La saignée peut être utile lors de fourbure

La saignée, pratiquée par de nombreuses générations de praticiens, est un acte aisément réalisable sur le terrain, qui peut s’inscrire dans l’arsenal thérapeutique du traitement de la fourbure, particulièrement en phase aiguë.

La fourbure aiguë est une urgence qui nécessite la mise en place rapide d’un traitement en trois phases. Le volet étiologique vise à éliminer les bactéries Gram négatif et leurs endotoxines, via l’utilisation de laxatifs, d’absorbants lors de surcharge alimentaire, de lavages utérins lors de métrite septique. Le traitement hygiéniques’intéresse,lui,à l’environnement et au confort du cheval : il s’agit d’éviter l’aggravation des lésions et de soulager la douleur. Le cheval sera confiné dans un box garni d’une litière épaisse et amortissante. Il est éventuellement possible de faire un support avec de la mousse isolante ou du plâtre de Paris pour augmenter l’appui en fourchette et sur les talons, et ainsi soulager la sole en pince. Quant au traitement médical, il comporte également plusieurs axes : lutter contre la douleur et l’inflammation par l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et combattre les phénomènes vasculaires. Cela passe par le recours au froid sur les pieds – le seul système préventif effectivement prouvé scientifiquement consiste à mettre les quatre membres dans l’eau glacée – et par la saignée.

La saignée réduit la pression veineuse centrale et l’hypertension

Le rôle de la saignée n’est pas actuellement démontré scientifiquement. Des travaux montrent cependant que des chevaux fourbus présentent une hypertension qui favoriserait l’hypoxie. Si celle-ci n’est pas maîtrisée, des phénomènes graves de reperfusion peuvent se développer. La saignée abaisse la pression veineuse centrale et cette hypertension. Lors de lésions établies (hémorragies, œdème lors du désengrènement des lamelles), elle diminuerait l’œdème et la douleur en réduisant la pression dans la boîte cornée.

La saignée est à réaliser le plus tôt possible, avant même le désengrènement des lamelles, lors de la phase prodromique.

Après avoir tondu et désinfecté la jugulaire au milieu de l’encolure, la veine est repérée et une anesthésie locale est réalisée, par l’injection sous-cutanée de laocaïne. Une incision de la peau au bistouri facilite la ponction et aide au placement du trocart. Une fois celui-ci en place (^{voir photo}), la compression est conservée et le sang est recueilli dans un seau gradué. La quantité à prélever est d’un litre pour 100 kg. Puis une compression est effectuée pendant quelques minutes et l’incision est ensuite fermée par deux points.

Cibler l’utilisation de la saignée pour une amélioration des symptômes

La saignée en première intention est utile dans les cas de fourbure de parturition, associée aux lavages utérins. Elle peut être pratiquée préventivement, notamment chez les races lourdes ou dès les premiers symptômes de fourbure.

La saignée, selon l’auteur, peut être également utile dans les poussés inflammatoires des cas chroniques, entre autres chez les poneys souffrant de fourbure d’herbe, au printemps. Même dans ces cas, elle apporte toujours une amélioration significative des symptômes.

La saignée est un acte facile à réaliser et, sur le terrain, cet acte donne aujourd’hui satisfaction dans de nombreux cas. Elle n’est toutefois pas indiquée en cas d’endotoxémie et mieux vaux la pratiquer avant que la reperfusion du tissu podophylleux n’entraîne des dommages.

• Source : conférence présentée par Guillaume Covillault lors des Journées nationales des GTV 2010 à Lille.