Le portage d’E. multilocularis chez le renard s’étend vers l’ouest - La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010

Académie vétérinaire. L’échinococcose en France

Actualité

Auteur(s) : Michel Bertrou

43 laboratoires départementaux vétérinaires s’accordent sur une méthode simplifiée de dépistage.

Une étude, commanditée par l’Entente rage et zoonoses (ERZ)(1), établit la prévalence de l’échinococcose chez les carnivores sauvages en France. Natacha Woronoff-Rehn, directrice du laboratoire vétérinaire du Doubs, en a présenté les résultats lors de la séance de l’Académie vétérinaire du 4 novembre. Pour ce travail, notre consœur a mis au point une méthode simplifiée de dépistage du portage d’Echinococcus multilocularis chez le renard, avec le concours de l’Association des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses (Adilva).

La méthode validée affiche une fiabilité de 99,04 %

Jusqu’aux années 2000, la présence du parasite sur le territoire français reste mal connue, notre pays manquant d’une structure capable de fédérer les données. Après l’apparition de cas humains d’échinococcose dans l’Orne, la Manche et le Calvados, l’ERZ a financé une étude sur l’état du risque de cette zoonose parasitaire dans les quarante-trois départements français qu’elle regroupe (voir carte).

L’évaluation de 2005 (à partir de tests Elisa et PCR effectués sur des prélèvements de fèces de renards) n’a pas conduit à des résultats probants et la situation est restée sous-estimée. Le piégeage ou l’abattage d’une centaine de renards par département a donc été décidé pour permettre d’effectuer un dépistage direct de la présence d’échinocoque dans le tube digestif. L’analyse (par dissection de l’intestin, puis comptage au microscope du culot de sédimentation) s’annonçant longue (jusqu’à six heures par animal) et coûteuse (entre 50 et 100 €), l’Adilva a chargé le laboratoire du Doubs de trouver une méthode simplifiée pour déterminer la présence ou l’absence du parasite. Afin d’éviter de devoir examiner tout l’intestin, Natacha Woronoff-Rehn et ses collaborateurs ont cherché à en identifier une portion qui soit suffisamment représentative de l’infestation. Le protocole qu’ils ont finalement mis au point permet de réduire de 3/5e le temps d’analyse et le coût à 30 €. Il consiste à séparer l’intégralité de l’intestin en cinq parties égales, d’analyser le quatrième segment (représentatif à 94 %) et, dans le cas d’absence du parasite, d’analyser ensuite le premier segment (représentatif à 66 %). Cette méthode, qui s’est avérée fiable à 99,04 %, a été validée par l’ERZ et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Elle a permis, à partir de prélèvements datant de 2007, d’établir la première carte de prévalence départementale de l’échinococcose en France (voir ci-contre). Incomplète, car ne concernant que les départements membres de l’ERZ, elle confirme néanmoins la grande distribution du parasite et son extension vers l’ouest. Elle souligne l’importance d’étendre les mesures de prévention (précautions d’hygiène, vermifugation des chiens au praziquantel) aux zones non considérées comme à risque jusqu’à maintenant. La diffusion de l’information auprès du grand public, notamment via les vétérinaires, reste essentielle.

  • (1) La compétence principale de cet établissement public interdépartemental est la lutte contre les maladies transmises à l’homme par la faune sauvage. Voir son site : http://www.ententeragezoonoses.com

  • (2) Réseau soutenu pas l’Institut national de veille sanitaire.

  • (3) Voir le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), hors série du 14/9/2010, pp. 21-24, à l’adresse http://www.invs.sante.fr/beh/2010/hs/beh_hs.pdf.

La zoonose pourrait gagner les zones périurbaines

Chez l’homme, Echinococcus multilocularis est responsable de l’échinococcose alvéolaire, due au développement de la larve dans le foie. Cette zoonose est rare, mais mortelle à plus de 90 %. Son cycle normal est sylvatique. Les œufs du parasite sont éliminés par des carnivores sauvages (ou domestiques) qui se sont infestés en se nourrissant de petits rongeurs porteurs du ver. L’homme, cul-de-sac épidémiologique, se contamine soit indirectement par la consommation de fruits ou de légumes souillés par les déjections, soit directement au contact de renards ou de chiens (voire de chats) parasités, porteurs d’œufs sur leur pelage.

Entre 1982 et fin 2009, 417 cas d’échinococcose alvéolaire humaine ont été recensés par le réseau FrancEchino(2), avec une moyenne de 15 nouveaux par an. 60 % des cas sont concentrés dans 5 départements (Doubs, Haute-Saône, Jura, Vosges, Haute-Savoie). L’incidence annuelle y est huit fois supérieure à la moyenne nationale (0,26 cas pour 100 000 habitants). Au cours des dernières décennies, les médecins ont constaté une extension de la zone d’endémie vers le Massif Central(3). La mobilité accrue des populations et le délai important entre la contamination et les premiers symptômes (entre 5 et 15 ans) rendent cependant possibles son diagnostic hors des régions d’endémie. L’accroissement des effectifs de renards et leur implantation dans les zones périurbaines laissent présager une augmentation et une extension géographique de la maladie dans les années à venir.

M. B.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr