Un travail sur l’intelligence émotionnelle permet de réguler ses propres émotions - La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010

Psychologie

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Auteur(s) : Jean-Michel Saint-Omer

La psychologie moderne et les neurosciences nous ont amenés à revisiter nos anciens concepts et nos certitudes qui, de connaissances scientifiques, s’étaient transformés en dogmes au fil des ans. Nous savons désormais que l’intelligence ne se réduit pas à la seule mesure du quotient intellectuel, et que les émotions ne sont pas un frein susceptible de troubler inutilement notre intelligence analytique. A côté de l’intelligence cognitive, dont personne ne conteste l’importance, existe une véritable intelligence émotionnelle. Selon les recherches actuelles, elle permettrait de délivrer des messages positifs. Encore faut-il bien en comprendre le fonctionnement et envisager quelle peut être la bonne collaboration entre les cerveaux cognitif et émotionnel.

D’après le physiologiste américain Joseph Le Doux, deux circuits transportent l’information vers notre encéphale : celui du cortex préfrontal (siège de la pensée rationnelle) et celui de l’amygdale (émotion). Le chemin suivi par le cortex est lent, tandis que celui emprunté par le circuit émotionnel est rapide. Le premier est associé à l’effort, le second “coule de source”, ce qui rappelle la sentence : « Méfiez-vous de la première impression, car c’est souvent la bonne. »

La « compétence émotionnelle » n’est pas innée et se cultive

Les émotions ne transmettent pas uniquement la peur. Elles sont nécessaires à la vie personnelle, familiale et sociale. Sans elles, il est impossible de mener une existence heureuse et de construire une relation avec les autres. Les psychologues américains Peter Salovey, de l’université de Yale, et John Mayer, de celle du New Hampshire, ont défini le concept d’intelligence émotionnelle comme « l’habileté à recevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à les réguler chez soi et chez les autres ». Il faut savoir que « la compétence émotionnelle » n’est pas innée et qu’elle se cultive. Sans nier l’importance de la génétique, le plus important dans cette éducation dépend de nos expériences, qui demeurent imprimées dans notre cerveau, essentiellement dans l’inconscient. Elles surgissent quand nous sommes confrontés à une situation nouvelle. Elles sont présentes dans notre mémoire au travers de « marqueurs somatiques », selon l’expression d’Antonio Damasio, professeur de neurologie et de neurosciences (University of Southern California).

Les émotions peuvent être le meilleur et le pire des guides. Elles nous délivrent certes un message dont il serait stupide de ne pas tenir compte, mais elles ne doivent pas nous submerger et prendre notre raison en otage. Pour savoir si l’impression que nous recevons nous pousse à prendre la bonne décision, il faut d’abord la recueillir, surtout ne pas la nier, et l’analyser en utilisant notre intelligence rationnelle. Cependant, face à une situation totalement nouvelle, notre intelligence émotionnelle ne trouvera pas dans sa mémoire les marqueurs somatiques nécessaires et ne nous sera pas vraiment utile. Mieux vaut alors réfléchir.

Certaines démarches permettent de développer son intelligence émotionnelle

Une telle éducation existe. De nombreux universitaires ont développé des méthodes intéressantes aux Etats-Unis, mais aussi en Belgique et en France. L’idée est de devenir plus efficace dans les situations d’urgence, de gérer son stress, de ne pas se laisser dépasser par l’émotion, mais de l’écouter pour ce qu’elle nous dit, ou lorsqu’elle nous avertit de quelque chose. Les travaux des spécialistes montrent qu’il faut tout d’abord accepter l’information émotionnelle que l’on reçoit et ne pas la traiter comme une baliverne. Ensuite, il convient d’être attentif à son origine, que l’on pourra déduire de ses manifestations. Par exemple, un rythme cardiaque plus élevé peut être une démonstration de la colère, et une transpiration abondante une émanation de la peur. Une fois qu’elle est identifiée, il ne faut pas laisser l’émotion se développer pour ne pas en devenir l’objet. En effet, un émoi devenu trop fort est difficile à gérer, alors qu’il peut l’être à ses débuts, dès ses premières manifestations. Il est ensuite utile de le traduire, en le nommant oralement ou en l’écrivant, pour faire baisser son intensité sans le détruire, pour éviter de perdre son calme et de perturber son système immunitaire. Enfin, il faut rompre le silence, par exemple en parlant de son ressenti avec un ami et, bien entendu, il faut l’analyser. Cette éducation, ou entraînement de l’intelligence émotionnelle maîtrisée, est source de charisme, de leadership. Le revers de la médaille s’appelle la manipulation. Elle peut d’ailleurs submerger un groupe, une foule, ce qui a pu conduire à des tragédies tristement célèbres de l’histoire contemporaine.

Développer l’optimisme, qui est à la fois un comportement, une méthode et une philosophie de vie, permet de se prémunir contre ces excès. Cette démarche consiste à faire le constat d’une situation et seulement ensuite de trouver une solution (ou contribuer à ce qu’elle soit trouvée) en provoquant l’adhésion des autres. Cela s’appelle la force de conviction, avec un risque : l’individu peut devenir sa propre victime ou celle d’autrui, et faire l’objet du syndrome du “gourou”.

  • Pour en savoir plus, voir Sciences et Avenir, n° 766, décembre 2010.

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