Les gestes techniques chez le hérisson nécessitent de connaître ses spécificités - La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010

Dominantes pathologiques d’une espèce

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Florine Popelin-Wedlarski

Fonctions : chargée de consultation au Centre d’accueil de la faune sauvage de l’école d’Alfort.

Le hérisson d’Europe accueilli par le vétérinaire est soigné dans l’optique d’un relâcher dans la nature. La connaissance de ses particularités anatomiques et physiologiques aide à réaliser ces premiers soins.

Les premiers soins à apporter à un hérisson en détresse sont classiques : l’animal est placé au chaud et au calme, réchauffé à l’aide d’une bouillotte si nécessaire, et réhydraté. En revanche, un animal trouvé en hiver dormant sous un tas de feuilles ou de bois ne doit pas être réchauffé, mais replacé au plus vite dans son nid afin de poursuivre son hibernation. Tout réchauffement intempestif entraîne une énorme perte d’énergie qui peut être préjudiciable pour la suite de l’hibernation.

Les injections sous-cutanées et intramusculaires sont possibles

La réhydratation s’effectue le plus souvent par voie sous-cutanée : il suffit de tirer légèrement un piquant pour créer un pli de peau. Chlorure de sodium, Ringer Lactate et glucose isotonique à 5 % peuvent être utilisés, à raison de 50 à 100 ml/kg/j. Les injections intramusculaires s’effectuent dans le muscle orbiculaire, facile d’accès lorsque l’animal est en boule : il se trouve à la jonction entre poils et piquants, tout autour du corps. Les injections intraveineuses et la pose d’un cathéter sont délicates et impossibles si l’animal est en état de se mettre en boule.

L’administration de médicaments par voie orale est souvent malaisée. Si le hérisson est coopératif, il est possible de lui faire avaler un produit liquide ou pâteux en glissant une seringue sur le côté de la bouche. Elle est appuyée doucement sur les dents et il suffit d’attendre qu’il la morde (voir photo 1). S’il refuse ou se met en boule, la solution est de mélanger le produit à la nourriture (à condition qu’il s’alimente), mais cette voie est assez aléatoire, le hérisson pouvant dédaigner la nourriture traitée. Dans ce cas, la voie injectable est indispensable.

Lors de suture de plaie, les zones de tension créées par l’état en boule sont à évaluer

En cas de plaie, les marges doivent être dégagées le plus largement possible, notamment pour évaluer l’extension des myiases, le cas échéant. Lorsque la peau est endommagée, les piquants tombent en général quasiment d’eux-mêmes. Si ce n’est pas le cas, il est illusoire de vouloir les arracher : ils sont solidement ancrés sous la peau par une base arrondie. Il faut les couper à ras avec des ciseaux forts. Toutefois, ils ne repousseront pas comme des poils : les piquants se renouvellent régulièrement, et un autre piquant prendra la place de celui qui a été coupé après quelques semaines. Si une suture est nécessaire, il faut tenir compte de sa localisation par rapport à la tension exercée lorsque le hérisson se met en boule : il est indispensable de réaliser des points simples sur plusieurs plans si la plaie est dorsale.

Une anesthésie générale est indispensable pour avoir un accès veineux

L’euthanasie peut être nécessaire si l’état de l’animal est dégradé. Elle est recommandée dans les cas suivants : atteinte respiratoire sévère avec dyspnée intense, jetage muco-purulent et mauvais état général ; plaies cutanées étendues avec myiases ; fracture nécessitant une amputation haute ou qui concerne plus d’un membre.

L’euthanasie est obligatoirement réalisée sous anesthésie générale (sauf chez les animaux comateux). L’accès veineux le plus aisé est la veine cave craniale. Le hérisson est maintenu déroulé sur le dos, tête tendue et pattes le long du corps. L’aiguille (23 G pour un hérisson adulte) est introduite au-dessus des clavicules, décalée de 1 cm par rapport à la ligne médiane du corps, inclinée à 45° en direction de la hanche opposée (voir photo 2). Cette voie peut également être utilisée pour des prises de sang.

La coproscopie et la radiographie sont des examens informatifs

Des examens complémentaires simples peuvent être réalisés à la clinique et aident à orienter le diagnostic.

Une coproscopie permet souvent la mise en évidence d’œufs de capillaires, qui ressemblent chez le hérisson à des œufs de trichures (ovoïdes avec deux bouchons polaires saillants). Le tableau clinique oriente vers l’origine des capillaires : toux et dyspnée dans le cas de capillaires respiratoires (fréquents), diarrhée et perte de poids lors de capillariose digestive. Une coproscopie par flottation peut parfois mettre en évidence des petites larves de nématodes du genre Crenosoma, responsables également de troubles respiratoires(1).

La radiographie ne peut se faire que sous anesthésie générale, puisqu’elle nécessite de dérouler le hérisson. Une anesthésie flash à l’isoflurane est la plus sûre. Pour une incidence de corps de profil, il ne faut pas hésiter à bien tirer le manteau de piquants, lâche lorsque l’animal dort, au-dessus du dos, afin de limiter la superposition des images des piquants avec les organes (voir photos 3 et 4). La radiographie permet souvent de mettre en évidence une opacité pulmonaire, liée à une pneumonie clinique ou à des séquelles de pneumonie, notamment vermineuse.

Une prise de sang peut être réalisée à la veine cave craniale. Cependant, les paramètres hématologiques du hérisson évoluent avec la saison (en lien avec l’hibernation) et les normes publiées sont souvent variables.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1412-1413, pp. 32-33 : « Plus de 80 % des hérissons adultes sont porteurs de parasites respiratoires ».

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