Le hérisson d’Europe est le mammifère sauvage le plus souvent accueilli chez les vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010

Prise en charge et conduite à tenir

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Florine Popelin*, Gilbert Dubois**

Fonctions :
*chargée de consultation au Centre d’accueil de la faune sauvage de l’école d’Alfort.
**bénévole au Sanctuaire des hérissons.

Un peu de patience suffit en général à le dérouler, mais une anesthésie est souvent obligatoire pour un examen complet.

Le hérisson est le mammifère le plus accueilli dans les centres de sauvegarde de la faune sauvage, le plus présenté aux vétérinaires et sur lequel ils sont fréquemment questionnés.

L’ordre des Erinaceomorphes regroupe toutes les espèces de hérissons, dont le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus), seul présent à l’état sauvage en France (voir photo 1). Le hérisson à ventre blanc (Atelerix albiventris, voir photo 2), originaire d’Afrique, peut être présenté en consultation en tant qu’animal de compagnie. Le hérisson d’Europe est strictement protégé, personne ne peut donc s’en prétendre propriétaire et les soins ne doivent être effectués que dans un objectif de retour à la nature. Le vétérinaire peut traiter les cas bénins, réaliser les premiers soins sur les cas graves pour, ensuite, transférer l’animal vers un centre de sauvegarde pour un traitement à long terme.

Un carnivore opportuniste à tendance omnivore qui hiberne

Le hérisson est caractérisé par la présence de piquants (poils modifiés constitués de kératine) sur toute la partie supérieure du corps. Des muscles pilo-érecteurs développés lui permettent de hérisser ou de rabattre ces piquants, alors qu’un puissant muscle annulaire, le muscle orbicularis, referme la boule comme le cordon d’une bourse, rendant inaccessibles tête et ventre (voir photo 3).

Le hérisson est un carnivore opportuniste à tendance omnivore : gros insectes, chenilles, vers de terre, mollusques, batraciens, reptiles, voire jeunes rongeurs, oisillons, charognes, fruits de saison et champignons constituent son régime.

Il hiberne quand la température ne dépasse plus 15 °C, soit d’octobre à mars ou avril. Sa léthargie est entrecoupée de réveils et de remontées en température, brèves (quelques heures) mais fréquentes (environ une fois par semaine). Dans le Sud, au plus fort de l’été, une estivation est parfois observée.

Tout hérisson observé hors de son nid en plein jour nécessite une prise en charge

Comme le hérisson est un animal strictement crépusculaire et nocturne, l’observer dehors en plein jour est anormal et doit motiver son recueil.

En revanche, un hérisson ou une portée de jeunes hérissons trouvés dans un nid (tas de feuilles ou de bois), de jour comme de nuit, ne devront pas être ramassés, mais immédiatement remis en place.

Le ramassage de jeunes par les particuliers est la première cause de recueil : ramassage intempestif au printemps d’animaux considérés (à tort ou à raison) comme orphelins, et ramassage à l’automne de jeunes issus de portées tardives, qui n’ont pas atteint les 700 g indispensables pour survivre à l’hibernation et qui recherchent leur nourriture en plein jour.

En été, les plaies et les fractures sont fréquentes (morsures de chien, débroussailleuses, etc.) et souvent compliquées de myiases impressionnantes à l’installation très rapide. La présence d’asticots est un facteur pronostique péjoratif, les dégâts tissulaires qu’ils occasionnent étant souvent majeurs et irréversibles.

Les collisions routières et les intoxications par les pesticides (principalement les anti-limaces), deux causes majeures de leur mortalité, sont rarement des causes de recueil, l’animal étant le plus souvent mort avant d’être pris en charge.

Un examen clinique complet exige de dérouler le hérisson

La contention du hérisson est facile et ne nécessite que des gants de cuir souple. Elle est non dangereuse, car les morsures sont rares et peu douloureuses. Les gants permettent de se protéger également contre les zoonoses (teigne notamment).

Si les animaux affaiblis et les jeunes se laissent manipuler facilement, la plupart des hérissons se présentent sous la forme d’une boule de piquants impossible à examiner ! Cette position n’est pas fatigante pour le hérisson qui peut la tenir pendant plusieurs heures. Le plus simple est de le laisser tranquille et d’attendre, en général quelques minutes, qu’il se déroule de lui-même. Il est également possible de stimuler le déroulement en lui “caressant” vigoureusement le dos. Cependant, cela ne permet qu’un examen succinct et à distance, le hérisson se remettant en boule au moindre contact.

