Réponse du GTV Bourgogne à Hervé Estival(1)

Le GTV Bourgogne ne peut rester muet devant les propos simplistes du praticien Hervé Estival : « Le colisage est un vrai plus en rurale. » La prose idyllique du vétérinaire Estival sur les bienfaits du colisage nous a laissés pantois : méthode Coué, désinformation ou provocation, quoi qu’il en soit, les responsables administratifs, sanitaires et professionnels, ainsi que les lecteurs de La Semaine Vétérinaire, doivent savoir que le constat sur le terrain, loin de cette description dijonnaise, est déjà catastrophique, alors que nous n’en avons pas encore vu toutes les conséquences.

Il parle de la « livraison du médicament » et de sa « disponibilité » comme s’il s’agissait d’un banal produit de vente par correspondance. Nous ne pouvons que nous élever contre ces propos. C’est une véritable banalisation du médicament, bien éloignée de nos habitudes de prescription et de délivrance.

En Bourgogne, grande région d’élevage, les vétérinaires libéraux ruraux ou mixtes se sont organisés, au sein de leurs entreprises, pour répondre au mieux aux attentes de leurs éleveurs. Ainsi, ils sont disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre et trois cent soixante-cinq jours par an pour « le traitement de leurs urgences, des maladies individuelles et des affections de groupe ». Grâce à leur connaissance de l’élevage, ils sont les mieux placés pour mettre en place les actions préventives ; c’est tout l’esprit du décret prescription-délivrance.

Dans ce contexte, le colisage n’est pas « un vrai plus », mais doit rester marginal, avec des procédures rigoureuses permettant au vétérinaire de le pratiquer dans un cadre légal de prescription-délivrance du médicament. Le vétérinaire choisira le contact direct avec ses éleveurs pour la distribution des médicaments d’autant plus aisément que sa présence est régulière dans les élevages suivis.

Nous avons tous, dans les élevages, des difficultés diagnostiques et thérapeutiques, mais ce confrère, depuis Dijon, en ayant passé une heure par an, au mieux, dans l’élevage, prétend résoudre tous les problèmes ? Et ce sont ses conseils qui, en premier lieu, attirent les clients ?

A l’heure où le vétérinaire rural, dont le cœur de métier était la santé animale, devient un acteur de la santé publique, de la sécurité sanitaire des aliments et de la préservation de l’environnement, les dérives du colisage deviennent un véritable danger.

Par leurs pratiques sur le terrain, les vétérinaires affairistes découragent les praticiens en place et les jeunes. Le tissu vétérinaire local va disparaître. Les urgences chirurgicales et médicales ne trouveront comme issue que l’euthanasie. En revanche, pour les urgences sanitaires de type fièvre aphteuse, fièvre catarrhale ovine, tuberculose, que propose notre confrère depuis ses bureaux de Dijon ?

L’urgence, car il y en a, n’en déplaise à ce confrère, est donc de faire appliquer la loi : la prescription hors examen clinique est réservée au vétérinaire traitant qui assure les soins réguliers dans l’élevage et qui respecte les quotas d’animaux attribués à ses soins.

Responsables professionnels, responsables sanitaires, responsables politiques au travail : faites respecter la loi avant que l’article « Elevé au médoc » paru dans Le Canard Enchaîné ne fasse la une du Figaro et du journal télévisé.

Bureau du GTV Bourgogne

• (1) A la suite du forum paru dans La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/9/2010 en page 9 : « Que pensez-vous du colisage des médicaments vétérinaires ? »