Quatre confrères ont opté pour la reconversion dans des domaines très divers - La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010

Témoignages

À la une

Auteur(s) : V. C.

Gilles Nicolle (L 83), concepteur de mobilier vétérinaire

La Semaine Vétérinaire : En quoi consiste votre métier ?

Gilles Nicolle : J’ai créé la société GN Innovation, qui propose du mobilier conçu spécifiquement pour les structures vétérinaires. Cela va des éléments de rangement au matériel plus technique, comme des chariots adaptés à chaque domaine (anesthésie, imagerie, consultation, etc.), modulables et évolutifs. La gamme s’étoffera à l’avenir avec des systèmes ergonomiques originaux destinés à répondre aux besoins spécifiques de notre profession. Je porte plusieurs casquettes : concepteur, chercheur de fournisseurs, commercial. Je me déplace chez les confrères pour étudier leurs besoins et leur proposer du mobilier sur-mesure.

S. V. : Quel est votre parcours et pourquoi arrêter l’exercice vétérinaire ?

G. N. : Sorti de l’ENV de Lyon en 1983, et après une formation complémentaire au Canada, j’ai créé ma clinique en 1989. Sa conception reprenait des idées alors nouvelles en France, comme l’importance accordée à la salle de soins. Passionné par l’architecture, le design et l’ergonomie, j’ai suivi une formation d’ébéniste en 2005 et, depuis trois ans, je me consacre à la conception de systèmes de rangement et de chariots dont la commercialisation débutera au premier trimestre 2011.

S. V. : Comment assurez-vous financièrement votre reconversion ?

G. N. : En 2005, j’ai quitté ma clinique et je suis actuellement collaborateur libéral dans plusieurs structures, ce qui me permet de garder le contact avec la pratique et m’assure des revenus.

Diverses aides régionales m’ont permis de créer la société et, à court terme, je mènerai de front les deux activités. Par la suite, mon évolution professionnelle dépendra de la progression de cette nouvelle activité passionnante.

Arnaud Greth (N 86), président de Noé Conservation

Déjà à l’ENV de Nantes, notre confrère est passionné de nature au sens large. Il y crée le Centre de soins pour la faune sauvage, préside le Club d’ornithologie de l’école et s’engage dans l’écologie politique en créant Nantes Ecologie… au détriment des matières fondamentales de la médecine vétérinaire. « Dès la “prépa”, je savais que je ne serai jamais praticien, mais, touché par le syndrome Daktari, j’ai tout de même choisi la formation vétérinaire. » Si elle ne lui donne pas satisfaction dans sa soif de connaissance de la faune sauvage (« elle enseigne une approche trop causale, à l’inverse de l’écologie qui est systémique ») et s’il juge la profession repliée sur l’animal domestique, ce cursus lui permet tout de même d’acquérir une solide base en biologie. « C’est aussi une formation qui apprend à travailler et à être performant, à prendre des décisions, sans compter le prestige du titre de vétérinaire, qui ouvre des portes. » En sortant de l’école, il enchaîne sur un diplôme d’études approfondies d’écologie animale à l’Ecole normale supérieure. Il occupe ensuite différents postes qui lui feront faire le tour du monde des espèces menacées. Il sera notamment directeur scientifique de la section française du World Wide Fund for Nature (WWF). En 2001, il crée l’association Noé Conservation (www.noeconservation.org), dont le credo est de sauvegarder la biodiversité. Son quotidien est aujourd’hui fait de management (il dirige dix personnes, mais aucun vétérinaire, à son grand regret), de suivi de projets et de recherche de financements. Si les connaissances acquises sur les bancs de l’école ne lui servent plus beaucoup aujourd’hui, il ne regrette pas sa formation, qui « l’a tiré vers le haut en termes d’ambition et de rêve ».

Robert Torres (L 83), professeur de SVT

La Semaine Vétérinaire : Quel est votre parcours ?

Robert Torres : A la fin de mes études, je suis parti en coopération au Paraguay en tant que professeur de physiologie animale dans une école vétérinaire. Malheureusement, j’étais en fait rattaché au service culturel de l’ambassade de France, et sous-employé. A la fin de ma mission, je me suis renseigné pour exercer le métier de vétérinaire au Paraguay, mais mon diplôme n’y était pas reconnu. J’ai donc exercé pendant huit ans différents métiers : professeur de maths et de biologie dans un collège français, gérant d’une chambre de commerce, administrateur d’une estancia. En parallèle, j’ai fondé une famille.