L’anesthésie générale est souvent nécessaire pour un examen clinique complet. Une anesthésie flash à l’isoflurane est alors privilégiée : elle est induite en enfermant l’animal dans une boîte à induction ou en glissant le tuyau d’arrivée de gaz dans le creux de la boule au moment où le hérisson se replie, ce qui l’emprisonne malgré lui juste en face de son nez (voir photo 4) !

L’examen clinique est similaire à celui de tout mammifère. Une attention particulière doit être portée à l’appareil respiratoire, les hérissons étant souvent atteints de parasitisme pulmonaire, principalement les jeunes avant l’hibernation(1). Les infestations par des parasites externes sont fréquentes et souvent massives (tiques, puces spécifiques, Archeopsylla erinacei, mais également communes avec les carnivores domestiques).

Un hérisson adulte pèse autour de 1 kg, mais ce poids peut aller de 400 g à la sortie d’hibernation à plus de 1,5 kg à l’entrée en hibernation. Sa température normale est de 35 °C, elle est beaucoup plus basse lors de l’hibernation (autour de 15 °C). La déshydratation est évaluée par la tonicité des piquants, qui doivent revenir rapidement à leur place lorsqu’ils sont aplatis.

Le sexage est aisé chez les adultes : le mâle présente un fourreau placé au milieu du ventre, visible même lorsque l’animal est incomplètement en boule ; la vulve de la femelle est proche de l’anus (voir photos 5 et 6).

La maintenance du hérisson captif est assez aisée

Dans la mesure du possible, les hérissons doivent être hospitalisés dans une pièce isolée des animaux domestiques. Une caisse de transport pour chat ou une cage pour rongeur convient parfaitement, avec du papier journal, renouvelé souvent, en guise de litière. De la pâtée ou des croquettes pour chat seront mises à sa disposition. Des aliments de renutrition (Fortol®, Hill’s a/d®, NutriPlus Gel®) peuvent être proposés ou donnés à la seringue les premiers jours.

Les jeunes sont assez aisément élevés à la main, avec un faible risquedefamiliarisationà l’homme. Du lait en poudre pour carnivore domestique peut être utilisé (Royal Canin®, Biocanina®, éviter le lait TVM® qui provoque des diarrhées). A défaut, pour les premiers jours, du Fortol® peut faire office de lait.

Le lait est donné lentement à la seringue. Les jeunes ouvrent les yeux et leurs premières dents apparaissent vers l’âge de quinze jours, ils sont sevrés dans la nature environ deux semaines plus tard. En captivité, le lait peut être lapé dès le poids de 80 à 100 g, des croquettes pour chaton mises à disposition dès 150 g. Ensuite, le sevrage est rapide (voir photo 7).

Les hérissons sont casaniers, l’idéal est donc de les relâcher sur le lieu de leur découverte : ils reconnaîtront leur territoire, même après plusieurs semaines d’absence, et retrouveront facilement leurs nids et leurs sites de nourrissage. Le relâcher du hérisson ne peut se faire que pendant la belle saison. Les jeunes ne doivent pas être relâchés s’ils pèsent moins de 600 g. A partir des mois d’octobre ou novembre, tous les hérissons reçus en soins devront être gardés tout l’hiver : il faut donc les transférer à un centre de sauvegarde qui suivra leur hibernation.

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1412-1413 des 2-9/7/2010 en pages 32-33.

Le Sanctuaire des hérissons : un réseau bénévole

Le Sanctuaire des hérissons est un centre de sauvegarde situé à Fouencamps, dans la Somme. En plus des soins réalisés au centre, un accueil téléphonique, assuré par des bénévoles, permet de diriger éventuellement les découvreurs de toute la France vers des vétérinaires possédant des connaissances en faune sauvage.

La mission du centre est la sauvegarde du hérisson et la sensibilisation du public à la préservation de cette espèce. De nombreuses informations sont disponibles sur son site Internet : www.herisson.nom.fr

F. P. et G. D.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr