Le scanner est plus polyvalent et moins onéreux que la résonance magnétique - La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010

Imagerie médicale. Les dix ans du CIMV de Boulogne

Actualité

Auteur(s) : François Jacquet

Cet examen permet l’exploration du thorax, de l’abdomen et des os.

En 2000, le Centre d’imagerie médicale vétérinaire (CIMV) de Boulogne fait l’acquisition du premier scanner hélicoïdal utilisé en France dans le domaine vétérinaire. Il permet l’exploration, entre autres, du thorax, de l’abdomen, des tissus mous et du rachis. En 2010, le bilan de cette décennie d’expérience, qui représente quelque dix mille animaux, a fait l’objet d’une conférence organisée par Olivier Keravel (CIMV de Boulogne), le 30 novembre dernier au Musée des années 30 de Boulogne-Billancourt, privatisé pour l’occasion.

Une “explosion” du nombre de scanners dans les cliniques vétérinaires

Notre confrère a présenté les indications du scanner et sa place vis-à-vis de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Ces dernières années, le nombre de structures vétérinaires équipées de scanners a explosé en France (vingt-cinq sont en activité et bientôt une trentaine), en raison du développement d’un matériel toujours plus adapté, de la baisse des prix, de la possibilité de se former et de la sensibilisation à la fois des vétérinaires et des clients.

La neurologie et la cancérologie représentent 70 % des indications du scanner de Boulogne, suivies par les cavités nasales, les oreilles, le thorax et l’exploration des traumatismes et des fistules. Les rares données comparatives entre le scanner et l’IRM en médecine vétérinaire concernent le rachis, les cavités nasales et les bulles tympaniques. Ces données sont issues de séries essentiellement réalisées avec l’IRM de haut champ, qui ne peuvent être extrapolées formellement à celle de bas champ. Or, sur la dizaine d’appareils d’IRM vétérinaire installés en France, un seul est de haut champ (à Saint-Germain en Laye(1)). « Seule l’IRM de haut champ apporte un réel plus par rapport au scanner, grâce à une vitesse d’acquisition beaucoup plus courte et à une meilleure qualité d’image », a indiqué Olivier Keravel. Cependant, sa disponibilité reste limitée en raison de son coût.

Le scanner est l’examen de choix pour l’exploration de l’encéphale et du rachis

Lors de l’exploration de l’encéphale, bien que le scanner puisse entraîner une sous-estimation de la lésion (tumeur), elle n’en est pas moins identifiée et le diagnostic établi (accident vasculaire, néoplasie). Une lésion inflammatoire n’est parfois pas visualisable, mais les commémoratifs et la ponction de liquide céphalo-rachidien sont, dans de tels cas, indispensables pour aboutir au diagnostic. Les artefacts sont fréquents lors d’exploration de la fosse postérieure, mais ne gênent pas nécessairement le diagnostic.

Bien que la visualisation du tissu cérébral soit meilleure avec l’IRM, le scanner reste un examen de choix en première intention, car il conduit le plus souvent à un diagnostic et rapidement. Ce dernier élément est important à prendre en compte, car une anesthésie longue est délétère en cas de souffrance cérébrale.

Le scanner constitue aussi l’examen de choix dans l’exploration du rachis. Il est diagnostique dans la plupart des cas. Lors de suspicion de hernie discale, l’IRM peut entraîner une surinterprétation. De plus, l’exploration d’une zone étendue du rachis est longue et délicate avec l’IRM de bas champ. Une myélographie ne doit plus être entreprise que dans un cadre d’urgence, lors de déficit de la sensibilité profonde, lorsqu’une intervention chirurgicale immédiate est nécessaire et la réalisation d’un scanner difficile. Dans certains cas, comme lors d’une suspicion d’hydro-syringomyélie, d’atrophie cérébelleuse ou de kyste arachnoïdien, l’IRM peut être proposée en première intention.

Le scanner permet de visualiser des métastases dès 1 mm de diamètre

En cancérologie, le scanner est l’examen de première intention de par sa supériorité topographique, fondamentale pour le chirurgien et le radiothérapeute. Aucune étude ne prouve une supériorité de l’IRM dans l’exploration des masses des tissus mous quant à la qualité du diagnostic et a fortiori la survie des animaux. La réalisation d’un bilan d’extension, notamment la recherche d’éventuelles métastases pulmonaires, est une étape cruciale pour sélectionner les cas éligibles au traitement anticancéreux. L’appareil d’IRM de bas champ ne permet aucune exploration du thorax. Le scanner, simple et rapide, permet la visualisation de métastases à partir de 1 mm de diamètre, au lieu de 7 à 9 mm avec la radiographie. Une étude de 2006 menée sur dix-huit chiens montre que, dans près de 90 % des cas, les métastases identifiées au scanner sont invisibles à la radiologie.

En tomodensitométrie, l’arthroscanner et l’angio­scanner, en particulier pour l’exploration des shunts porto-systémiques intrahépatiques et des thrombo-embolies pulmonaires, sont des techniques d’avenir. La coloscopie et la thoracoscopie virtuelles sont en voie de développement en médecine humaine. Le petscan, qui permet de coupler scanner et scintigraphie, reste encore inaccessible en raison de la nécessité de l’utilisation de métabolites spécifiques de la tumeur suspectée.

A l’heure actuelle, le scanner reste donc plus rapide, polyvalent (thorax, abdomen et os) et moins cher que l’IRM. Il est idéal en première intention en médecine et chirurgie vétérinaires. L’IRM est compétitive en termes de qualité d’image sur le tissu nerveux, mais l’impact réel sur la thérapeutique de cet avantage est relatif avec des appareils de bas champ. Seule l’IRM de haut champ apporte un indéniable plus par rapport au scanner, mais son coût trop élevé la rend encore difficilement rentabilisable à ce jour.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1353 du 27/3/2009 en page 22. Voir aussi la présentation de la radiologie numérique ainsi que le tableau des examens d’imagerie selon les structures anatomiques sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’article”.

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