La SNGTV reçoit le grand prix Bourgelat pour son action professionnelle dans le monde rural

L’Académie vétérinaire de France a organisé sa 77^e séance solennelle, le 2 décembre dernier au Palais du Luxembourg à Paris. Cet événement bisannuel permet de réunir les représentants des organismes auxquels l’académie est liée. Son président, Henri Brugère, a rappelé que depuis dix ans, l’institution a amorcé un profond renouvellement afin de modifier l’image de club fermé qu’on pouvait lui prêter. Dressant le bilan des travaux académiques des deux années écoulées⁽¹⁾, notre confrère a souligné une « évolution tendant à minimiser l’importance des activités de notre profession en faisant disparaître le mot “vétérinaire” des institutions publiques ». Le changement de nom de deux écoles et l’exclusion des vétérinaires par le ministère de la Santé de la formation à la biologie clinique en sont deux illustrations. Selon Henri Brugère, cette situation est « un paradoxe, alors qu’en 2011, le monde entier s’apprête à célébrer le 250^e anniversaire de la création de la première école vétérinaire à Lyon ».

La SNGTV distinguée pour son rôle moteur au sein d’un monde rural en mutation

La séance solennelle est aussi l’occasion pour l’académie de distinguer⁽²⁾ des publications d’intérêt vétérinaire (voir encadré). Parmi les seize prix remis, le plus honorifique, le grand prix Claude Bourgelat, a été attribué à la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) « en reconnaissance de la place qu’elle a tenue et tient dans la profession ». « Les Groupements techniques vétérinaires ont été le moteur de l’adaptation sur le terrain à la mutation du monde rural. Ils ont réussi dans ce rôle qui n’est pas placé à l’enseigne de la facilité », a souligné Henri Brugère en remettant le prix à son confrère Christophe Brard, président de la SNGTV.

L’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), représentée par son président Eric Guaguère, a quant à elle profité de ce rassemblement pour honorer l’académicien Claude Milhaud qui a contribué à rapprocher les organisations techniques vétérinaires et l’Académie vétérinaire de France. Sous son impulsion, l’académie a plus largement ouvert ses portes aux praticiens⁽³⁾. L’intéressé a néanmoins regretté que les praticiens ruraux ne soient pas encore représentés aux côtés de leurs confrères canins et équins. « Nous comprenons que, par définition, les ruraux soient éloignés de l’académie et qu’ils préfèrent être membres correspondants plutôt que titulaires, mais pour la représentativité sociétale de l’institution, ils nous sont indispensables », a insisté Claude Milhaud. Christophe Brard a pris acte de l’invitation et a promis d’œuvrer pour que « les forces vives des ruraux » rejoignent l’académie au cours des prochaines années.

Yves Coppens évoque les civilisations du mammouth, du renne et du phoque

La traditionnelle conférence de prestige était animée cette année par Yves Coppens. Le célèbre paléoanthropologue avait choisi d’évoquer des cultures de la Préhistoire marquées par leur proximité avec certains mammifères et dont l’exploitation inventive de leurs viandes, peaux ou os n’a visiblement pas à pâlir devant nos productions animales contemporaines. Avec l’art de la narration qu’on lui connaît, agrémenté d’anecdotes personnelles, Yves Coppens a ainsi évoqué les civilisations dites du mammouth (en Europe orientale), du renne (en Europe paléolithique) et du phoque (chez les premiers Groenlandais). Sachant qu’il avait affaire à des esprits pragmatiques, l’infatigable chercheur des origines de l’homme n’a pas manqué d’apporter quelques poils et une molaire de mammouth. Ces vestiges vieux de vingt mille ans ont circulé dans l’assistance, réveillant un peu de l’émerveillement enfantin qui présida sans doute à nos vocations.

• (1) Les rapports et les avis de l’académie sont consultables à l’adresse : http://www.academie-veterinaire-defrance.org/avis.html

• (2) Le palmarès entier ainsi que des photos de la remise des prix sont consultables sur WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire” puis “Compléments d’article”.

• (3) Ils n’étaient que quatre en 2002 (toutes spécialités confondues) ; ils sont quatorze aujourd’hui.