La recherche en épidémiologie combine le travail en réseau, l’élevage et la diplomatie - La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1428 du 03/12/2010

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Ploufragan (Côtes-d’Armor)

Éclairage

UNE JOURNÉE À…

Auteur(s) : Catherine Cavarait

L’unité qui se consacre au porc jongle ainsi avec l’épidémiologie, les mathématiques appliquées, la virologie, la bactériologie, la physiopathologie, les protocoles expérimentaux et le savoir-faire de l’éleveur.

Une journée à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ex-Afssa) de Ploufragan dépoussière le cliché du chercheur solitaire, enfermé dans sa bulle et qui travaille toute une vie sur son projet. Au sein de l’unité d’épidémiologie et de bien-être du porc (UEBEP), le rythme est soutenu. Un programme de recherche dure au maximum trois ans. Les chercheurs n’y travaillent pas seuls, mais en équipe et en réseau, et leurs thèmes de recherches sont directement ancrés sur les besoins de la filière porcine. A ce titre, la connaissance de l’élevage porcin in situ est l’adage de cette unité de recherche appliquée. « Dans notre service, tout le monde est allé visiter un élevage de porcs, y compris les secrétaires. Il faut savoir ce qu’est un cochon ! » François Madec, le chef d’unité, a le regard pétillant lorsqu’il décrit l’équipe qu’il dirige. Sous son égide, deux vétérinaires, deux ingénieurs, trois techniciens, un doctorant, un secrétaire et quatre stagiaires combinent l’épidémiologie, les mathématiques appliquées, la virologie, la bactériologie, la physiopathologie, les protocoles expérimentaux et le savoir-faire de l’éleveur. Les chercheurs ont pour mission d’aller vers des sciences qui ne sont pas les leurs. « C’est là où nous pouvons gagner de la connaissance, en découvrant d’autres disciplines », explique Gilles Salvat, qui cite en exemple le travail de l’UEBEP avec les chercheurs des sciences humaines et sociales pour comprendre les raisons qui président aux usages des antibiotiques.

L’association des compétences peut être magique

Notre confrère Nicolas Rose décrit avec enthousiasme son duo avec le mathématicien Mathieu Andraud. Lorsqu’il est arrivé en 2005 dans l’unité, avec un DEA de mathématiques appliquées, ce dernier avait l’expérience de la modélisation des bouchons routiers. Ses derniers souvenirs de biologie dataient de la classe de seconde et il ne connaissait ni l’élevage de porc ni les virus. Récemment habilité à diriger les recherches, Nicolas Rose encadrait une première thèse, avec pour sujet la modélisation de la dynamique d’infection intratroupeau du circovirus porcin de type 2. « La problématique biologique doit être comprise par le mathématicien. Lui veut simplifier les choses, or la variabilité est inhérente à la biologie.

Il doit s’initier à la virologie, comprendre la dynamique des populations d’un élevage naisseur-engraisseur. Et pour nous, les mathématiques appliquées ne sont pas appliquées du tout ! », se souvient notre confrère. Par nature, l’épidémiologie comporte plusieurs valences. De ce fait, tous les projets sont menés en commun avec les autres unités de l’Anses. Dans le cas présent, Béatrice Grasland, de l’unité de génétique virale et de biosécurité, a apporté ses compétences de virologiste. « C’est un triangle magique lorsque cela fonctionne bien, explique Nicolas Rose. La thèse a été soutenue en 2008 et ce travail a fait l’objet de quatre publications. »

A priori, un chercheur est curieux et ouvert. Mais comment devenir très pointu sans s’enfermer dans sa spécialité, comment prendre de la hauteur Sur le site de Ploufragan, toutes les deux ou trois semaines, une conférence scientifique est organisée. La première demi-heure est consacrée à la conférence, la seconde aux questions. Vingt-cinq à trente-cinq personnes, sandwich à la main, viennent débattre, entraîner leur curiosité, élargir leur horizon.

Les chercheurs évoluent dans un contexte incertain

Les missions de Nicolas Rose évoluent vers moins de recherche et plus d’administratif. Il consacre actuellement un mi-temps à la rédaction de projets en vue de leur financement. « Nous jetons nos filets, mais ne sommes jamais certains de ramasser quelque chose. Nous sommes confrontés à l’incertitude. Les demandes actuelles conditionnent ce que nous ferons dans deux ans, dans un contexte exigeant où les échéances sont de plus en plus courtes », explique notre confrère. Cette anticipation des besoins de demain n’est possible que si des liens de confiance et de respect sont entretenus avec les professionnels de la filière.

Dans le même temps, les besoins peuvent être immédiats, comme en 1996, lors de l’émergence de la maladie d’amaigrissement du porcelet. L’UEBEP a alors stoppé les recherches en cours pour se consacrer entièrement à cette affection. La mobilisation des fonds propres de l’Anses a permis de lancer les premières études.

La polyvalence n’est pas spécifique à l’exercice professionnel des chercheurs, l’activité des trois techniciens de l’UEBEP ne se limite pas aux prélèvements et au traitement des échantillons. Ils ont la responsabilité d’une étude et chacun a développé un domaine pour lequel il est référent. « Cette organisation motive et responsabilise, témoigne Gilles Salvat. Nous avons besoin de gens qui ont compris et peuvent avoir des idées. »

L’équipe de l’UEBEP

• François Madec est le chef d’unité et le sous-directeur du Laboratoire d’études et de recherches avicoles, porcines et piscicoles (Lerapp, Anses de Ploufragan), chargé de la filière porcine.

• Nicolas Rose (N 94), chef d’unité adjoint, a développé des compétences dans le domaine de la modélisation. Il dirige actuellement des recherches sur l’hépatite E chez le porc et le circovirus porcin.

• Christelle Fablet, ingénieur de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers, étudie les liens entre l’environnement et la santé.

• Stéphanie Bougeard, ingénieur agronome, est biostatisticienne. Elle développe de nouvelles méthodes d’analyses et apporte un soutien méthodologique aux autres unités de l’Anses.

• Claire Chauvin (T 97) étudie l’évolution de l’antibiorésistance dans les filières porcines et avicoles.

• Eric Eveno, technicien, est spécialisé dans la grippe porcine.

• Florent Eono, technicien, a pour domaine l’épidémiologie.

• Virginie Dorenlor est technicienne et référente pour l’hépatite E.

• Virginie Le Caër est la secrétaire du service.

• Mathieu Andraud est mathématicien.

C. C.
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