Les étudiants vétérinaires sont-ils suffisamment sensibilisés aux débouchés des filières hors sol ? - La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010

Entre nous

FORUM

Valoriser un apprentissage pratique

Jean-Yves Jouglar, élevage et produits/santé publique vétérinaire, ENVT (Toulouse).

A Toulouse, nous sommes trois enseignants spécialisés dans le domaine aviaire et porcin, avec une bonne connaissance du milieu professionnel. Nous sensibilisons à ces filières tous les étudiants dès la 2e année, en essayant de valoriser un apprentissage pratique. Nous effectuons de nombreuses visites sur le terrain (exploitations agricoles, coopératives, structures libérales vétérinaires). Jean-Luc Guérin et Guy-Pierre Martineau emmènent également les étudiants au Space(1) de Rennes. Non seulement ils se montrent intéressés, mais leurs travaux pratiques dans ces domaines sont d’excellente qualité.

Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils vont choisir ces options à leur sortie de l’école. Mais à partir du moment où on leur montre en quoi consistent ces productions et quels sont leurs intérêts, certains pourront y revenir, en saisissant l’opportunité d’une proposition d’emploi. S’il y a actuellement davantage de postes que de candidats, je ne crois pas que c’est une question d’enseignement. L’agriculture est malade et les jeunes vétérinaires qui doivent s’adapter manquent énormément de visibilité.

Leur faire comprendre l’importance de ces productions

Catherine Belloc, médecine des animaux d’élevage, Oniris (Nantes).

Les étudiants ne sont sans doute pas assez ouverts aux filières organisées parce qu’ils ne les connaissent pas bien ou ont des a priori négatifs. Etant donné l’étendue du champ à embrasser et les contraintes de l’enseignement, qui ne peut y consacrer tout le temps nécessaire, rétablir l’image de ces productions et des vétérinaires qui y travaillent me semble l’objectif principal à viser à l’issue de la scolarité. Pour cela, nous devons faire comprendre aux étudiants l’importance de ces filières pour notre alimentation et montrer que leur gestion sanitaire présente des similitudes avec celle d’élevages plus familiers (bovins, petits ruminants). Il est également essentiel de leur faire rencontrer les acteurs du hors sol. A Nantes, après un enseignement théorique en 3e année et deux semaines de clinique en 4e année (une semaine porc/poisson, une semaine volailles/lapins), l’année de spécialisation en productions animales permet un parcours à la carte, incorporant une de ces filières. Si cela ne débouche pas forcément sur une orientation professionnelle dès la sortie, des étudiants nous disent l’envisager pour plus tard.

Développer plus de stages dans les filières hors sol

Karim Adjou, pathologie du bétail, ENVA (Maisons-Alfort).

Le problème est qu’au départ, aucun étudiant n’entre dans une école vétérinaire avec l’idée de faire de la pathologie aviaire ou porcine. A cet égard, il est intéressant de noter que ceux qui viennent se former en France et sont issus de pays émergents recherchent au contraire ces spécialités. Quand, en 2e année, nos étudiants découvrent ces filières grâce aux sorties que nous organisons, ils sont toujours favorablement surpris. Certains se disent même prêts à y travailler, si ces productions le permettent dans la région où ils se retrouveront.

La sensibilisation des étudiants serait sans doute améliorée si nous encouragions davantage les stages dans ces filières ou si nous faisions plus souvent venir ceux qui y travaillent pour en parler. En fin de cursus, nous proposons aux étudiants spécialisés en productions animales d’intégrer gratuitement la session du certificat d’études supérieures (CES) de pathologie aviaire que nous organisons tous les deux ans à l’école (trois étudiants sur quarante-quatre suivront la prochaine). Cette formation postuniversitaire a également l’avantage d’être concentrée sur quatre semaines, pour permettre à ceux qui sont déjà en activité de revenir la suivre.

Des chaires trop cloisonnées

Théodore Alogninouwa, santé et productions animales, VetAgro Sup (Lyon).

A Lyon, nous sommes partis d’une vieille tradition de “chaire de pathologie du bétail et des animaux de basse-cour” où l’enseignant de cette discipline est censé être compétent (pour ne pas dire spécialiste) aussi bien en pathologie des ruminants que des monogastriques. Cette position n’est plus tenable aujourd’hui. S’ajoute à cela un cloisonnement des “chaires” et le manque de concertation entre la pathologie, la zootechnie et la nutrition pour mieux sensibiliser les étudiants au hors sol.

Les choses bougent cependant : dans certaines écoles, des enseignants-chercheurs sont davantage dédiés à ces élevages dans leur globalité, qu’il s’agisse de zootechnie ou de médecine, de porc ou de volaille. Nous collaborons avec Toulouse. Cette évolution est inéluctable, car les vocations ne peuvent être suscitées que par la maîtrise et l’intérêt qu’un enseignant porte à ce domaine à travers ses propres activités. Celles-ci pourraient sans doute être encore davantage encouragées. Le certificat d’études supérieures (CES) d’Alfort ou le certificat d’études approfondies vétérinaires (CEAV) de Nantes ne peuvent que compléter la formation de ceux que le cursus initial aura préalablement motivés.

  • (1) Salon des productions animales – Carrefour européen.

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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