Quatre génériques concurrencent Excenel® RTU avec des stratégies différentes

Le 16 octobre 2010, à minuit, le brevet d’Excenel® RTU tombe. La suspension injectable de chlorhydrate de ceftiofur (50 mg/ml) destinée aux bovins et aux porcs, développée historiquement par Upjohn puis aujourd’hui par Pfizer, n’est plus unique. Quatre génériques sont d’ores et déjà sur les rangs pour la concurrencer avec des stratégies bien différentes.

Dès le 16 octobre, deux laboratoires présentent rapidement leurs produits dans la presse vétérinaire : Hipra qui lance Eficur® et Virbac avec Readycef®. Quelques jours plus tard, Pfizer annonce ses nouvelles stratégie et organisation. Pour lutter contre l’arrivée des génériques sur son “princeps”, il a décidé de lancer son propre générique : Truleva® RTU. C’est la première fois qu’un laboratoire vétérinaire commercialise en parallèle un princeps et un générique avec la même molécule. « Nous ne nous interdisons pas de faire ce que nos concurrents font », souligne Daniel Denaud, directeur France de Pfizer.

Les stratégies d’Hipra (encore nouveau-né en France), de Virbac (dont la gamme comprend déjà une vingtaine d’antibiotiques injectables, pour la plupart de « première génération ») et de Pfizer sont évidemment fort différentes.

Enfin, Vétoquinol annonce, au moment où nous mettons sous presse, le lancement de son générique Ceftiocyl® « 100 % français ».

Le délai d’attente lait permet de livrer la laiterie pendant le traitement

Du côté des résumés officiels des caractéristiques des produits (RCP), les écarts observés entre eux ne sont souvent que rédactionnels ou historiques. En particulier, le temps d’attente lait de « zéro jour », qui a fait en grande partie le succès de la gamme Excenel® dans la filière lait, est une caractéristique commune à tous les génériques. Ce temps d’attente nul permet de livrer la laiterie pendant le traitement, sans risque de détection de résidus inhibiteurs, sous réserve toutefois de la qualité microbiologique du lait issu de la vache traitée.

Une suspension plus fluide, plus stable et un gros flacon Eficur® de 250 ml

Pour Denis Catinaud, en charge du lancement d’Eficur®, le laboratoire espagnol Hipra ne doit pourtant pas être rangé parmi les fabricants de génériques à bas coût. Sa stratégie est le développement de vaccins, non celui de génériques. Les vaccins représentent d’ailleurs 60 % de son chiffre d’affaires de cent millions d’euros. Néanmoins, l’implantation de la filiale française s’appuie encore aujourd’hui sur le lancement de génériques européens afin de supporter le lancement de produits plus innovants, mais plus lents à installer, comme le vaccin Startvac® contre les mammites bovines.

Voulant conforter une image de qualité, Hipra met en avant les « atouts galéniques » de la formulation. La biodisponibilité est un peu différente, avec une demi-vie en phase terminale légèrement plus longue que celle du princeps : 18 heures chez les bovins au lieu de 11,5 heures pour le princeps, 23 heures chez les porcs (versus 17 heures). La formulation, qui reste une suspension injectable, est plus fluide, donc plus facile et plus rapide à injecter. En outre, la remise en suspension homogène après agitation tient plus longtemps, avec une vitesse de sédimentation plus lente. Hipra propose, en sus des flacons en 50 et 100 ml, une présentation en 250 ml dans une coque en plastique bleu pour éviter la casse.

Accompagner l’éleveur vers l’antibiothérapie raisonnée pour Virbac

Pour Virbac, il s’agit davantage de disposer d’une gamme d’antibiotiques injectables la plus complète possible, en proposant à la fois des antibiotiques de première génération (Shotapen®,Multibio®,Potencil®) et des molécules de dernière génération, l’enrofloxacine (Revoflox®) et, maintenant, le ceftiofur sous la marque Readycef® (en flacon de 100 ml). La démarche du laboratoire est donc d’accompagner les vétérinaires dans la promotion auprès de leurs clients éleveurs de « l’antibiothérapie raisonnée et éclairée » et des bonnes pratiques. Aujourd’hui, selon une enquête de Virbac auprès de 195 vétérinaires, seuls 10 % d’entre eux sensibilisent les éleveurs à une utilisation raisonnée des antibiotiques, plutôt que systématique. Pourtant, 60 % des praticiens rappellent aux éleveurs l’importance de l’observance (respect de la dose ou de la durée). Par exemple, Virbac propose aux confrères des réunions d’éleveurs autour des maladies du pied, afin de remettre à leurs clients des valises qui contiennent une rénette. Car, face à une boiterie, le premier réflexe devrait être de leveret « gratter » le pied, non de prescrire une antibiothérapie systématique par voie générale.

Pour Vétoquinol, il s’agit d’élargir sa gamme d’antibiotiques emmenée par Marbocyl® (marbofloxacine) comme marque phare.

Il y a donc autant de génériques que de stratégies.