Plusieurs facteurs interviennent dans la mortalité des huîtres creuses

Depuis 2008, des mortalités massives et foudroyantes d’huîtres creuses (Crassostrea gigas) sont recensées en France et, dans une moindre mesure, en Irlande et au Royaume-Uni. Les surmortalités surviennent à la fin du printemps et se prolongent en période estivale. Elles affectent principalement les naissains, les huîtres de moins d’un an. En quelques jours, les taux de mortalité peuvent atteindre plus de 80 % dans cette catégorie d’animaux.

L’Ifremer surveille de près le phénomène, d’un point de vue étiologique et épidémiologique. Deux types d’organismes pathogènes, seuls ou en synergie, semblent jouer un rôle prépondérant sur les mortalités, en particulier un variant de l’herpès virus OsVH-1 (OsVH-1 µvar) et des bactéries du genre Vibrio. Leur expression semble être liée à des facteurs environnementaux comme l’élévation de la température des eaux côtières, ainsi qu’à des facteurs physiologiques, immunologiques et génétiques de l’animal.

Le transfert d’huîtres représente le risque majeur de distribution d’agents pathogènes

Ces organismes pathogènes sont connus depuis de nombreuses années pour être associés à des phénomènes de mortalité dans le milieu. Leur propagation se fait principalement par une pratique d’élevage typiquement française, les transferts d’huîtres intrabassins et interbassins. Les naissains sont produits soit dans des zones de captage telles que Marennes-Oléron et Arcachon, les deux principaux sites français où les conditions environnementales permettent une reproduction naturelle de l’huître, soit dans des écloseries (établissements aquacoles). Ils sont ensuite transférés vers d’autres bassins d’élevage, dans lesquels les conditions de croissance sont satisfaisantes. Les échanges se font entre régions, mais aussi entre pays européens. Les huîtres sont ensuite transférées une nouvelle fois avant leur commercialisation. Elles “voyagent” donc au moins deux fois, voire davantage.

Chez les mollusques marins, les possibilités de traitement sont réduites. En effet, il est impossible de pratiquer des vaccinations (absence d’anticorps) ou de procéder à l’éradication des agents pathogènes dans un milieu ouvert comme la mer. Le contrôle des mortalités repose donc essentiellement sur des actions préventives. En début d’année, des mesures ont été prises au niveau européen⁽¹⁾, avec notamment une interdiction de mouvements d’huîtres issues de zones atteintes de surmortalité vers l’extérieur. Les recherches de l’herpès virus OsVH-1 µvar sont alors systématiquement réalisées. Selon la directive européenne 2006-88, un système de traçabilité des huîtres doit aussi se mettre en place.

• (1) Règlement de la Commission du 2/3/2010 relative aux mesures de lutte contre la surmortalité des huîtres de l’espèce Crassostrea gigas.