Comment assainir et améliorer sa gestion financière à partir d’une bonne lecture du bilan ?

Trop d’agios versés à la banque ? Un endettement à long terme asphyxiant ? Une trésorerie dans le rouge ? La clé de la préservation du bénéfice passe par un certain nombre d’analyses et de décisions de gestion : un financement moins laxiste de l’activité, un rééquilibrage du haut de bilan, un suivi quotidien des entrées et des sorties d’argent…

Plus les affaires marchent, plus le dépôt de bilan menace ! Car les besoins en trésorerie augmentent avec la progression de l’activité. Faute d’anticipation, les nouveaux chantiers sont financés par un crédit bancaire à court terme très coûteux.

Pour améliorer sa gestion de trésorerie, quand les clignotants sont en rouge, trois leviers sont possibles : étoffer son fonds de roulement, réduire son besoin en fonds de roulement ou… négocier avec son banquier.

1 AUGMENTER SON FONDS DE ROULEMENT

Chercher à améliorer le haut du bilan est le meilleur réflexe pour réduire les besoins en trésorerie ou résorber une trésorerie structurellement négative. Trois éléments peuvent être la cause d’un fonds de roulement trop faible : un bénéfice en baisse en année n - 1 ; des prélèvements en année n supérieurs aux bénéfices de l’année n - 1 ; des mensualités d’emprunt élevées.

Plusieurs solutions sont alors à envisager :

– diminuer la distribution des bénéfices en anné en pour augmenter ses réserves (ce choix est toujours douloureux, même si un banquier fait davantage confiance à un dirigeant qui laisse de l’argent dans son affaire) ;

– augmenter ses bénéfices en développant son activité, en gagnant des clients, en réduisant ses charges, en achetant moins cher, etc. ;

– dans le cadre d’une entreprise individuelle, faire un apport de fonds personnels aux capitaux propres de l’entreprise ;

– dans le cadre d’une société, augmenter le capital, soit par de nouveaux apports des associés, soit en accueillant de nouveaux porteurs de parts ;

– négocier un nouvel échelonnement de sa dette avec son banquier ;

– revoir ses projets d’investissement à la baisse ;

– vendre un élément de l’actif immobilisé (les murs, du matériel, etc.) et le reprendre en location. Cela revient à transformer des charges financières en charges d’exploitation, mais permet de récupérer le capital.

2 RÉDUIRE SON BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT

Certains ajustements sont nécessaires sur le bas du bilan, en jouant sur trois leviers : les stocks, les crédits clients, les crédits fournisseurs.

• Les stocks : des stocks trop lourds proviennent soit d’une baisse, soit d’un pic d’activité (constitution de stocks). Autant d’argent qui ne circule pas et une précieuse trésorerie en moins. Il faut calculer la vitesse moyenne de rotation des stocks, exprimée en nombre de jours de stockage, et la comparer à la moyenne de son secteur d’activité.

• Le crédit clients : un crédit clients trop important peut venir d’une politique commerciale trop laxiste, qui fait du délai de paiement allongé un argument de vente, ou d’une mauvaise gestion dans la facturation et l’encaissement. Pour réduire le délai moyen de recouvrement des créances clients, il faut encaisser les chèques et renvoyer les traites à la banque dans la semaine de leur réception, suivre ses encours, consacrer un peu de temps régulièrement à la relance des impayés, vérifier sa position en banque tous les jours à la même heure, etc.

• Le crédit fournisseurs : le décalage entre les règlements des clients et ceux des fournisseurs est une source de financement à manier prudemment. La loi de modernisation de l’économie (LME) plafonne les délais de paiement à quarante-cinq jours fin de mois ou soixante jours date de facture.

3 MIEUX NÉGOCIER SON CRÉDIT À COURT TERME

La marge de négociation réside dans le plafond de l’autorisation de découvert, plus que sur le taux d’intérêt. Mieux vaut négocier un peu plus que nécessaire pour ne pas risquer de demander une rallonge tous les mois. En outre, il faut penser à placer ses excédents de trésorerie.

Comment savoir que l’on est trop endetté ? La réponse est dans le bilan, en calculant :

– son ratio d’endettement (dettes à long terme/ total des actifs). Il y a danger si ce ratio est supérieur à 80 % ;

– son ratio de capacité d’endettement (capitaux propres/dettes à long terme). Le ratio doit être supérieur à 1 (l’endettement à long terme ne doit pas être supérieur aux capitaux propres). Les banques, en général, ne veulent pas risquer plus de fonds que vous.

Quelques conseils pour maintenir un bon équilibre financier

Un fonds de roulement négatif peut être dû en grande partie à une politique de financement d’investissements. S’il est sain d’autofinancer une partie des investissements, il est prudent de réserver l’essentiel de sa trésorerie pour faire face aux besoins d’exploitation courants. Même en présence d’une trésorerie confortable, mieux vaut souvent financer les investissements à plus de 50 % par un emprunt, ou par un apport de fonds propres. C’est un moyen de préserver les équilibres financiers.

Il est primordial d’examiner avec soin l’évolution du besoin en fonds de roulement, d’où la nécessité de suivre les délais de règlement des clients et des fournisseurs, car un dérapage de quelques jours peut avoir des conséquences importantes sur la trésorerie. Si le besoin en fonds de roulement est insuffisamment couvert et pousse à recourir à des découverts bancaires croissants, il faut tout mettre en œuvre pour réduire les délais d’encaissement des créances et, à l’inverse, obtenir des délais de paiement plus importants de ses fournisseurs (même si, depuis la LME, la marge de manœuvre est réduite).