessaire que la réglementation soit appliquée, car elles sont de nature à discréditer toute la chaîne. « Certaines personnes, des pharmaciens et des vétérinaires, ont confondu leur métier avec celui de commerçant, martèle Michel Baussier. Cette notion d’affairisme n’est pas assez corrigée. »