En aviculture, plusieurs étapes président à la décision d’antibiothérapie - La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1430 du 17/12/2010

Filière avicole

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Lorenza Richard

La diversité des productions avicoles et la taille des lots traités nécessitent de connaître parfaitement les antibiotiques utilisés et les limites de leur emploi.

L’utilisation des antibiotiques en aviculture est complexe », a rappelé notre confrère Patrick Chabrollors des journées de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) en mai dernier. En effet, le choix d’un antibiotique dépend des conditions d’élevage (bâtiment fermé, volailles en plein air, par exemple) et de l’espèce considérée, qui déterminent à leur tour le délai d’attente et les contre-indications. « Chaque espèce (voire chaque type de production) possède des caractéristiques qui lui sont propres, rendant impossible la généralisation des connaissances acquises dans l’une d’entre elles à toutes les autres », a précisé notre confrère. C’est pourquoi le choix de l’antibiotique à utiliser s’effectue au terme d’une démarche diagnostique rigoureuse, selon plusieurs étapes à respecter.

La démarche diagnostique commence par une écoute attentive de l’éleveur

La première phase consiste à écouter attentivement l’éleveur. Par exemple, savoir si les volailles sont mortes rapidement ou non permet d’éliminer plusieurs hypothèses diagnostiques.

Avant d’examiner les animaux, le praticien consulte les résultats techniques afin de les comparer à ceux des mois, voire des années qui précèdent. Il peut ainsi déterminer si, le cas échéant, la mortalité constatée est considérée comme normale ou effectivement due à une maladie, tout en tenant compte de l’expérience et des objectifs de l’éleveur. « Le taux de mortalité réel est parfois plus élevé que ce qu’affirme l’éleveur, ce qui rend la consultation des résultats essentielle », a souligné Patrick Chabrol.

L’observation des animaux et de leur lieu de vie est également capitale. Sont notés les problèmes de chauffage, d’abreuvement, l’état du matériel, l’aspect de la litière, etc. Les volailles doivent tout d’abord être observées de loin, afin d’évaluer leur état d’emplumement et la façon dont elles se déplacent. « Il ne sert à rien de rester peu de temps et de marcher entre elles, sinon toutes se lèvent et aucune n’a l’air malade. C’est en s’asseyant dans un atelier qu’on peut observer ce qui se passe réellement », conseille notre confrère.

Ensuite, il convient d’examiner les animaux de près. Les palper, voire les peser, permet notamment de mettre en évidence une maigreur qui peut être cachée par les plumes et d’affiner les posologies. Des lésions ou des symptômes non détectés lors de l’observation à distance sont ainsi recherchés. D’après les différents signes cliniques relevés, un diagnostic différentiel des affections possibles est établi. Puis, selon le tableau lésionnel observé, les prélèvements ou les oiseaux à expédier au laboratoire d’analyses sont choisis, en vue d’établir un diagnostic et/ou de mettre en évidence un agent bactérien et faire alors réaliser son antibiogramme.

L’antibiogramme guide le choix de l’antibiotique, mais ne suffit pas

Le vétérinaire peut alors décider d’utiliser, ou non, un antibiotique. La sensibilité du germe, donnée par l’antibiogramme, guide le choix de la molécule, mais cela ne suffit pas. Le praticien doit s’assurer que le micro-organisme sera atteint dans l’organe, et dans le compartiment (intracellulaire ou extracellulaire) où il se trouve. Selon les données pharmacocinétiques (distribution, élimination, demi-vie plasmatique, propriétés physico-chimiques, etc.) et pharmacodynamiques (concentration minimale inhibitrice, efficacité, dépendance du temps ou de la concentration, délai d’attente, etc.) de l’antibiotique, le choix est effectué.

Toxicité, antibiorésistance et coût sont pris en compte

L’éventuelle toxicité doit alors être estimée (l’injection de colistine comporte, par exemple, un risque néphrotoxique non négligeable).

Le développement de résistances (tout particulièrement celles des colibacilles vis-à-vis des fluoroquinolones et des céphalosporines) ou d’interactions médicamenteuses (monensin avec tiamuline, par exemple) est également un risque à prendre en compte.

Pour ce dernier point, le praticien doit se renseigner avant de prescrire sur le type d’aliment et les éventuelles supplémentations en coccidiostatiques, le cas échéant, pour s’assurer que le traitement administré ne comporte pas de contre-indication. En outre, son coût doit entrer en ligne de compte, selon la perte de production estimée et la valeur des animaux. Il ne peut en effet pas être le même chez le poulet de quatre semaines que chez les dindes reproductrices notamment, abattues beaucoup plus tard.

La prescription doit être claire et suivie pour assurer une bonne observance

La dernière étape est celle de la prescription. Le dosage doit tenir compte de l’âge des animaux et de leur production, de leur état immunitaire et/ou de la dégradation de certains organes. Par exemple, le surdosage est fréquent chez les jeunes volailles, et les poules pondeuses sont souvent atteintes de stéatose hépatique qui ne leur permet pas de dégrader les molécules dans les meilleures conditions. Le praticien doit impérativement connaître les délais d’attente, particulièrement chez les volailles à courte durée de vie, ou suivant les cahiers des charges, notamment en poulets Label rouge, pour lesquels tout traitement est interdit dix jours avant l’abattage, quel que soit le temps d’attente du médicament.

En outre, la prescription doit être claire. Si elle est difficilement mise en pratique par l’éleveur, un suivi est nécessaire pour que le praticien s’assure de l’observance du traitement qu’il a mis en place (solubilité, vitesse de distribution).

Ces étapes peuvent paraître compliquées à mettre en œuvre. Toutefois, elles sont indispensables, et l’expérience du praticien est importante. « Chez les volailles, le traitement individuel n’existe pas. Le praticien doit donc être certain de ce qu’il fait, aussi bien pour les animaux que pour les consommateurs, pour lesquels le produit devra être garanti sans résidus », souligne Patrick Chabrol. Dans de nombreuses productions (poules pondeuses, volailles sous signe de qualité, cahiers des charges biologiques), la règle sera d’éviter tout traitement médicamenteux et de renforcer les plans de prophylaxie médicale (vaccinations) et sanitaire (biosécurité, hygiène, désinfection, vide sanitaire, bande unique).

CONFÉRENCIER

Patrick Chabrol, praticien à Bourg-en-Bresse (Ain), commission aviaire de la SNGTV.

Article rédigé d’après la conférence « Intérêts et dangers de l’antibiothérapie en aviculture », présentée aux journées nationales de la SNGTV à Lille (Nord), en mai 2010.

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