L’organisation sanitaire française préoccupe les inspecteurs vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010

Maisons-Alfort. Assemblée générale du SNISPV

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Leur syndicat ne croit pas en la politique sanitaire menée par les pouvoirs publics.

Nous paierons un jour les décisions adoptées aujourd’hui sous l’emprise d’une idéologie ultralibérale qui veut la mise en concurrence généralisée de la sécurité sanitaire. » Pour son discours devant l’assemblée générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), le 1er décembre dernier, Benoît Assemat, son président, très en verve, ne pouvait manquer d’étriller la politique sanitaire menée par les pouvoirs publics, ainsi qu’il le fait depuis plusieurs années. Mais, une fois n’est pas coutume, il a commencé par égrener les quelques avancées positives engrangées ces derniers mois, toutes issues, selon lui, « de la mobilisation de juillet 2009 » lors de laquelle plusieurs centaines de membres du syndicat avaient manifesté sous les fenêtres de Bruno Le Maire, rue de Varenne, avant de le rencontrer dans son bureau. La mobilisation peut parfois se révéler payante. La mise à niveau du statut des inspecteurs en santé publique vétérinaire, pour le calquer sur celui des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, notamment en termes de traitement, est désormais actée. Un décret devait être publié courant 2011.

Deux points noirs : le système sanitaire et les abattoirs

« Un nouveau cadre d’emploi des contractuels a été obtenu », se félicite encore Benoît Assemat, qui souligne l’action du syndicat dans la volonté du ministère de mettre en place des référents techniques vétérinaires au sein des Directions départementales interministérielles. Une bonne nouvelle dans une Réforme générale des politiques publiques (RGPP) qu’il juge globalement « catastrophique ». « Nous avons perdu exactement cinq cent neuf emplois en cinq ans et cent dix-sept départs sont programmés en 2011. Cette réduction massive des emplois publics a détérioré l’organisation sanitaire et provoque le désenchantement des agents sur le terrain. Désormais, aucun pays européen ne fonctionne avec aussi peu de vétérinaires officiels que nous. Pourtant, nous avons cru aux principes de la RGPP, au recentrage de l’Etat, à une redéfinition de ses fonctions. Mais rien. Le double pilotage local et régional est toujours là, les tâches administratives s’empilent, les moyens opérationnels s’effondrent, le système n’est plus efficace. » Benoît Assemat regrette le nouveau changement de cap sur la vaccination contre la fièvre catarrhale ovine (FCO), devenue facultative. « Pourtant, l’Agence nationale de sécurité sanitaire estime qu’il faudrait au moins 80 % de vaccinations pour maintenir la situation. Tous les inspecteurs en santé publique vétérinaire savent que l’on ne dépassera pas les 20 % dans cette campagne. »

Autre point noir : les inspections en abattoirs. Les réflexions actuelles sur l’évolution et l’adaptation du dispositif sont conduites, selon Benoît Assemat, à l’a une des modèles néerlandais et anglais, deux pays qui ont privatisé les inspections. « L’aveuglement des pouvoirs publics sur la sécurité sanitaire est total. Désormais, seule une crise pourra leur ouvrir les yeux, ce que je regrette », a-t-il conclu.

Les crédits alloués à la sécurité sanitaire augmentent de 2 %

Après un tel réquisitoire, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Jean-Marie Aurand, venu représenter Bruno Le Maire a eu bien du mal à défendre son bilan. « Je suis en désaccord avec cette vision bien sombre de la réforme de l’Etat. La nouvelle organisation est en place et, même s’il y a toujours quelques difficultés, elle fonctionne », a-t-il souligné, déclenchant l’hilarité dans la salle. Jean-Marie Aurand, n’a pas répondu directement aux inquiétudes de Benoît Assemat, expliquant notamment que le dossier des abattoirs était en cours de réflexion. Il est passé rapidement aux bonnes nouvelles : crédits consacrés à la sécurité sanitaire en hausse de 2 %, renouvellement de tous les départs en retraite dans le corps des inspecteurs en santé publique vétérinaire en 2011, promesse de « bénéfices catégoriels », notamment d’une hausse des revenus, en contrepartie de la baisse des effectifs ces dernières années. Etait-ce le froid qui enveloppait Maisons-Alfort ce 1er décembre ou la bonhomie de Jean-Marie Aurand ? La fin de l’assemblée générale du SNISPV avait bien un petit air de Noël, avec sa distribution de cadeaux. Les emballages brillent. Il faudra vérifier les contenus.

La fin des carrières linéaires

« Face à la globalisation, à la montée en puissance des attentes des Français en matière d’alimentation ou d’environnement, l’Etat a besoin de cadres de haut niveau, d’experts, pour maintenir son rôle de régulateur. Les inspecteurs en santé publique vétérinaire ont toute leur place au ministère de l’Agriculture, aussi bien que dans d’autres ministères, assure Jean-Marie Aurand. Mais cela en est terminé des carrières linéaires. On va vous demander d’être mobiles géographiquement, mais aussi dans vos têtes, d’acquérir des expériences diversifiées. Notre réflexion sur les parcours professionnels en vue d’une interministérialité croissante devrait aboutir début 2012. »

Cela tombe bien. Une enquête effectuée auprès des inspecteurs en santé publique vétérinaire montre leur besoin d’évoluer, leur envie d’accepter des postes à responsabilité, quitte à bouger géographiquement. « L’essaimage des ISPV hors des services vétérinaires est une vraie évolution du métier », a souligné Olivier Faugère, directeur de l’Ecole nationale des services vétérinaires (ENSV), évoquant notamment la mise en place d’une formation à l’analyse des politiques publiques en partenariat avec Sciences-Po Lyon. Le recrutement au sein de l’ENSV sera simplifié et élargi aux ingénieurs et aux diplômés des grandes écoles scientifiques.

N. F.
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