La stérilisation précoce des chatons est plébiscitée pour éviter les abandons

L’avenir du chaton et « la première année, clé de la médicalisation » sont les thèmes abordés lors du dernier congrès de la Société française de félinotechnie (SFF), section vétérinaire, qui s’est déroulé à Lyon du 5 au 7 novembre dernier. La spécificité de ce rendez-vous annuel vient de la « particularité de la dimension affective du chat et des relations que le vétérinaire qui se dédie à cet animal tisse avec lui. La prise en compte de l’affect et l’empathie du praticien sont, dans ce domaine, extrêmement développées », a souligné notre confrère Bernard Paragon, président de la SFF.

C’est pourquoi cette manifestation propose une approche essentiellement pratique et parfois moins technique que d’autres congrès consacrés à la médecine des petits animaux. Cependant, le praticien félin y trouve des informations qui ont une application directe dans sa pratique courante, le tout dans une ambiance détendue qui offre l’occasion de nombreux échanges avec les spécialistes.

La clipnose est une technique de contention douce

Notre consœur britannique Rachel Casey (université de Bristol, Royaume-Uni) a mis en avant l’importance de la connaissance de l’éthologie féline dans la gestion du chat. Elle a été relayée par d’autres conférenciers qui ont montré, par de multiples astuces, de la cage de transport (plutôt souple) à la conception de la salle d’attente (séparée des chiens) en passant par la contention douce et la gestion des odeurs (chiens, solvants, matières organiques, etc.) et aux aménagements des cages d’hospitalisation, comment réduire au maximum le stress du chat en consultation, dans un objectif de pérennité de la médicalisation de ces animaux.

Dans cette optique, la clipnose (présentée par notre consœur Anne-Claire Gagnon) est une méthode de contention douce, via la mise en place d’une ou deux pinces (à linge ou à dessin) sur la peau du cou du chat. Cette technique permet d’immobiliser le chat, qui abaisse son avant-main, voire qui tombe en décubitus sterno-abdominal ou latéral. Le vétérinaire peut alors pratiquer des injections, des ponctions veineuses ou des examens complémentaires sur un animal détendu. Cette technique protège non seulement l’animal, mais également l’équipe vétérinaire qui le soigne.

La stérilisation précoce garantit des bénéfices médicaux pour tous les chats

Les avantages de la stérilisation précoce des chatons, de sa clientèle mais surtout dans le cadre plus général de la protection animale, ont été développés par Brenda Griffin (université de Floride, Etats-Unis). Les études ne montrent pas de différence significative lorsqu’elle est pratiquée à l’âge de deux mois ou après six mois, ni par rapport à l’apparition des effets secondaires classiques de la stérilisation chez le chat (obésité, infection du tractus urinaire, autres effets à long terme), ni au niveau d’effets délétères supplémentaires sur la croissance.

Au cours de l’anesthésie du chaton, l’hypoglycémie et l’hypothermie doivent faire l’objet d’un suivi attentif : jeûne très court en phase de préanesthésie (un quart de la ration deux à quatre heures avant) et réalimentation rapide dès que l’animal est debout (sirop de glucose et repas au bout d’une à deux heures), couvertures et bouillottes a minima. La technique chirurgicale est identique. La manipulation des tissus doit être douce et est facilitée par le peu de graisse présente chez le chaton.

Par ailleurs, une technique innovante⁽¹⁾ de stérilisation a été proposée. Pratiquée depuis trente-cinq ans aux Etats-Unis, elle consiste à nouer les cordons spermatiques ou les pédicules vasculaires, le nœud étant sur le cordon, sans fils. Cette technique, applicable uniquement dans l’espèce féline, permet de gagner 40 % sur le temps de réalisation de l’ovariectomie.

Au final, la stérilisation précoce garantit des bénéfices médicaux pour tous les chats. Elle évite tout retard qui pourrait être à l’origine d’une portée non voulue et donc abandonnée. Elle est également l’occasion de proposer aux futurs propriétaires des chatons “clés en main”, c’est-à-dire identifiés, vaccinés et stérilisés.

• (1) La technique est expliquée sur le site http://humanealliance.org. Voir aussi le polycopié et le DVD en vente auprès de la SFF (50 €).