Les pertes indirectes induites par la douleur coûtent plus cher que son traitement - La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010

Sommet de l’élevage. Bien-être animal

Actualité

Auteur(s) : Serge Trouillet

Les éleveurs sont sensibilisés au coût du traitement et de l’absence de prise en compte de la douleur.

L’utilité de la thérapie de la douleur chez les bovins(1) est démontrée. Mais quel est son impact économique pour l’éleveur ? Notre confrère Christian Guidarini, responsable technique et développement chez Boehringer Ingelheim, en a décliné les bénéfices, à travers les exemples de la césarienne et de l’écornage, lors d’une conférence au Sommet de l’élevage.

Pour l’éleveur, la notion de bien-être animal est souvent synonyme de contraintes liées à la législation européenne. Pour autant, les mises aux normes effectuées depuis une vingtaine d’années à cet égard produisent leur effet. Les conditions d’élevage s’améliorent constamment, notamment grâce aux stabulations modernes : les animaux produisent davantage, la fréquence de vaches avec de gros genoux ou de gros jarrets diminue, il y a beaucoup moins de torsions utérines, de cétoses, de diarrhées et de maladies respiratoires chez les veaux. Les contraintes sont donc assorties de bénéfices dont chacun profite.

Les problèmes de santé ont un prix, d’où l’intérêt d’une étude récente sur les coûts moyens des maladies dans les élevages, toutes affections confondues. Celle-ci montre que, quelle que soit la maladie, les coûts directs (appel du vétérinaire, traitement, etc.) ne sont responsables que du tiers des frais généraux. Les deux tiers restants sont liés à des pertes de production. Il n’est pas facile de déterminer la part qui revient à la douleur. Cela dépend de l’affection, de l’animal, de l’élevage. Elle est cependant indubitable. Si la douleur est prise en charge avec un analgésique, on estime aujourd’hui que le coût supplémentaire induit est certainement inférieur au bénéfice, grâce à la diminution des pertes qu’elle occasionnera. Les éleveurs ont, à cet égard, des progrès à faire : un tiers d’entre eux considèrent que le traitement antibiotique soulage la douleur.

Dans le cas de la césarienne, les bénéfices sont loin d’être négligeables

La césarienne, par exemple, est un acte aujourd’hui considéré comme courant. Plus de trois cent mille sont pratiquées chaque année en France. Il y a vingt ou trente ans, cet acte était bien plus chronophage et coûteux. Mais le fait d’être devenu aussi courant maintenant signifie-t-il qu’il est sans douleur ? En la matière, la perception de la souffrance est toute subjective et influencée par l’habitude. Les résultats d’un questionnaire(2) envoyé à dix mille éleveurs français sur le sujet montrent que, sur une échelle de 0 à 10, leur niveau de perception de la douleur associée à la césarienne est de 5,8 quand il est par exemple de 8,3 pour une fracture. Or, la première est sans doute aussi douloureuse que la seconde. Cette perception est d’ailleurs différente d’un pays à l’autre si l’on considère que, dans la plupart des Etats européens, la totalité des césariennes sont effectuées sous analgésie (AINS pour moins de 10 % en France).

Les bénéfices à tirer d’une prise en charge de la douleur, lors d’une césarienne, sont loin d’être négligeables : meilleur démarrage de la lactation, moins de risques de complications au niveau de la plaie (ce qui limite les abcès et les soins successifs), moins d’affections de la matrice (donc une insémination plus précoce), instinct maternel plus développé, meilleure adoption du veau, etc. Sans oublier que la récupération clinique, plus rapide, permet une meilleure alimentation, donc un retour de la productivité optimale plus précoce.

Ecornage : quand l’intérêt économique rejoint la préoccupation sociétale

A la différence de la césarienne, l’écornage concerne le plus souvent davantage l’éleveur que le vétérinaire. En Europe, il est autorisé sans anesthésie jusqu’à quatre semaines d’âge. Néanmoins, plusieurs pays européens ont adopté une réglementation plus contraignante qui sera sans doute imitée sur l’ensemble du continent.

Si l’analgésie est importante, la technique utilisée ne l’est pas moins. Aujourd’hui, la méthode thermique, reconnue comme la plus efficace, est recommandée. Si elle est bien effectuée, plus rien ne pousse. Elle suscite moins de douleurs chroniques que les autres. Prendre en charge la douleur lors de cet acte élimine presque complètement les modifications comportementales et zootechniques qui, sans cela, interviennent et persistent jusqu’à quarante jours après l’écornage. Autant de manque à gagner…

L’intérêt économique rejoint en conséquence la préoccupation sociétale, d’autant que les médicaments sont aisément accessibles et peu onéreux. Leur utilisation permet d’interagir normalement avec les animaux après l’écornage. Par ailleurs, s’il est important de traiter l’analgésie après l’intervention, cela l’est aussi au moment de la contention, tant pour le confort de l’homme que pour celui de l’animal. C’est le rôle des anesthésiques locaux (lidocaïne), voire généraux (α2-agonistes). Dans tous les cas, l’éleveur est le mieux placé pour détecter les signes de douleur chez ses animaux, sachant que les bénéfices de son traitement, par ses soins ou par ceux de son vétérinaire, seront généralement plus importants que les coûts directs à supporter.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1428, du 3/12/2010, pp. 30-31.

  • (2) O. Roger, enquête sur les attitudes des éleveurs de bovins vis-à-vis de la détection et de la prise en charge de la douleur, thèse Nantes 2008.

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