S. V. : Comment s’est passé votre retour en France ?

R. T. : J’ai souhaité exercer comme vétérinaire, mais je manquais d’expérience. Un confrère a accepté de me remettre le pied à l’étrier en me laissant l’observer, puis un autre m’a confié les gardes de sa clinique. J’ai ensuite été salarié dans une autre clinique et, au bout de quatre ans, je me suis renseigné pour racheter une clientèle, mais je manquais de fonds et de motivation.

S. V. : Vers quel métier vous êtes-vous orienté ?

R. T. : Je me suis rappelé mon métier d’enseignant au Paraguay, expérience qui m’avait plu. J’ai alors suivi un cursus de trois ans de biologie et de géologie avec le Centre national d’enseignement à distance et à l’université. J’ai obtenu l’agrégation et exerce depuis 1998 comme professeur de sciences de la vie et de la terre. Mon seul regret est de ne pas m’être assez investi dans mes études vétérinaires, mais je suis cependant un “reconverti” heureux.

Marc Traverson (A 89), coach et consultant en management

Si son attrait pour la biologie a été déterminant pour suivre la formation vétérinaire (« et aussi pour l’aspect libéral »), Marc Traverson se découvre une vocation pour le journalisme à l’ENV d’Alfort. C’est là qu’il prend pour la première fois la plume, pour ne plus la quitter. A l’époque, il s’occupe du journal interne de l’école. Son diplôme en poche, il fait ses armes dans la presse vétérinaire, puis généraliste, notamment au magazine Le Point. Puis, après une expérience comme directeur marketing dans le domaine de l’Internet, et plusieurs formations en management, il s’installe comme consultant et coach professionnel.

Aujourd’hui, il est associé chez Acteüs, un cabinet de conseil en management qui intervient au sein d’entreprises (parfois vétérinaires) et de collectivités. Marc n’a pas pour autant délaissé l’écriture. Il anime un blog (www.troisiemevoie.com) et son dernier livre aborde les transitions professionnelles(1). « J’ai opté pour le cursus vétérinaire par méconnaissance », souligne-t-il. Mais « c’est une formation qui apprend à apprendre, et c’est toujours utile », reconnaît-il, sans regret.

  • (1) Lettre à ceux qui ont momentanément perdu leur emploi, être prêt à saisir sa chance, aux éditions Payot.

Evolpro, un outil pour les vétérinaires

L’association Vétos-Entraide a mis en place un groupe de travail sur l’évolution professionnelle (de l’entrée dans le métier par les stages jusqu’à la retraite, en passant par les reconversions et les accidents de la vie). Elle offre deux principaux outils d’aide : une base de données, qui recense des témoignages de confrères qui ont changé de voie, et des accompagnements, réalisés avec notre confrère Gil Wittke, aujourd’hui psychologue social et coach, qui connaît bien les problématiques de la reconversion vétérinaire.

Contact : ve.evolpro@ml.free.fr ou cve@clubvet-entreprises.eu

V. C.

Les vétérinaires vus par les professionnels du travail

Une enquête, menée par le Club vétérinaires et entreprises (CVE) auprès des directions de ressources humaines et des cabinets de recrutement, dresse le portrait type des vétérinaires :

• Qualités :

– dynamisme et enthousiasme ;

– aisance relationnelle et à l’oral ;

– solide bagage scientifique ;

– forte capacité de travail mené de manière méthodologique ;

– aptitude à gérer les priorités et à travailler dans l’urgence, tout en ayant une vue globale des données ;

– une tête assez bien faite, pas trop pleine pour ne pas l’avoir trop grosse ;

– un esprit pratique, concret, mesuré et pragmatique.

• Défauts :

– manque de formalisme et d’aisance à l’écrit ;

– manque d’aptitude à travailler en groupe ;

– difficulté à supporter la hiérarchie ;

– manque de diplomatie ;

– manque de patience dans les processus longs de décision ;

– manque d’ambition (par rapport à d’autres diplômés en concurrence sur certains postes).

V. C.
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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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