Mieux vaut évaluer le statut parasitaire des élevages et adapter la prophylaxie - La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010

Apparition de résistances à la vermifugation

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Alterner les molécules antiparasitaires permet de traiter les chevaux contre les petits strongles et les ascaris.

Le parasitisme digestif représente une préoccupation médicale et économique majeure dans la gestion d’un effectif équin. Malheureusement, des études signalent des résistances chez différents parasites (Parascaris, cyathostomes) à une ou plusieurs familles d’anthelminthiques.

Plusieurs publications récentes rapportent notamment l’apparition d’une résistance aux lactones macrocycliques chez Parascaris equorum dans certains pays d’Europe. Un tel phénomène commence à être suspecté en France, à la suite de la découverte chez des poulains correctement vermifugés, soit d’une excrétion importante d’œufs dans les fèces lors de contrôles coproscopiques, soit d’une infestation massive à l’autopsie.

Notre consœur Claire Laugier (Anses Dozulé) et ses collaborateurs ont donc réalisé une enquête dans un élevage normand où l’autopsie d’un yearling trotteur français, quinze jours après un traitement à l’ivermectine, a révélé une forte infestation par des Parascaris equorum vivants.

Les crottins de onze yearlings trotteurs français d’un même lot, d’un poids moyen de 285 kg, sont prélevés dans le rectum en vue d’examens coproscopiques, deux fois à douze jours d’intervalle. Les poulains reçoivent de l’ivermectine per os, à la dose de 0,2 mg/kg pour un poids de 350 kg, après le premier prélèvement. Ces examens sont pratiqués selon la méthode de Mac Master. Les poulains qui excrètent encore des œufs douze jours après le traitement à l’ivermectine reçoivent du pyrantel per os à la dose de 13,2 mg/kg pour un poids de 350 kg, puis sont prélevés de nouveau douze jours plus tard. Avant le traitement à l’ivermectine, les onze yearlings excrétaient des œufs d’ascaris et après le traitement, cinq poulains étaient encore excréteurs. Le taux de réduction du nombre d’œufs est de 77,4 %. Douze jours après le traitement au pyrantel, les cinq yearlings excréteurs sont devenus négatifs.

Pratiquer des contrôles d’efficacité annuels dans les élevages à risque

Actuellement, il est admis que des taux de réduction du nombre d’œufs inférieurs ou égaux à 90 % correspondent à des populations vermineuses résistantes ou suspectées de l’être. Des études menées dans différents pays ont évalué l’efficacité de divers anthelminthiques sur Parascaris equorum chez des poulains. Elles montrent que, pour certaines de ces populations vermineuses, l’efficacité de l’ivermectine peut être faible (0 à 33,5 %), alors que le fenbendazole et le pyrantel restent régulièrement efficaces (90 à 100 %). Ces premiers résultats permettent d’attirer l’attention des professionnels sur les échecs possibles de certains traitements et sur l’intérêt de pratiquer des contrôles d’efficacité annuels dans les élevages à risque.

Adapter la prophylaxie en tenant compte des particularités spécifiques d’un élevage

La deuxième problématique, dans le domaine des résistances, est l’émergence de populations de cyathostomes résistantes. Une étude clinique, menée par Valérie Picandet, a cherché à estimer la prévalence des principaux helminthes digestifs dans deux élevages de chevaux de Basse-Normandie, ainsi que la présence de résistance envers quatre anthelminthiques couramment utilisés en pratique.

Pour cela, la quantité d’œufs par grammes de matières fécales (OPG) de Parascaris et de strongles est évaluée par la méthode de Mac Master sur les crottins de quarante-cinq poulinières et trente poulains sous la mère non vermifugés depuis au moins deux mois, dans deux élevages différents. Le même jour, chaque animal est traité avec l’un des quatre vermifuges suivants : l’un des deux benzimidazoles, l’oxybendazole ou le mébendazole, du pamoate de pyrantel, ou de l’ivermectine. Puis la coproscopie est répétée neuf à treize jours après le traitement. Pour chaque parasite, le pourcentage de réduction des œufs est calculé. Le vermifuge est considéré comme efficace quand le taux de réduction est supérieur ou égal à 90 %. Une résistance du parasite est suspectée lorsque ce taux est inférieur à 90 %. Dans le premier élevage, seule l’ivermectine se révèle efficace contre les strongles. En revanche, c’est le seul vermifuge pour lequel les Parascaris montrent une résistance. Dans le second élevage, le pyrantel est la seule molécule contre laquelle les strongles affichent une résistance, et les Parascaris sont sensibles aux quatre vermifuges testés.

Des cas de résistance des petits strongles aux benzimidazoles sont déjà recensés en France, mais la résistance au pyrantel, bien que connue dans d’autres pays, n’y était pas encore décrite. De la même manière, c’est la première fois qu’une suspicion de résistance des Parascaris à l’ivermectine est signalée dans l’Hexagone, alors qu’elle est déjà observée en Europe.

Ainsi, la coproscopie quantitative et l’évaluation du pourcentage de réduction des œufs sont des méthodes faciles à mettre en œuvre et à interpréter en pratique pour évaluer le statut parasitaire et adapter la prophylaxie en tenant compte des particularités spécifiques d’un élevage.

Ces deux études démontrent également l’intérêt d’alterner les molécules antiparasitaires, notamment chez les jeunes individus, afin de les traiter contre les petits strongles et les ascaris.

CONFÉRENCIÈRE

Claire Laugier, Laboratoire de pathologie équine de Dozulé (Calvados).

Article tiré de la conférence présentée lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) à Bordeaux, en novembre 2010.

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